Après un plus ou moins long séjour à l’étranger où il était allé à la rencontre de ses compatriotes de la diaspora pour leur exposer son offre politique, le candidat du parti UNIVERS à l’élection présidentielle du 7 octobre, Cabral Libii, n’a pas eu à se tourner le pouce après son arrivée à l’aéroport international de Douala aux environs de 3 heures du matin dans la nuit de samedi à Dimanche. Un premier meeting à Edéa dans la matinée de dimanche, et un autre dans l’après-midi à Douala, ont pu donner la mesure de la capacité de cette figure à la fois montante et imposante du paysage politique camerounais.
A Edéa où la rencontre entre le prétendant au prestigieux fauteuil présidentiel et les populations se voulait un moment d’échanges, Cabral Libii s’est posé en chantre de la possibilité d’inversion du cours des choses, voire de l’histoire. «Je suis venu vous dire que ce qui était impossible est devenu possible», fera-t-il savoir à l’intention d’une foule surchauffée qui avait, pour assister au meeting, bravé les menaces de certains responsables de la ville qui, la veille déjà, avaient tenté de dissuader les populations de la “ville-lumière” de réserver un accueil digne de ce nom à l’opposant, leur instruisant plutôt d’assister massivement au meeting de lancement de la campagne électorale du président sortant, Paul Biya, sous la conduite d’une élite du département de la Sanaga-Maritime, Louis Yinda, Membre du Comité Central du Rdpc (parti au pouvoir) et Pdg de la principale société de production de sucre au Cameroun.
La foule présente au meeting de celui qui a rejeté le sobriquet de “Macron camerounais” que certains lui ont accolé en raison de sa jeunesse (38 ans) auquel il préférerait celui de “Ahmadou Ahidjo moderne”, a été estimée par certains spécialistes à près de 5000 personnes, ce qui est déjà un exploit monumental dans cette ville jadis héroïque, mais devenue frileuse depuis que les pontes locaux du parti de Paul Biya ont pris ses populations en otage par le truchement du chantage alimentaire.
Quelques heures plus tard, et 70 kilomètres plus loin, Cabral Libii se retrouvait à Douala, la capitale économique, où il devait présider en fin d’après-midi le meeting tant attendu et si redouté du stade Cité Cicam.
Le meeting en question avait été interdit par le sous-préfet de Douala 5ème, sous prétexte d’indisponibilité du site, alors que l’équipe de Campagne de Cabral Libii avait pris soin d’obtenir à prix d’argent l’utilisation dudit site, et ce d’ailleurs contre quitus dument signé par le propriétaire du site. Sous la pression de l’opinion publique qui a vu dans cet acte de l’autorité administrative une manigance pour brider l’activité de campagne d’un opposant au profit du candidat du parti au pouvoir, monsieur le sous-préfet a dû battre en retraite en levant son interdiction, tout en prenant le soin de ne pas médiatiser cette dernière action.
Si l’effet escompté était de laisser planer le doute sur l’éventualité de la tenue du meeting de monsieur Libii, c’est que le sous-préfet n’est pas arrivé à ses fins. Car dès le début de l’après-midi, c’est par centaines que les populations-ignorant pour la plupart que l’interdiction rendue publique quatre jours plus tôt avait été levée- ont commencé à converger vers le lieu dit Cité-Cicam, prêtes à affronter quiconque tentera par la force d’empêcher la tenue du meeting.
Au finish Cabral se retrouvera avec face à un auditoire de plusieurs milliers de personnes totalement acquises, et buvant comme du petit lait sa vision «d’un Cameroun qui protège et qui libère les énergies».
De l’avis de nombreux commentateurs, l’ambiance au stade Cité Cicam rappelait carrément celle de la campagne électorale pour l’élection présidentielle de 1992, quand John Fru Ndi, alors candidat de la coalition dite Union pour le Changement, levait les foules par dizaines de milliers à chacun de se meetings.
Autrement dit, le meeting de Cabral Libii hier à Douala aura permis aux Camerounais de se rappeler que malgré les obstacles qui ont la peau dure, le changement est toujours possible. Beaucoup pensent même que cette donne est à portée de main, si avant le scrutin, les candidats de l’opposition qui font foule, notamment les plus en vue d’entre eux, conviennent d’une plateforme consensuelle sur la base de laquelle ils se feront représenter par un seul de leurs pairs lors de la phase finale de cette épopée politique qui se joue le 7 octobre.
En attendant, que les candidats de l’opposition donnent davantatge aux Camerounais des raisons de croire en la possibilité du changement chacun fait son petit bonhomme de chemin, et plutôt avec une certaine fortune, comme l’illustrent les meetings de Cabral Libii qui appelle déjà à un grand rassemblement des fils du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, pour réparer les injustices de l’histoire du Cameroun pour une réconciliation totale.