Le héraut de la lutte anti-corruption au Cameroun qui tient à briller par son exemplarité a donné lundi, dans son quartier général de campagne à Yaoundé, une conférence de presse au cours de laquelle il a remis aux hommes et femmes de médias les documents relatifs à la déclaration de ses biens et à son état de santé.
C’est du jamais vu au Cameroun, un homme politique, ou tout simplement une personnalité publique, qui déclare ses biens, depuis la promulgation de la loi fondamentale du 18 janvier 1996 qui institue la déclaration des biens. Akere Muna, candidat du Front Populaire pour le Développement (FPD), a pourtant franchi lundi, la ligne rouge tacitement tracée par la loi mafieuse de l’omerta qui régit le fonctionnement des hauts responsables au Cameroun, en déclarant ses biens et en présentant un bilan de santé rassurant.
Dans les documents que la presse a obtenus de celui qui aspire à diriger le Cameroun après le scrutin présidentiel du 7 octobre, on peut lire l’attestation suivante, en ce qui concerne son état de santé :
« Me MUNA TABENG Akéré est né le 18 août 1952. Son état de santé, sans aucune particularité, est excellent. Il n’a fait l’objet, et ne fait l’objet d’aucun traitement ayant pu influer sur l’exercice des différentes fonctions et activités professionnelles qu’il a occupées. Cet état de santé excellent est attesté par le certificat médical. »
Les Camerounais peuvent donc être rassurés sur les capacités physiques de l’homme à diriger leur pays. Et même si l’on sait que l’état de santé d’un être humain peut décliner à un moment où il s’y attend le moins, et que cette occurrence ne doit ni faire l’objet ni de moquerie, ni être considérée comme une malédiction, les observateurs s’accordent à dire que la qualité de l’état de santé de Akere Muna (66 ans, pesant 106 kg et mesurant 1,80 mètres) pourrait bien changer les Camerounais des fréquents courts séjours (médicaux) privés en Europe auxquels ils sont habitués depuis quelques décennies.
Pour information, l’ancien Bâtonnier de l’Ordre des Avocats, qu’on appelle au Cameroun “le monsieur propre”, ou encore “le modèle d’humilité et d’intégrité” de la scène politique, longtemps même avant qu’il ait affiché ses intentions de descendre dans l’arène, exerce fréquemment es activités physiques et s’offre pour cela les services d’un coach particulier, question de garder la forme et rester actif.
Pour ce qui est de son patrimoine que le natif de la région pro-sécessionniste du Nord-ouest (mais quant à lui résolument camerounais et fédéraliste) a tenu à rendre publics en déclarant ses biens acquis entre 2005 et 2018, notamment pendant son passage à la direction de l’ONG de lutte contre la corruption Transparency International -dont il a fondé et présidé la branche camerounaise en 2000, et dont il a été le vice-président mondial à partir de 2005 jusqu’à sa démission en mars dernier dans le but de se consacrer entièrement à sa candidature à l’élection présidentielle-, on retient en substance que le fils de l’ancien président de l’Assemblée Nationale, feu Salomon Tandeng Muna, «ne détient ni en propre, ni par personne interposée, ni d’aucune autre manière, aucun intérêt au sein d’un opérateur économique national ou international. Il est l’administrateur de la succession de Feu Solomon Tandeng Muna (succession contentieuse) », qu’ « Il administre par ailleurs les indivisions successorales de Feu Daniel Muna (succession non encore liquidée) et de Feu Humphrey Muna (succession non encore liquidée) » et que « L’administration de ces successions étant bénévole ne génère au profit de Monsieur Muna Tabeng Akéré aucune rémunération».
Pour les biens dont il a la propriété, Akere Muna a déclaré selon les documents, avoir six comptes bancaires dont deux domiciliés à l’étranger, les quatre autres étant logés dans les établissements bancaires Ecobank, Société Générale Cameroun, Nfc Bank et Union des banques du Cameroun; deux immeubles non bâtis, 1/7 des actifs en nature d’immeubles dépendant de la succession de Feu Solomon Tandeng Muna. Il est également propriétaire de 2 véhicules :
– 1 véhicule de marque Toyota Land Cruiser V8 (année modèle 2017) et
– 1 véhicule de marque Chrysler 300 (année modèle 2015).
Pour couronner le tout, il y est mentionné que «Monsieur Akere Muna a été destinataire des félicitations de la Direction générale des impôts le 28 décembre 2015 en raison de son comportement déclaratif exemplaire au cours de l’exercice 2015, faisant de lui l’un des meilleurs contribuables du Centre spécialisé des Impôts des Professions libérales et de l’immobilier».
Voilà qui donne, à n’en point douter, un avant-goût de la manière dont sera gouverné le Cameroun si le candidat du FPD est élu le 7 octobre prochain : dans la transparence.
Mais pour y arriver, il faudrait déjà que ses pairs candidats de l’opposition se résolvent à ne présenter qu’un seul candidat contre le président sortant dont il n’est plus besoin d’épiloguer sur la capacité à l’emporter par tous les moyens, quitte à ce que l’heureux élu fasse siens les points saillants des projets politiques et modes de gouvernements de ceux qui en auront fait leur porte-étendard.