Le président Biya saluant un général de l’armée camerounaise (illustration)
Une tragédie ou quelque chose dans le genre se prépare au Cameroun subséquemment à l’élection présidentielle de dimanche dernier. La population du pays qui a majoritairement voté pour Maurice Kamto vit déjà sous la hantise de l’éclatement d’une guerre civile pouvant opposer dans certaines villes des autochtones aux ressortissants de l’Ouest en raison des affinités de ceux-ci avec le candidat donné favori dans les sondages post-élection, et voilà qu’une donnée supplémentaire vient s’y ajouter : la capitale camerounaise est quadrillée par les forces de l’ordre, pour parer à tout éventuel soulèvement des populations après la proclamation des résultats.
Depuis lundi, les populations de la ville siège des institutions du Cameroun sont surveillées à la loupe comme des terroristes où des malades mentaux pouvant à tout moment commettre un acte irréparable. Des éléments armés jusqu’aux dents et la mine furibarde des unités anti-terroristes de la police (Groupement Spécial Opérationnel –GSO-, Equipes Spéciales d’Intervention Rapide –ESIR- et Groupement Mobile d’Intervention –GMI-) et de la Gendarmerie, le Groupement Polyvalent d’Intervention de la Gendarmerie Nationale –GPIGN-, notamment, ont été déployés à presque toutes les artères de la ville pour parer à toute éventualité. Selon une indiscrétion d’un haut responsable de la police qui nous a été répercutée, « les quartiers périphériques de la ville où il n’y a pas un tel déploiement sont ceux où les populations fidèles au président Biya sauront régler elles-mêmes les comptes des fauteurs de troubles qui partent d’ailleurs pour venir détruire notre ville »(Sic).
Albert Dzongang à gauche et Me Yondo Black à droite, ont eu chaud jeudi
Le déploiement militaro-policier qui ne cache plus ses objectifs de dissuasion, voire de répression , ainsi que des propos tels que celui du commissaire de police repris supra sont abondamment révélateurs de ce qui se prépare dans le cadre de l’après élection présidentielle au Cameroun, faisant dire à un habitant de la ville, probablement pro-Kamto : « Pourquoi ils retardent les résultats ? Qu’ils proclament ça vite et ils nous tuent on passe dessus ».
A Douala, la capitale économique, la situation est moins tendue, malgré la prolifération des agents des renseignements généraux dont certains ont tenté il y a quelques instants d’enlever un de nos collaborateurs au quartier Akwa, n’eut été la résistance de celui-ci qui leur a fait savoir que leur mission n’était pas d’arrêter des gens pour leurs opinions, mais de collecter des informations et de les adresser à qui de droit sur la situation du pays. Une résistance conjuguée à une action de conducteurs de moto-taxi qui, accourus pour le lyncher en croyant qu’il s’agissait d’un bandit, ont fini par prendre fait et cause pour lui et repoussé énergiquement les “espîons”.
Mais si ici les populations ne sont pas particulièrement inquiétés, les politiques ont quant à eux maille à partir avec les autorités administratives et policières. Une conférence de presse de la coalition soutenant Kamto jeudi matin prévue au domicile de l’ancien Bâtonnier et père du multipartisme au Cameroun, Me Yondo Black, a été empêchée par la police qui a quadrillé le domicile et le voisinage de ce célèbre avocat très virulent contre le régime. La conférence a été par la suite déportée au domicile d’un autre membre de la coalition Kamto, Albert Dzongang, ancien membre du Comité Central et ancien député du parti au pouvoir passé dans l’opposition, et aujourd’hui à la tête du parti La Dynamique. La aussi, une escouade de policiers est venue disperser brutalement les leaders politiques et les professionnels des médias.
Des lendemains sombres s’annoncent pour le Cameroun où nous avons appris hier qu’une organisation dénommée Ligue Camerounaise des Droits de l’Homme, la Démocratie et la Gouvernance (LICAM-DH), dirigée par un certain FOE AMOUGOU Gérôme a aussi assigné Maurice Kamto en justice pour incitation à la révolte pour avoir déclaré lundi que selon les résultats du scrutin du 7 septembre consignés sur les procès-verbaux des élections dont son équipe avait fait une compilation, il l’avait emporté sur le président Biya.