Oslo accueille Denis Mukwege et Nadia Murad, ses deux Nobel de la paix


Les deux prix Nobel de la paix, Nadia Murad et Denis Mukwege, à Oslo le 9 décembre 2018. / Heiko Junge/EPA/MaxPPP

 
Le Congolais Denis Mukwege et la Yézidie Nadia Murad reçoivent lundi 10 décembre le Nobel de la paix pour leurs combats respectifs contre les violences sexuelles.

Denis Mukwege, gynécologue congolais de 63 ans, et Nadia Murad, jeune Irakienne de 25 ans, se voient remettre lundi 10 décembre à Oslo le prix Nobel de la paix qui leur a été attribué conjointement par le comité Nobel norvégien « pour leurs efforts en vue de mettre fin à l'emploi des violences sexuelles en tant qu'arme de guerre ». Le prix consiste en une médaille d'or, un diplôme et une somme de 9 millions de couronnes suédoises (environ 880 000 €) à se partager.

« Denis Mukwege est le sauveur qui a consacré sa vie à la défense de ces victimes. Nadia Murad est le témoin qui raconte les abus perpétrés contre elle-même et les autres », avait déclaré la présidente du comité Nobel, Berit Reiss-Andersen, lors de l'annonce de ce prix le 5 octobre. « Chacun à sa manière, ils ont contribué à donner une plus grande visibilité aux violences sexuelles commises en temps de guerre afin que leurs auteurs puissent répondre de leurs actes ».

« La dénonciation ne suffit plus, il est temps d'agir »

« Notre objectif, c'est que ce prix ouvre des portes et c'est déjà le cas », a affirmé Nadia Murad lors d'une conférence de presse commune des deux lauréats, dimanche 9 décembre, à la veille de la cérémonie, tout en soulignant l'importance « que justice soit faite à un moment ou un autre ». « Aucun membre de l'État islamique n'a été traduit en justice. Ils ne sont plus en Irak mais nous voyons que les viols se poursuivent en tant qu'arme de guerre », a insisté la jeune femme.

Même tonalité chez Denis Mukwege, qui dit souhaiter que ce Nobel « ne soit pas considéré comme une victoire en soi » mais plutôt « comme le début d'un combat contre un mal qui ronge notre société : la violence faite aux femmes dans les conflits ».

« La dénonciation ne suffit plus, il est temps d'agir », assène le gynécologue, qui rappelle que « dans les conflits armés, la transformation de corps de femmes en champ de bataille est tout simplement un acte inadmissible à notre siècle ».

Denis Mukwege, le gynécologue congolais qui soigne les femmes violées

Denis Mukwege, né en 1955 à Bukavu, dans l'est de ce qui était alors le Congo belge, est surnommé « l'homme qui répare les femmes », titre d'un documentaire qui lui a été consacré. Il a suivi des études de médecine au ­Burundi, avant de revenir dans sa ville natale pour exercer à l'hôpital de Lemera. Là, il découvre les souffrances de femmes qui, faute de soins, souffrent de lésions génitales après un accouchement. Grâce à une bourse, il se spécialise en gynécologie-obstétrique à Angers.

Il fonde l'hôpital de Panzi en 1999 à Bukavu, dans l'est de la RDC. L'hôpital a traité 50 000 victimes de viols, des « armes de destruction massive », dit-il. Le docteur Denis Mukwege refuse tout engagement politique dans son pays. Marié et père de cinq enfants, il est également responsable d'une église pentecôtiste locale.

Nadia Murad, victime, témoin et combattante

La Yézidie Nadia Murad a connu l'esclavage sexuel. Comme des milliers de filles et femmes de cette communauté kurdophone du nord de l'Irak, elle a été violée, torturée et échangée par les djihadistes de Daech en 2014, avant de parvenir à s'évader.

Devenue ambassadrice de l'ONU pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains, la jeune femme – dont la mère et six frères ont été tués – se bat pour que les persécutions des siens soient reconnues comme génocide.

Nadia Murad poursuit depuis l'Allemagne, où elle réside, le « combat » de son peuple pour que les pays européens accueillent les déplacés yézidis et pour que les persécutions commises en 2014 par Daech soient reconnues comme un génocide.

Plus de 6 800 Yézidies auraient été retenues captives, 4 300 se seraient échappées ou auraient été rachetées, et 2 500 seraient encore « disparues », selon un rapport publié fin octobre par la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH).

Une équipe de l'ONU commencera « début 2019 » ses investigations sur les exactions de Daech en Irak, a annoncé son chef, le Britannique Karim Asad Ahmad Khan.
 

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