Une activité dangereuse, mais si lucrative qu'elle ferait rougir les hommes d'affaires les plus brillants du pays de Paul Biya. Et pourquoi pas, leur donner des idées (!)… de changement de créneau : la prise d'otages.
L'information est de la Mbororo Social and Cultural Development Association (MBOSCUDA), dont le Secrétaire général national, Oumarou Sanda, a révélé le 12 janvier dernier que «De 2015 à 2018, une enquête menée par Mboscuda révèle que 311 personnes ont été prises en otage, 29 ont été libérées suite à l'intervention des forces de défense et des comités de vigilance. 212 otages ont eu leur liberté après paiement d'une rançon pour un montant global de 2,1 milliards de FCFA».
Une révélation qui intervient alors que ces derniers mois, la région de l'Adamaoua a connu une recrudescence de ce type de criminalité qui vise particulièrement les éleveurs. Lesquels ne sont libérés qu'après paiement de fortes sommes aux kidnappeurs par leurs proches.pay
l'Association pour la promotion de l'élevage au Sahel et en savane (Apess), accuse pour sa part des rebelles centrafricains des mouvements antagonistes centrafricains Seleka et anti-balaka qui font de fréquentes incursions en territoire camerounais, et déplore l'attentisme des forces de défense et de sécurité camerounaises responsable de la porosité des frontières.
Entre 2017 et 2018, près d'une dizaine de villages essentiellement peuplés d'agriculteurs et d'éleveurs ont été complètement désertés par leurs habitants, qui ont préféré s'installer dans des localités disposant de postes avancés de l'armée.
Selon un membre de l'Apess qui a requis l'anonymat, il va de soi que si dans les régions anglophones les autorités camerounaises avaient fait montre ne serait-ce que du tiers de “tolérance” dont bénéficient les preneurs d'otages de l'Adamaoua, le Cameroun ne serait pas plongé à ce jour dans une guerre civile de haute intensité dans sa partie occidentale.