C'est le dernier développement de la crise postélectorale qui secoue le Cameroun depuis la proclamation de la victoire contestée de Paul Biya à la dernière élection présidentielle. Maurice Kamto, enlevé et menotté à Douala dans la nuit du 28 janvier avec deux autres opposants, détenus menottes aux poings depuis lors dans des cellules de certains services de répression au Cameroun, a été transféré samedi dans une prison militaire de haute sécurité.
Arrivé deuxième à l'élection présidentielle selon des résultats homologués par le Conseil Constitutionnel dont 10 des 11 membres sont des obligés de Paul Biya, Maurice Kamto a toujours revendiqué, preuves à l'appui, sa victoire à cette élection, mettant le régime de Biya dans un embarras sans précédent.
Il avait cependant dit son attachement à la préservation des vies des Camerounais, affirmant ainsi qu'il n'entreprendrait aucune action violente pour faire triompher la vérité des urnes qu'il n'allait cependant pas laisser le régime balayer d'un trait de la main.
C'est dans cet ordre d'idée qu'il avait mis sur pied un Programme de National de Résistance contre le Hold-Up Electoral se déclinant en marches de protestation à travers le pays. Des marches qui ont été sauvagement réprimées, avec des arrestations massives parfois suivies de libération des personnes arrêtées. La répression avait atteint son point culminant lors des Marches Blanches du 26 janvier 2019 au cours desquelles la police du régime avait tiré sur des manifestants, blessant grièvement une bonne dizaine d'entre eux qui sont aujourd'hui incarcérés dans divers lieux de détention du pays, et ne reçoivent plus les soins nécessaires à leur rétablissement. Me Michèle Ndoki, avocate au Barreau du Cameroun et Vice-présidente du Mouvement des Femmes du MRC (le parti de Maurice Kamto) se cache depuis lors, recherchée par la police, alors qu'elle avait reçu ce jour environ une demi-dizaine de balles tirées sur ses jambes droite et gauche par un sous-officier de la police déterminé à en finir.
Deux jours plus tard, dans la nuit du lundi 28 janvier, Maurice Kamto et deux autres personnalités influentes de l'opposition, Christian Penda Ekoka, étaient enlevés à Douala avec des centaines de leur partisans qui tentaient de s'opposer à leur enlèvement, puis emmenés menottés à Yaoundé où ils sont détenus depuis 2 semaines.