Cameroun- Mise à l’écart en douce de Paul Biya : Jeune Afrique décrypte le phénomène Chantal, omnipotente cheffe du “clan Nanga”


Qui de Chantal ou Paul (Biya) gouverne le grand gâteau “nationalo-familial” ?  

Dans son édition à paraître ce lundi 18 février, le très introduit hebdomadaire panafricain Jeune Afrique jette un regard cru  sur la faune dirigeante camerounaise au dessus de laquelle plane de toute son autorité, le spectre de l’épouse du président de la République devenue depuis quelques années la régente de la République, aux côtés  d’un président sénile et en voie “d’incapacitation” malgré les apparences.

«Son époux l’appelle “Madame la Présidente” même si le titre n’est pas prévu par la Constitution…», relève pertinemment Jeune Afrique, non sans constater que « Entrée au palais sur la pointe des pieds, elle s’est imposée comme femme de pouvoir. Son influence auprès de son époux est de plus en plus grande et son empreinte sur les affaires publiques marquée »

Le prétexte de cette pérégrination “jeuneafricaine” au sein d’un pouvoir qui s’exerce par double procuration, le vieux président ayant délégué ses responsabilités réelles à sa “jeune” quasi quinquagénaire d’épouse (bientôt 49 ans en cette année 2019) qui l’exerce à son tour par « frères du villages » interposés, c’est le dernier remaniement du gouvernement, qui a vu la consécration d’un clan Chantal –au Cameroun, on dit “clan Nanga”- patronné par le Secrétaire Général de la Présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, ressortissant du département d’origine de la Première dame, la Haute Sanaga dont le chef-lieu est Nanga-Eboko, qui s’est tout de même vu hisser un pallier plus élevé sur le piédestal protocolaire en bénéficiant d’un titre de ministre d’Etat, alors que jusqu’au remaniement du 4 janvier, les plus optimistes le voyaient simplement prendre la porte en raison des multiples intrigues dont il est accusé, et les plus pessimistes, devant le Tribunal Criminel Spécial, pour éclairer la lanterne des juges et des Camerounais sur les malversations financières qui ont émaillé l’organisation foireuse de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 que la CAF a fini par retirer au Cameroun, fin novembre 2018.

A cette première raison de l’incursion au sein du biyaland –devenu “Chantouland” de notre confrère du 57 bis rue d’Auteuil s’ajoute la neutralisation à petits pas du clan Boulou (celui des natifs de la région du Sud dont est originaire le président himsel, et dont la figure de proue était jusqu’au réaménagement gouvernemental du 2 octobre 2015, l’ancien ministre de la Défense, le très arrogant Alain Mebe Ngo’o, golden boy frimeur qui aimait singer Paul Biya jusque dans la démarche, question de faire comprendre aux durs de la comprenette que le fait d’avoir été placé à la tête de la Défense faisait de lui le dauphin adoubé du Prince, dans un pays le mécanisme constitutionnel réglant la question de la succession à la présidence de la République en cas d’incapacité du président en titre en dispose autrement. Mebe, Ngo’o, jadis tout puissant, est interdit de sortie du territoire depuis le 31 janvier, son domicile a été perquisitionné, et il s’est déjà présenté à deux reprises pour se faire auditionner au Tribunal Criminel Spécial. Son épouse également. Un autre Boulou encore en vue,mais qui est dans le viseur du chef du clan Chantal, est l’actuel ministre des Finances, Louis Paul Motaze, obligé de marcher comme sur des œufs, pour ne pas attirer négativement l’attention du “vice président de la République” de fait, Ferdinand Ngoh Ngoh, pistonné par Chantal.

Toutes choses qui font dire à Jeune Afrique que « Chantal Biya est devenue une vraie femme politique qui s’est imposée dans l’univers impitoyable de la présidence. Elle a appris les codes de la politique, elle a su se faire une place, elle est devenue un véritable pôle de pouvoir dont l’influence est incontestablement croissant. Il y a deux postes importants à la présidence de la République. Il y a le Directeur du cabinet civil et il y a le Secrétaire général de la présidence de la République. Ces deux postes, elle les contrôle. Le DCC actuel, Samuel Mvongo Ayolo, est un proche de la première dame. L’autre poste, Secrétaire général de la présidence, pratiquement celui de vice-président au Cameroun, est occupé par Ferdinand Ngoh Ngoh. La CAN 2019, ça été un échec incontestablement, mais Ferdinand Ngoh Ngoh, tout comme le ministre des sports, Bidoung Kpwatt, qui est également un proche de la première dame, s’en sont très bien sortis au dernier remaniement ministériel. Ils n’ont pas été sanctionnés. Ferdinand Ngoh Ngoh a même été élevé au rang de ministre d’Etat ».

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