Cameroun- sur les traces de Imelda Marcos, Leila Trabelsi…: J.A. décrypte la Cendrillon Chantal devenue Marie-Antoinette sous les tropiques.

Pour les semi-analphabètes peu ou pas du tout outillés pour l'interpréter les signes, pour les arrivistes parvenus à la gloire sans s'être battus pour, il n'est point besoin de philosopher sur les causes et les effets, sur les notions de début et de fin. Et pourtant les mêmes causes produisent les mêmes effets, et il n'est point de chose qui n'ait pas de fin. Même la religion que se fait de son inamovibilité. 

La “chantalie” embusquée à l'ombre d'une “Biyaïe” qui ne tient plus que dans les apparences,  et qui, en attente de faire main basse sur le pouvoir d'Etat au Cameroun,  fait déjà de nombreux ravages dans le landerneau sociopolitique,  croit pouvoir se frotter les mains de se voir traînée à longueur de colonnes pour ses frasques : cela donne à ses membres des sentiments de pouvoir, de force terrifiante.

Surtout quand, par précaution, par peur des procès en diffamations instruits par une justice absolument dépendante pour les beaux yeux du Prince… de Machiavel, ou devant le tribunal de l'opinion publique manipulée par des procurateurs ethno fascistes auto investis genre Ernest Obama ou MEON-néant qui livreront leurs malsaines  élucubrations de politistes en quête de reconnaissance ou de strapontins, le journaliste enrobe les faits d'autant d'euphémismes qu'il est humainement possible pour désigner le noir sous le terme de gris.

On se bombe alors… les seins de savoir que face à ses intolérables incartades, les Camerounais n'ont en réplique que la sempiternelle et résignée rengaine du « Bia bo ya alors ».* On s'efforce d'oublier que c'est pour s'être rendues coupables d'excentricités pareilles repoussant les limites de la folie des grandeurs, que les Elena Ceaucescu, Leila Trabelsi, Imelda Marcos et autres foldingues de la même engeance ont plongé des pays entiers dans le cycle infernal de l'insurrection et de la déstabilisation, pour, à la fin, ne pas l'emporter au paradis.
Mais qui le dira à une Chantal passée sans transition de la rue bruyante et bordélique au palais éblouissant de ses ors et affolant de ses lambris ? Ce ne sont pas en tout cas les courtisanes de la Fondation Chantal Biya ou du Cerac, amies “intimes” des beaux jours, qui oseront une telle contrariété à l'égard de la tyran en jupon, au risque d'effaroucher la pauvre qui, paniquée peut envoyer aux trousses de leurs serviles de maris, une justice spéciale chargée de la répression des crimes économiques qui puisent ses principaux clients dans le vivier de ceux des barons du régime qui se fatiguent parfois de reprendre l'antienne éternelle(ment) recommandée du « papa PôMbia, il est beau, mama Chantou, elle est belle !».

 
« Au Cameroun, les réseaux d'influence de Chantal Biya, “Madame la présidente” » :  L'ENQUÊTE DE  JEUNE AFRIQUE SUR LA REGENTE DE LA REPUBLIQUE

Dans l'ombre de son époux, Chantal Biya, la première dame du Cameroun a développé avec méthode ses réseaux d'influence. Nominations, promotions, disgrâces… Enquête sur une quadra redoutée et trop longtemps sous-estimée.

« Elle n’occupe aucune fonction officielle et son nom ne figure pas dans l’organigramme- pourtant très détaillé- de la présidence. Mais dans les couloirs du palais d’Etoudi, cela fait bien longtemps que l’on ne moque plus ouvertement le style flamboyant de Chantal Biya, 48 ans. On sait ce qu'il en coute de la sous-estimer.

On n’ignore pas non plus que la seconde épouse du chef de l’Etat camerounais peut être un allié de poids. Début janvier, c’est Ferdinand Ngoh Ngoh qui en a fait l’expérience. Personne ne donnait cher de la peau du secrétaire général de la présidence qui avait piloté les chantiers de la Coupe d’Afrique des Nations 2019- des travaux qui affichaient un retard tel que, fin novembre 2018, le Cameroun s’est vu retirer l’organisation de la compétition.
A Yaoundé, nombreux étaient ceux qui spéculaient sur la disgrâce prochaine de cet homme réputé proche de Chantal Biya. Or non seulement il a échappé au couperet présidentiel au terme du remaniement annoncé le 4 janvier, mais il a en plus été élevé au rang de ministre d’Etat.. Une promotion qu’il doit officiellement à Paul Biya mais derrière laquelle tous ont vu la marque de la première dame.

Même chose pour Pierre Ismael Bidoung Mkpatt, qui a été maintenu au gouvernement alors qu’on le disait aussi promis à l’échafaud (il est passé des sports à la culture). Preuve s’il en fallait que les protégés de la première dame sont intouchables. A ceux qui se méprenaient encore sur son influence, le message a été clair: il n’y a pas de potache à Etoudi. Il faut dire qu’elle n’a plus grand-chose à voir avec la jeune femme de 24 ans présentée aux Camerounais un soir de fête nationale, en 1994, après une noce surprise.

Née à Dimako, une bourgade perdue du Centre-Est camerounais, d’une mère femme au foyer et d’un père français expatrié qui l’a reconnue sur le tard, Chantal Pulchérie Vigouroux s’était installée à Etoudi comme en entre dans un conte de fées. Son incroyable destin avait toutes les chances de se fracasser sur les murs de l’univers impitoyable de la présidence. Et c’est peu dire qu’elle fut épiée par les catégories sociales dominantes, qui croient au déterminisme et à la méritocratie.

A ses débuts, ses obligations furent essentiellement protocolaires, se limitant en public au rôle d'accompagnatrice du chef de l’Etat. “Chantou” se faisait alors surtout remarquer pour ses tenues hautes en couleur et son goût pour la maroquinerie de luxe. Mais la jeune femme a appris les codes de la politique et a su se faire une place en dépit des chausse-trapes.

A Etoudi, les courtisans lui donnent désormais du “Madame la présidente”. Plus qu’un début d’émancipation, c’est la révélation d’un vrai pole de pouvoir.

CARACTÈRE ENTIER

L’irruption de la “fashionista’ d’Etoudi déconcerte la classe politique.

Chantal est un ovni qui avance sous les radars. Quand se profile son ombre dans une bataille pour un poste convoité ou dans la guerre plus vaste, que se livrent les et les autres pour la succession du président, mieux vaut battre en retraite. Comment lutter contre cette femme qui a l’oreille de son époux, lequel hésite lui-même à la contrarié? “Il est indéniable que son influence est croissante, constate un politologue qui préfère conserver l’anonymat, tant le sujet est délicat.

Mais au détriment de qui ? Que la première dame occupe un vide consécutif a l’élimination politique ou judiciaire de certains membre du premier cercle, c’est un moindre mal. Le fait qu’elle empiète l’espace du président me parait bien plus préoccupant”. Fin 2016; un autre universitaire avait, lors d’un colloque organisé au sein de Yaoundé II, suggéré d’encadrer son rôle par une loi. Mais la proposition a déclenché des tombereaux de critiques dans les medias proches de l’opposition, inquiète à l’idée que son autorité n’en sorte renforcée. Il n’empêche. Son influence sur son mari de 86 ans suscite toutes sortes de conjecture.

On l’imagine gouvernant le Cameroun à l’instar d’Edith Wilson président des Etats-Unis dans l’ombre de son mari affaibli, Thomas Woodrow Wilson. Dépité et fébrile, le clan Bulu, issu de la région natale du président dans le sud du Cameroun tente de stopper l’érosion de sa puissance à mesure que s’accroit celle du clan rival, proche de la première dame et constitué d’ambitieux ressortissants des régions du Centre et de l’Est du pays.
Elle avance ses pions avec une assurance qui a effacé les hésitations des débuts. Grappille des parcelles de pouvoir sans se départir de ce rire qui ponctue chacune de ses conversations. Attention, quand elle est contrariée, son caractère entier s’affirme toujours et en toutes circonstances. Paul Biya lui-même en a lui-même fait l’expérience.

A Yaoundé, beaucoup se souviennent des obsèques de Benoit Assam Mvondo, le frère ainé du chef de l’Etat célébrées en 2012. La messe avait beau être retransmise à la télévision, Chantal Biya a ostensiblement refusé de serrer la main de son époux au moment de la paix du Christ. Le 7 octobre 2018, jour de l’élection présidentielle, en encore sous l’œil des caméras qu’elle a sèchement rabroué Samuel Mvondo Ayolo, le nouveau directeur de cabinet de Paul Biya, alors que celui-ci venait de glisser son bulletin dans l’urne… A peine nommé, il a goûté la poigne avec laquelle la maitresse des lieux gouverne un palais, où elle a imposé ses propres règles (dont un code vestimentaire draconien, qui interdit aux femmes d’accéder à la présidence en pantalon).

Et Chantal apprécie peu que l’on enfreigne ses consignes: en janvier 2018, elle s’est fâchée en apprenant que quelqu’un avait fait usage d’un téléphone portable lors d’une cérémonie de présentation des vœux, alors que cela avait été explicitement interdit. Résultats: une enquête a été ouverte, plusieurs personnes ont été auditionnées à la direction de la sécurité présidentielle, l’épouse d’un ministre est passé aux aveux… Hasard ou coïncidence, ce dernier a été débarqué du gouvernement deux mois plus tard.

Le malheureux n’est certainement pas le seul à avoir subi la foudre de “Chantou”. L’une de ses premières victimes fut Martin Belinga Eboutou, directeur du cabinet civil de Paul Biya de 1996 à 1997. La première dame a bataillé de longs mois contre cet homme dont elle jalousait la complicité avec son époux jusqu’à ce que celui-ci se résolve à exiler son fidèle collaborateur à l’ONU, à New York. Son successeur, Edgar Mébé Ngoh, jeune préfet dont le président appréciait la fougue et la poigne, sera lui aussi pris en grippe…

Et Paul Biya se résignera à l’exfiltrer du palais pour lui confier la tête de la Police nationale puis, plus tard, la Défense. Soutenu par la famille d’origine du président, qui n’a pas tardé à se poser en contre-pouvoir face à la première dame, Belinga finira par être rappelé au cabinet civil, en 2009- poste qu’il conservera en dépit d’un climat orageux jusqu’à son départ en mars 2018.

Paul Biya l’a remplacé par Samuel Mvondo Ayolo, bulu comme lui, dont le principal atour est d’être soutenu par la première dame…Depuis lors, un calme précaire règne à Etoudi.

EMINENCES GRISES
De fait, année après année Chantal Biya a fini par avoir son mot à dire sur le choix des collaborateurs de son époux. Le premier à poser ses cartons au palais fut Joseph Lé; un éditorialiste venu de la télévision nationale. Tout comme l’écrasante majorité de ses obligés, il est natif de l’Est. Nommé en 2006 au poste de conseiller technique au cabinet civil, il est passé directeur adjoint de ce cabinet l’année suivante. En mars 2018, il est nommé ministre de la Fonction publique et c’est un ami d’enfance de ka First Lady, Oswald Baboke, qui lui succède au cabinet civil- Chantal le considère comme son frère.

Le réseau compte aussi parmi ses membres éminents le ministre de la culture dont l’épouse Habissou Bidoung Mkpatt, a été promue chargée de mission au cabinet civil. Cette dernière est connue pour être l’une des éminences grises du système bâti autour de la première dame. Et c'est encore un homme originaire de l’Est, Dieudonné Samba (il fut maire de Bertoua), qui affiche comme conseiller spécial du président. Beaucoup ont aussi vu l’empreinte de “Madame la présidente” dans l’arrivée de Bertrand Pierre Soumbou Angoula au poste de DG de l’ENAM ou sont scolarisés les deux enfants du couple présidentiel, Paul Junior Biya et Anastesia Brenda Biya.

Si cette nomination a fait grand bruit, c'est parce que ce trentenaire, de l’ethnie Yezoum comme elle, a été propulsé à la tête de la fabrique de l’élite alors qu’il n’avait que deux années d’ancienneté dans la magistrature. Enfin, il n’y a pas de système Chantal Biya sans le Cercle des amis du Cameroun (CERAC). La fondation de la première dame est la vitrine de ses œuvres sociales tout comme son ONG Synergies africaines contribue à son rayonnement à l’international. Mais c’est bien le cerac qui est le véritable creuset de sa puissance. Epouses de ministres, de président d’institutions et d’ambassadeurs s’y côtoient depuis 1995.

La liste d’attente est longue et les élues peu nombreuses. Elles se retrouvent le plus souvent au siège du CERAC, situé non loin de la Cour Suprême, à Yaoundé. Elles y sirotent du champagne en parlant des plus démunies ou en devisant sur la bonne fortune de leurs maris tout en ayant soin de ne pas faire d’ombre à leur présidente. Femme du ministre des Finances, Louis Paul Motaze, Aissa Motaze en est la secrétaire générale. Chantal Biya y retrouve aussi Nathalie Engamba Adan la conjointe d’Adolphe Moudiki, le puissant discret patron de la Société nationale des hydrocarbures (SNH) et bien sur son amie fidèle Habissou Bidoung Mkaptt.
De cet entre-soi du pouvoir, baromètre quasi infaillible des grâces et des disgrâces au sommet de l’Etat, on est rarement chassé. On comprend vite toutefois lorsque l’on n’est plus désirée. Aline Atangana Kouna, l’élégante épouse de l’ancien ministre de l’Eau et de l’Energie incarcéré depuis mars 2018 à la prison de kondengui, sait ainsi que sa présence n'est plus souhaitée.

Tout comme Brigitte Atangana Mebara l’avait compris à la chute de son époux, autrefois secrétaire général de ka présidence puis ministre des Relations extérieures (il a été condamné à 25 ans de prison ferme en 2016). Dans la capitale, les regards se dirigent désormais vers Bernadette Mebe Ngo’o, dont l’époux, ministre de la défense jusqu’en 2015, est dans le viseur du TCS.

Sera-t-elle toujours la bienvenue parmi les fidèles de Chantal Biya? La décision, pour elle comme pour son époux, ne devrait sans doute plus tarder. »


* on va faire comment alors ?

Petit historique du “Bia bo ya alors” :  Entre le milieu et la fin des années 1980, des fonctionnaires camerounais ressortissants de la même aire géographique que le président Biya, ont tenté d'imposer les idiomes pahouins  que sont principalement le bulu, l'éwondo et l'éton,   comme des langues nationales avec diverses variantes. Ainsi, vous rentriez dans  un service public et saluez « bonjour », le fonctionnaire vous demandait si vous ne pouviez pas dire « Ma zon naa ». Quelquefois, pendant des opérations de bouclages (rafles) improvisées, des policiers rentraient dans les domiciles des quartiers réputés pour leur peuplement constitués de Camerounais venus de l'Ouest ou du Nord, et s'adressaient au chef de famille en ces termes : « Kulu Manze ? ». Il suffisait que leur interlocuteur leur dise qu'il n'y comprenait que dalle, pour se retrouver à la BMM, accusé d'avoir affirmé que le régime Biya voulait instaurer la suprématie des Bétis sur le reste des ethnies du Cameroun ».
De nombreux Camerounais ont donc appris à parler l'un des dialectes bétis les plus courus et les termes qui leur étaient communs au temps où ils se sont tous retrouvés pris dans l'étau de la galère subséquemment à la prospérité dans laquelle ils baignaient quelques années plus tôt.
« On va faire comment… alors ». Déclinée en éwondo, dialecte  le plus usuel dans la capitale, Yaoundé,  cette phraséologie de résignation se traduit par « Bih ya bouo ya… alors ? ». Dit dans la langue officiellement officieuse de ce régime qui porte originellement en lui les germes de la balkanisation ethnique du Cameroun,  « Bih ya bouo ya… alors ? » dont la variante plus civilisée s'orthographie “Bia bo ya alors”, avait le mérite de prévenir le locuteur d'une quelconque arrestation pour rejet du pouvoir béti, pendant de l' imaginaire ancien “pouvoir peuhl” sous Ahidjo,    qui n'exista en fait jamais, car même si des peuhls arriérés du Cameroun pouvaient souvent se laisser aller à quelque zèle en lien avec leur proximité sociologique avec l'ancien président, beaucoup, plus avisés de la politique « d'unité nationale » d'Ahidjo, ne prenaient pas ce risque, conscients qu'ils pouvaient être considérés comme des fossoyeurs de cette notion très chère au “père de la nation”, et être punis en conséquence. 

Facebook Comments
- Publicité -

Plus populaires

Officiellement dénommé Carrefour Nelson Mandela, ce coin de la ville de ...
Une secte est un groupe de personnes qui adhèrent à une...

Autres actualités

Le Royaume-Uni envisage de payer les demandeurs d’asile pour leur déportation au Rwanda (Al...

Les plans sont distincts du projet de loi sur le Rwanda, un plan bloqué visant à expulser de force la plupart...

Gabon – Qui a enlevé et séquestré les leaders syndicaux Alain Mouagouadi et Thierry...

Au Gabon, Alain Mouagouadi et Thierry Nkoulou, deux leaders syndicaux, ont été enlevés et séquestrés pendant près de deux jours...

Sénégal : Libération de Ousmane Sonko et Diomaye Faye à 10 jours de la...

Abubakr Diallo Après 8 mois passés en détention, le leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, a été...

Proche-orient : Chef du Fatah emprisonné, Marwan Barghouti, en passe de devenir président de...

La possibilité qu'Israël libère des prisonniers en échange de la libération d'otages par le Hamas a propulsé Marwan Al-Barghouti, chef du mouvement...

Présidentielle (piégée) au Sénégal : Et si Macky Sall n’avait pas dit son dernier...

Théophile KouamouoAu Sénégal, Macky Sall a-t-il lâché l’affaire ? Le président sortant a annoncé que le premier tour de la présidentielle à...
- Publicité -
Facebook Comments
WordPress » Erreur

Il y a eu une erreur critique sur ce site.

En apprendre plus sur le débogage de WordPress.