Pour Daniel Ona Ondo, on ne peut plus faire léconomie d’un débat sur le franc CFA
C’est une sonnette d’alarme que lance le président de la Commission de la CEMAC, Daniel Ona Ondo au moment où de nombreuses organisations panafricanistes pressent de plus en plus les décideurs des pays de la zone franc de ce départir d’une monnaie qui non seulement garde des références coloniales gênantes pour une des pays africains supposés indépendants depuis plus d’un demi siècle, mais en plus, constitue un frein majeur incontestable au développement des pays où elle a cours.
Le plus haut fonctionnaire de l’organisation qui regroupe six pays, (Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, et Tchad) pensent que les dirigeants de ces pays et leur partenaire qu’est la France devraient s’approprier le débat, au lieu de persister dans une sorte de fuite en avant qui consiste à l’éluder : «A un moment, il faut s’asseoir pour parler du franc CFA et de son évolution. Si nous ne le faisons pas, nous risquons d’être confrontés au populisme et aux controverses des acteurs de toutes sortes», a prévenu monsieur Ona Ondo, le 14 février dernier au siège de le Banque de France à Paris, où se tenait une table ronde de haut niveau organisée conjointement par la Banque de France, l’Agence française de développement et la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi), sous le thème «Quelles politiques monétaires et de change pour un développement durable dans les pays à faible revenu».
“On ne peut plus faire l’économie du débat sur le franc CFA”
C’est en ces termes que le Président de la Commission de la CEMAC, le Pr Daniel Ona Ondo a pris la parole, le jeudi 14 février 2019 au siège de la Banque de France à Paris pic.twitter.com/X7nk0AFjF9— Commission de la CEMAC (@com_cemac) 16 février 2019
Daniel Ona Ondo a ainsi évoqué l’urgence d’un débat « franc, sincère et dépassionné», entre les les États de la Cemac, la Banque de France, le FMI et la Banque Mondiale, par ces temps où la problématique du maintien ou non de cette monnaie créée avant le début de la 2nde Guerre Mondiale par la France comme instrument monétaire de ses colonies continue d’animer les débats entre les anti CFA, plus nombreux et populaires dont les préconisations sont a posteriori difficilement discutables, et les pro, peu nombreux, mais disposant d’arguments qui ne sont pas cependant à balayer d’un revers de la main, notamment le fait que la balance commerciale penchant beaucoup plus côté importation (plus de 70%) que des exportations où encore le lourd endettement des pays utilisant le CFA (7.000 milliards pour le Cameroun par exemple) qui rendrait inopérante en l’état actuel, pour leurs économies et la vie au quotidien de leurs populations, la substitution d’une monnaie nationale ou régionale non soutenue au FCFA.
A propos de cette monnaie dont le risque de dévaluation plane en permanence sur la tête des populations de la zone Cemac telle l’épée de Damoclès, faisant craindre pour l’équilibre des ménages, le président de la Commission de la CEMAC a rappelé que «En décembre 2014, à Yaoundé, les chefs d’État ont fait le choix d’un ajustement réel par la voie budgétaire, au contraire d’un ajustement monétaire qui aurait conduit à une dévaluation dont les effets auraient été terribles pour les populations les plus fragiles».
Au demeurant, on revient à la question de la non indispensabilité du CFA, tous les discours pro et anti tendant à démontrer qu’in fine, il faudrait s’en défaire et entamer une aventure monétaire difficile, mais solvable à terme, ne serait-ce que pour garantir cette indépendance économique tant souhaitée, dont l’un des premiers corolaires est l’appropriation de la libre disposition des avoirs financiers des pays actuels de la zone Franc dont la moitié est détenue et utilisée par la Banque de France à des fins qui ne leur sont pas d’un intérêt lisible.
Sinon il faudrait que les dirigeants de la zone Franc expliquent au monde comment font pour s’en sortir les autres pays d’Afrique qui disposent de leurs et comment seuls 14 d’entre eux utilisant le CFA semblent être frappés par la malédiction du surplace et du sous-développement.