Au Cameroun, il ne fait pas bon se revendiquer du Mouvement pour la Reconnaissance du Cameroun (MRC) du Pr Maurice Kamto, emprisonné lui-même depuis 55 jours avec des centaines de ses partisans pour avoir organisé des marches pacifiques de protestation. Quand on ne condamne pas à 30 jours de prison un militant du MRC pour… “attroupement”, on arrête d’autres pour avoir voulu… propager la … propreté!!!
Depuis la fin de la dernière élection présidentielle que le leader de ce parti affirme avoir remportée tandis que le Conseil constitutionnel constitué des partisans du président sortant proclamait la victoire de son champion, les partisans de Maurice Kamto ont une réputation de fauteurs de troubles et d’instigateurs de rébellion qui leur est collé à la peau à telle enseigne qu’on les chasserait du théâtre d’une catastrophe naturelle s’ils s’avisaient d’accourir pour secourir des sinistrés.
Intimidation bien sentie ou crise de paranoïa ?
La preuve de cette stigmatisation à outrance a été donnée deux fois en ce mois de mars qui a connu des arrestations et gardes à vue des militants du MRC coupables de s’être adonnés à des travaux d’investissement humain dans la capitale administrative, Yaoundé.
La dernière brimade date de dimanche, jour où le parti au pouvoir du président éternel Paul Biya, célébrait le 34ème anniversaire de sa création. Une douzaine de ces “hors-la-loi” d’un genre particulier ont été cueillis par la police alors qu’ils procédaient au nettoyage des rues du quartier Nkomo dans le 4ème arrondissement de la ville capitale. Ni plus, ni moins.
Trois semaines environ plus tôt, le 5 mars, c’est une vingtaine d’autres qui avaient subi le même sort, pour avoir curé les caniveaux du marché de Mokolo dans l’arrondissement de Yaoundé 2ème dans le cadre des activités d’investissement humain organisées par leur parti en faveur de la semaine de la femme.
Gardés à vue deux bonnes heures durant et cuisinés par les fins limiers de la police qui voulaient sans doute déceler l’action “terroriste” ou “dhostilité à la patrie” que recelait cette action de salubrité publique, ils seront ensuite libérés par des policiers qui leur déclareront que pour ce genre d’action, ils auraient dû demander l’autorisation du Délégué du Gouvernement (le super maire nommé par décret présidentiel) auprès de la Communauté Urbaine de Yaoundé. Alors que pendant leur interrogatoire, la police leur reprochait surtout d’avoir arboré des tee-shirts frappés du logo et des inscriptions montrant leur affiliation politique, c’est-à-dire leur appartenance au MRC.
Ceux arrêtés dimanche qui ont également été libérés après plusieurs heures de garde à vue, d’abord au Commissariat d’Ekounou, puis à la Délégation générale à la Sûreté nationale (DGSN, siège du Commandement de la police nationale camerounaise) se sont eux aussi entendu reprocher le fait qu’ils aient arboré des tenues vestimentaires portant les insignes du parti dirigé par le paria Maurice Kamto.
Avant leur libération à contrecœur par la police, le 1er vice-président du MRC, Mamadou Mota, avait déjà tonné sur les réseaux sociaux et les médias, dénonçant une détention « arbitraire » et exigeant leur « libération immédiate » :
« Le maintien arbitraire de nos amis politiques déportés depuis ce matin vers un commissariat de Yaoundé alors qu’ils menaient des activités d’investissement humain constitue une provocation supplémentaire du chef de la police camerounaise à l’ endroit de l’opposition. Nous exigeons leur libération immédiate et sans condition et appelons la police camerounaise a jouer son rôle institutionnel au lieu de s’immiscer dans une politique partisane » |
, avait-il martelé.
On peut cependant se demander, au-delà du caractère arbitraire et surtout injustifié des arrestations des personnes prises en flagrant délit d’action de propreté avec des armes de destruction massive… de la saleté tels que des balais et des pelles, si le régime militaro policier de Yaoundé ne souffre pas de paranoïa. A moins qu’il ne s’agisse de la “salubrophobie” sur fond de “kamtophobie”. Une maladie mentale liée à la peur de la propreté, elle-même motivée par la crainte de voir Maurice Kamto apparaitre derrière la propreté suite à l’éradication de la saleté dont le régime l’enduit depuis son entrée formelle dans l’opposition, pour mieux le mettre sous éteignoir.
D’où cette interrogation de notre consoeur Mimi Mefo qui, sur son fil Tweeter, veut savoir si les arrestations des militants du MRC en train de mettre la propreté participent d’une manœuvre d’intimidation ou font toujours partie des actions régaliennes de maintien de l’ordre: “Le gouvernement utilise-t-il une tactique d’intimidation ou maintient-il simplement l’ordre?”
Is government on an intimidation tactics or simply maintaining order?
At least a dozen supporters of the Cameroon Renaissance Movement Party (MRC) have been arrested for cleaning the streets of Yaounde this morning.
They were arrested by the Police. pic.twitter.com/ivw2efyDS9— Mimi237 (@Mimimefo237) 24 mars 2019