Dans une tribune publiée aux premières heures de mercredi par le quotidien Mutations, « la voix du “président élu” », tout en remettant à leur place les différentes agitations autour de la mise en scène du dialogue, invite tout de même les patriotes du Cameroun à en faire une véritable rampe de lancement pour la décrispation véritable.
Au régime dont le chef essaie de reprendre la main à travers l’initiative de dialogue, “BN” demande rien moins que la fixation d’un « calendrier du dialogue », comme pré requis crédibilisant d’une démarche dont le MRC et le Pr Kamto peuvent d’autant revendiquer la paternité que l’homme politique emprisonné depuis le 28 janvier avait été le premier, à proposer tendre la main à son adversaire, bourreau et geôlier, par la voix de l’un de ses avocats, Me Eric Dupont-Moretti, afin de discuter avec lui de la crise postélectorale qui paralyse le pays depuis fin octobre dernier.
Le moins qu’on puisse dire à la lecture de son appel est que comme tous les Camerounais sonnés par la capacité du régime à résister à la forte demande de démocratie, Olivier Bibou Nissack veut bien y croire. Croire que ce qui est présenté depuis quelques jours comme une volonté de dialogue de la part de Paul Biya, peut finir par l’être vraiment, dans l’intérêt supérieur du Cameroun et des Camerounais..
De ce fait, il se fait fort de suggérer un cadrage prudentiel du “dialogue” pour éviter que cette raison d’espérer se révèle une entourloupe de plus. A l’image de la rencontre tripartite (du 30 octobre au 17 novembre 1991) au cours de laquelle Biya roula proprement l’opposition dans la farine, reprenant même du poil de la bête, tandis que cette dernière qui contrôlait déjà 7 des 10 régions du pays se disloquait à vue d’œil.
Ci-dessous, la proposition du Porte-parole de Maurice Kamto : « Les conditions d’un véritable dialogue – Olivier Bibou Nissack : Il faut un calendrier du dialogue »
« La première chose c’est que, nul parmi les esprits patriotiques comme ceux des résistants autour de Maurice Kamto ne peut faire la fine bouche devant une intention de dialogue. C’est donc avec grande réjouissance que cette nouvelle nous estt parvenue, ce d’autant plus que nous observons un alignement de la ligne éditoriale de ce régime illégitime vers la nôtre. Il faut dire les choses comme elles sont. Désormais, le régime illégitime parle comme Maurice Kamto, et ses alliés de la coalition gagnante sur la question du Nord-Ouest Sud-Ouest.
Nous souhaitons aussi préciser et clarifier que nous ne croyons pas qu’une visite sur le terrain s’apparente à un dialogue effectivement lancé. Nous pensons que nous sommes ici dans des frémissements, et que pour l’instant, ces frémissements sont encore de l’ordre de la mise en scène. Cette mise en scène qui peut être un prélude est la bienvenue quand bien même elle viendrait d’un régime illégitime.
Il faut un calendrier du dialogue, il faut que ce calendrier soit rendu public. Il faut que les modalités des équipes qui vont constituer les personnes invitées à dialoguer soit rendu public. Il faut aussi que la figure centrale de la personne chargée de la médiation soit rendue publique ; il faut également que sur cette figure, il y ait un consensus ; il faut éventuellement que, le cas échéant, les observateurs des instances sous-régionales africaines et autre aient un statut d’observateur, et qu’on observe tous ensemble les résolutions qui seront prises et comment elles seront mises en pratique.
Parce que, le souvenir de la tripartite est encore béant ; la tripartite a été un hold-up.»