Un chef militaire sécessionniste menace le Cameroun anglophone d'une rentrée scolaire ensanglantée si le dialogue inclusif n'est pas engagé

Longtemps annoncé « tué  par les forces gouvernementales », le leader du groupe armé sécessionniste anglophone dit des “Red Dragons ” a  réapparu mercredi à Ekondo Titi (département du Ndian-région du Sud-ouest-) pour menacer de représailles ceux qui oseront renouer avec les activités scolaires en septembre prochain.

Réapparu brusquement  a-t-il dit dans le but de  booster le moral de ses troupes, qui « n'ont pas posé d'actes éclatants depuis un certain temps contre les forces annexionnistes de la république du Cameroun »,  le chef militaire sécessionniste Oliver Leke Fongunueh qui se fait appeler “Field Marshall” (grade militaire le plus élevé, généralement attribué en temps de guerre dans les pays du Commonwealth)  a reproché à ses lieutenants dans le département du Ndian dont est natif le Premier ministre Joseph Dion Ngute, d'avoir laissé abandonné l'usage de la terreur à l'initiative exclusive des forces gouvernementales qui continuent d'incendier les habitations, de tuer et mutiler les populations civiles, voire de les pourchasser jusque dans les forêts où certains sont allés s'établir dans des habitations de fortune construites avec des piquets et des morceaux de papier en plastique et utilisent pour toute literie des morceaux de carton ou de vieux chiffons.

Après avoir fustigé cette « passivité » qui a caractérisé ses troupes depuis qu'il a été blessé en décembre 2018 lors d'un raid de l'armée camerounaise et s'est enfui à Taraba au Nigeria, le “Field Marshall” a ordonné à ses éléments du Ndian sevrés de “travail” depuis au moins janvier 2019 de prendre les affaires qui pouvaient leur servir pour le rejoindre dans le maquis afin qu'ils poursuivent les opérations de nuisance vis-à-vis de l'occupant que constituent pour les sécessionnistes anglophones les autorités de Yaoundé, leurs représentants en service dans les régions anglophones et leurs forces  de défense et de police qui y sont stationnées.

« La guerre n'est pas un jeu… quand on l'a commencé, il faut aller jusqu'au bout »

Très formels, il a menacé de tirer dans les jambes de ceux qui prétextaient des situations familiales pour  « déserter », question de leur donner de bonnes raisons de rester définitivement sur place : « Regardez  nos adversaires, ceux de leurs assassins qui ne veulent pas venir tuer nos pères, nos mères et nos enfants, sont appelés déserteurs et traitres, tandis que nous les considérons comme des amis. Si certains d'entre nus veulent faire le chemin inverse en trahissant notre cause et en devenant des amis de la République, alors nous les priverons de leurs jambes pour qu'ils n'y aillent pas. Ainsi, leurs nouveaux amis viendront les chercher ici, et nous les braves fils de l'Ambazonie allons leur réserver le même traitement qu'ils infligent à nos frères qui sont dans leurs prisons », a-t-il martelé devant des populations apeurées mais visiblement acquises à son discours.

Il ajoutera ensuite, dans un discours enflammé : « La guerre n'est pas un jeu, on ne la fait pas de gaieté de cœur. Et quand on l'a commencé, il faut aller jusqu'au bout et obtenir de votre adversaire qu'il vous considère come digne de respect, avant de songer à déposer les armes. J'ai appris que des ministres de la république et certains de nos fils qui ont vendu leurs âmes au diable francophone appelé Biya, étaient ces derniers temps en train de sillonner des villes ambazoniennes pour vous dire d'envoyer les enfants à l'école, comme si nous qui leur demandons de rester à la maison étions fiers de les priver d'éducation. Moi, Field Marshall, je ne permettrai pas cette faille dans l'ordre que nous avons établi, et si nos enfants vont à l'école avant que nos ennemis aient accepté un dialogue inclusif avec toutes les composantes anglophones, dont les sécessionnistes, ça veut dire que les milliers de nos frères qui ont été tués par les envahisseurs de la République sont morts pour rien. Moi je ne protégerai pas les enfants des traitres, mais sachez que le sang va couler pendant cette rentrée, parce que les envahisseurs vont renforcer leur présence ici sous prétexte de protéger les enfants scolarisés, or nous ne pouvons pas tolérer la présence provocatrice d'une armée étranger sur notre sol. Donc la rentrée scolaire pourra être très sanglante ici. Et ce sera ainsi jusqu'à ce que la république tue le dernier d'entre nous, ou négocie avec nous pour que nous allions de notre côté et la laissions continuer son œuvre sur les siens. Désormais, vous n’allez plus combattre avec des fusils, je vous ai aussi apporté des AK 47»

Cette  menace du sécessionniste extrémiste intervient à un moment où les nombreuses organisations internationales, supra étatiques ou simplement de défense des droits de l'homme qui sont intervenus ces derniers temps ne manquent pas d'insister sur l'urgence pour le gouvernement camerounais et  les groupes armés anglophones de favoriser le déroulement normal des activités scolaires à l'arrêt ou s'effectuant en dents de scie depuis fin 2016.

Jusqu'ici, l'espoir d'un retour à la normale, ne serait-ce que pour la communauté éducative,  était permis, l'armée camerounaise ayant confirmé le 11 février 2019  dans un post sur son profil Facebook, que le chef du groupe armé séparatiste “Red Dragons” avait « été atteint mortellement le 27 décembre 2018 pendant le combat avec le BIR », et était finalement mort au Nigeria dans l'Etat de Taraba où il se faisait soigner par un marabout.

C'était compter sans le caractère de phœnix de cet individu, ancien chef de la sécurité du royaume de Fontem, à qui l'on prête d'énormes pouvoirs mystiques  

« Il est très puissant. Du temps où il travaillait pour le roi d'Azi [un village du département du Lebialem, Ndlr], il avait accès à tous les secrets. À sa mort, il a presque assuré l'intérim car le successeur du roi était au Canada »

, expliquait dernièrement à notre confrère de l'hebdomadaire Jeune Afrique, un déplacé de Menji, le bastion des Red Dragons.

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