Présidentielle 2011: Quand l’Occident fait paniquer Etoudi

Depuis quelques jours, les cadres du Rdpc, des plus illustres aux plus modestes, multiplient des sorties médiatiques pour exiger que les puissances étrangères laissent le Cameroun aux camerounais. Signes d’une
véritable fébrilité au sommet.

« J’ai bien dit et redit que le destin du Cameroun c’est les Camerounais. Les affaires du Cameroun appartiennent d’abord aux Camerounais. Nous savons mieux que quiconque ce qui est bien pour nous. Nous savons mieux que quiconque qui est qui dans notre pays. Il ne faut pas que les gens croient que  la légitimité va se chercher ailleurs que dans notre propre pays. Et pour nous, pour l’instant, le meilleur candidat, le meilleur cheval, ça reste le président Paul Biya. Et nous n’avons aucun problème là-dessus. Il n’y a pas d’équivoque là-dessus … Maintenant les camerounais sont libres de se présenter s’ils remplissent des conditions, le peuple camerounais décidera. Le choix est ouvert ». Voilà quelques déclarations fortes que René Emmanuel Sadi, le secrétaire général du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), parti au pouvoir au Cameroun, a faites à la chaine de télévision privée, Equinoxe télévision, vendredi 10 juin, a la fin d’un grand meeting organisé à Kribi, la cité balnéaire au sud du Cameroun. Tout le long du meeting, les différents orateurs, parmi lesquels le secrétaire général des services du premier ministère, Jules Doret Ndongo, ont insisté, à l’intention de l’opinion publique nationale et plus manifestement internationale, sur la capacité des camerounais à gérer eux-mêmes leurs propres affaires. Sans avoir recours à quelque puissance étrangère que ce soit.

Qu’une telle position soit aussi ouvertement exprimée, et avec force, par d’aussi hauts cadres du parti au pouvoir, et de surcroît membres du gouvernement, n’est point innocent. Elle est même révélatrice d’un malaise que le pouvoir ne peut contenir plus longtemps. Dans la foulée, et comme par hasard, d’autres cadres du Rdpc vont emboiter le pas à leur secrétaire général.

Un confrère paraissant à Yaoundé a opportunément publié cette semaine pas moins de cinq contributions de militants plus ou moins connus du Rassemblement démocratique du Peuple camerounais. Ceux-ci ne se sont point embarrassés de la diplomatie de leurs chefs qui se sont bornés à rappeler comment les camerounais n’ont besoin de personne pour résoudre leurs problèmes. Ils ont carrément désigné, sans fards, les présidents Obama des Etats-Unis et Sarkozy de France, comme étant les principales menaces à la réélection en 2011 de leur champion, le président Paul Biya.

Morceaux choisis : « Vous (Barack Obama) êtes entré à la Maison Blanche comme une colombe, arrachant au passage un prix Nobel de la paix. Deux ans plus tard, je vous y retrouve comme un chef de guerre. Du soutien armé accordé aux insurgés dans le Maghreb arabe aux coups de pouce multiformes qui mettent aujourd’hui tout le Moyen Orient en ébullition, vous voilà annoncé en Afrique, au sud du Sahara, viseur, longue vue et Mag spécial, braqué sur le Cameroun de Paul Biya. Il paraît que vous avez pris langue avec le président français pour mettre entre parenthèses la constitution de la République du Cameroun et les aspirations profondes du peuple camerounais, résolu à jouir de sa souveraineté ».

Elan nationaliste

Les autres ne sont pas loin de cette thèse. Et comme il est de tradition au Cameroun, on n’est pas loin d’une avalanche de motions de soutien au président de la République que des « ennemis du Cameroun venus de l’extérieur » viendraient chasser du pouvoir. Traditionnellement, les hommes d’Etoudi à ces occasions, font les morts. Et laissent prospérer « les appels de ralliement ou les motions de soutien du peuple au chef suprême ». Il n’est pas innocent que cette fois-ci, ce soit l’un des collaborateurs immédiats de Paul Biya qui soit le premier à mettre les étrangers en garde contre l’ingérence dans les affaires intérieures du Cameroun.

Ce qui apparaît ici comme un élan nationaliste subit des hommes du pouvoir, a de quoi étonner, à plus d’un titre. Par exemple, quand le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) s’est engagé à accompagner le Cameroun dans le processus électoral (fourniture des urnes transparentes, informatisation du fichier électoral…), on n’y a point vu une ingérence étrangère. Et à travers la même coopération bilatérale ou multilatérale, les cas d’assistance que des pays amis apportent au Cameroun sont innombrables.

Il est pourtant légitime, et c’est d’ailleurs l’idéal, que les camerounais soient les premiers à rechercher en interne les solutions à leurs problèmes. Sans influence de l’extérieur. C’est pourtant ce que la classe politique camerounaise, notamment les formations politiques de l’opposition, se démène en vain depuis des décennies, à faire comprendre au régime de Yaoundé. C’est-à-dire la nécessité d’engager un véritable débat démocratique sur le processus électoral au Cameroun. Comme à Yaoundé on découvre subitement, même sur le tard, que les affaires du Cameroun peuvent être efficacement gérées par ses fils, le président Paul Biya détient encore tous les leviers du pouvoir. C’est l’occasion d’une main tendue que seuls les Camerounais de mauvaise foi refuseraient de serrer. Mieux vaut tard que jamais.

David Nouwou

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