Un point de presse de soutien à Paul Biya interdit à Yaoundé

Agissant sous le couvert des élites du « grand Nord », le préfet du Mfoundi envoie dans un hôtel de la place, une dizaine de policiers semer la pagaille et terroriser les journalistes au motif de l’interdiction d’un point de presse organisé par des jeunes du Septentrion.

Mercredi 15 juin 2011, Jeunesse arc-en-ciel de septentrion (Jacsept), qui n’est rien d’autre qu’une association regroupant de jeunes résidents du septentrion, a voulu désaxer les élites du « grand Nord » aux affaires, pour dire leur soutien à la candidature de Paul Biya, au détour de la tenue d’un point de presse au Somatel hôtel de Yaoundé. A 10 heures, alors que la salle grouille de monde, environ une douzaine de représentants des médias et une dizaine de cameramen, on assiste à un revirement spectaculaire.

De fil en aiguille, alors que l’attente devient de plus en plus longue, une heure de temps après, le facilitateur de la rencontre entre les jeunes résidents du septentrion et les journalistes fait son entrée dans la salle. « Le préfet du Mfoundi, sans interdire ce point de presse, veut qu’il se tienne en sa présence. En réalité, il pense qu’au regard de la période assez sensible et de l’entrée en force des vendeurs d’illusions et apprentis sorciers qui veulent désorienter les jeunes, il y a urgence à canaliser cette jeunesse, en tamisant certains discours » avoue-t-il. Avant de rassurer les journalistes à l’idée que tout est en train d’être mis en ordre pour que le point de presse ait lieu. Alors que l’échange avec le facilitateur se fait, en bas, les quatre conférenciers, conduit par Moktar Oumarou, le président de la « Jeunesse Arc-en-Ciel du septentrion », reçoit un coup de fil qui le somme de «détaler en vitesse , au risque de se faire interpeller par les forces de l’ordre, en route pour « disperser » journalistes et organisateurs ».

Des journalistes pris en « otages »

 La vingtaine des journalistes et cameramen, étaient-elle encore au pied de l’ascenseur de l’hôtel, qu’ils se trouvent nez à nez avec une dizaine de policiers conduits par deux officiers, à l’air fougueux. « Vous allez où ; que personne ne bouge ; restez où vous êtes si vous voulez que rien ne vous arrive » lance le chef de la patrouille. Toutes les explications apportées par les journalistes, à l’idée que le point de presse soit avorté et qu’ils n’aient jamais vu les organisateurs, seront vaines. En plus de faire planer la menace de confisquer le matériel de travail des cameramen, les policiers accentuent le supplice des journalistes, en les faisant croire qu’ils vont être embarqués pour le commissariat. Mêmes les concierges en prennent pour leur compte. Les policiers du 2ème arrondissement, visiblement en mission commandée, n’ont pas l’air de blaguer. Malgré le fait que les journalistes se plient aux caprices de l’autorité administrative, les policiers continuent de surchauffer l’ambiance.

Focal. La peur noire de l’élite du Nord

Dans quelques jours, quelques semaines, peut-être au mois d’octobre,, si le calendrier électoral est respecté, les Camerounais devraient aller aux urnes pour élire un président de la République. A quelques jours, semaines ou mois du prochain scrutin présidentiel, il n’y a plus seulement que les « affidés » du régime du parti au pouvoir, qui veulent stériliser la vie politique à leur taille et perpétuer à la tête de l’Etat Paul Biya qui gouverne le pays depuis 1982. De nombreuses organisations, des regroupements, se lèvent de part et d’autre, pour donner leur son de cloche, jouer leur partition et faire entendre leur voix.

Les jeunes du Nord ne sont pas en reste. Mais alors qu’ils essaient la manœuvre qui a la cote en ce moment, elle est réprimée avec véhémence.  Mais qui a eu donc peur de voir les jeunes du septentrion s’adresser aux journalistes ? Qui redoute que cette jeunesse qui a marre de voir des élites qui s’éternisent aux affaires, daigner vouloir discuter directement avec les pontes du régime, sans intermédiaire ? Les spécialistes de l’analyse politique s’accordent à dire que la jeunesse est irritée et s’indigne de ce que les élites du «Grand Nord» continuent de la snober. Face à cette folle envie de sortir du cirque où des saltimbanques malhabiles traitent le «peuple asservi pour moins que rien », il y a lieu de croire que la bataille dans les vestiaires va se poursuivre.

Souley ONOHIOLO

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