Un décret du président camerounais Paul Biya publié jeudi soir a nommé six nouveaux membres au conseil électoral d’ELECAM, organe à caractère indépendant chargé de l’organisation et de la gestion des élections au Cameroun, suite à l’élargissement de cette instance de 12 à 18 membres par une nouvelle loi votée par l’Assemblée nationale en mars.
Les six personnalités nommées sont issues de divers horizons : classe politique, société civile et milieux religieux. Premier cité sur la liste, Mgr. Dieudonné Watio est évêque de l’Eglise catholique romaine à Bafoussam, dans l’Ouest du Cameroun.
Deux femmes y figurent, dont Delphine Tsanga, ex-ministre du régime du défunt et premier président Ahmadou Ahidjo et vice- présidente de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès ( UNDP), formation dirigée par l’actuel ministre d’Etat en charge des Transports, Maïgari Bello Bouba, et allié du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).
Pauline Biyong, la deuxième femme, ancien cadre de ce même parti que l’opinion publique camerounaise a du mal à ranger dans l’ opposition, se réclame davantage aujourd’hui de la société civile. Fondatrice d’un périodique du nom de La Coté, elle possède une association dédiée à l’enfance et à la femme, la Lefe.
La principale attraction s’appelle plutôt Pierre Titi Nwel, professeur d’université en sociologie doublé de la casquette de médiateur social général de la société civile, coordonnateur national de la Commission électorale citoyenne indépendante, membre fondateur de la Plateforme de la société civile pour la démocratie regroupant une quarantaine d’ONG (organisations non gouvernementales) spécialisées dans les élections.
Généralement observateur électoral sous la bannière de la Commission justice et paix de l’Eglise catholique, le Pr. Titi Nwel se distinguait ces derniers temps par des déclarations à la presse dont un entretien à Xinhua remettant en cause l’ indépendance et l’impartialité d’ELECAM qui, après sa création en 2006 et sa mise en place en 2009, sera à son premier test électoral lors de la prochaine élection présidentielle prévue en octobre.
“C’est une responsabilité au niveau de l’Etat que j’accueille très humblement. On est là, on verra”, a-t-il simplement déclaré jeudi soir l’éminent sociologue, joint par Xinhua.
Accusant le pouvoir d’avoir confié tous les 12 sièges du conseil électoral d’ELECAM à d’anciens cadres du RDPC, l’ opposition brandissait des menaces de boycott de la présidentielle en perspective. Un nouveau projet de loi proposant l’élargissement à 18 postes a été soumis à l’examen et voté par les parlementaires en mars.