Côte d’Ivoire: Wodie, la bequille contitutionelle de Ouattara

Depuis plus d’une décennie, la Côte d’Ivoire est en proie à une crise riche en rebondissements et en recherche de solutions tous azimuts. Une des solutions est de bâtir un état de droit.

Pour ce faire, il est indispensable non seulement de disposer d’institutions fortes, mais aussi de bénéficier  de conseils avisés de juristes expérimentés et compétents. C’est ainsi que les prises de position du Professeur Francis Vangah WODIE, éminent constitutionnaliste, mais aussi homme politique, sont souvent attendues dans le débat national.

Avant 1990, Francis WODIE (photo) était connu comme professeur de droit constitutionnel, militant de plusieurs syndicats dont le SYNARES (Syndicat National de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) et aussi d’associations de défense des droits de l’homme.

En 1990, au retour du multipartisme dans notre pays, avec d’autres camarades il crée le Parti Ivoirien des Travailleurs (P.I.T) d’obédience socio-démocrate. Il fut le premier responsable dudit parti depuis sa création jusqu’à novembre 2010, date de sa démission, suite à ses mauvais résultats successifs aux élections présidentielles. La vie politique de WODIE pendant ces vingt dernières années est intimement liée à celle du PIT et présente de nombreuses contradictions.

Dans cette crise militaro-politique qui secoue notre pays depuis septembre 2002, le PIT avait opté pour une troisième voie qui consistait à ne soutenir aucun des deux camps. Sans doute, ce choix avait l’avantage de mettre le PIT en bonne position pour la réconciliation des frères-ennemis, mais il présentait sûrement l’inconvénient de mettre sur le même pied d’égalité la violence d’agression des rebelles armés de Ouattara, acte condamnable, et la légitime défense de l’armée nationale.

Cette position injuste, anticonstitutionnelle, qui manquait de courage politique était intenable et incompréhensible pour de nombreux ivoiriens qui l’assimilait à un refus de soutien à l’état agressé.

Malgré tout, le PIT est resté dans sa logique de ne pas servir de force d’appoint ou béquille à aucune autre formation politique et cela jusqu’à la tenue de la table ronde de Marcoussis en France. Au terme des travaux de cette rencontre, la France de CHIRAC signifia aux participants, l’obligation de convaincre leurs partisans, du bien fondé des décisions arrêtées et la nécessité de leur stricte application.

De retour de Marcoussis où il avait conduit la délégation du PIT, Francis WODIE, à l’instar des dirigeants du groupe des sept (G7) comprenant quatre partis politiques (PDCI, RDR, UDPCI et MFA) et trois mouvements rebelles, invite son parti à soutenir l’application des décisions de la table ronde conformément aux directives de Chirac, lesquelles décisions ne respectaient pas la constitution ivoirienne, demandaient la suspension de nos institutions et dépouillaient le Président de la République d’une grande partie de ses pouvoirs. Le Professeur WODIE, contre toute attente, a plié l’échine devant son homologue français Pierre MAZEAUD, abandonnant ainsi sa voie d’apparente neutralité pour se rapprocher du G7 qui deviendra plus tard le RHDP.

Interrogé plusieurs fois sur ces décisions anticonstitutionnelles de Marcoussis, il donnait invariablement la réponse lapidaire suivante. « J’étais à Paris comme homme politique et non comme professeur de droit ». Pour WODIE donc, la politique prime sur le droit.

De ce qui précède, on a cru à un flirt passager avec le groupe politico-rebelle. Mais son accord pour des élections avant le désarmement, en contradiction avec la constitution, et son choix porté sur OUATTARA, après le premier tour de l’élection présidentielle, confirmeront l’abandon de la troisième voie, voie de neutralité, chère à WODIE.
A l’issue du premier tour, un candidat de chaque famille politique est resté dans la course : Ouattara pour le groupe politico-rebelle et GBAGBO pour le camp des socio-démocrates auquel fait partie le PIT de WODIE.

On pensait logiquement que chaque sensibilité politique allait soutenir le candidat de sa famille, c’est-à-dire, le PIT, parti de gauche, appelant à voter  le candidat de gauche (GBAGBO) contre celui du RHDP (Ouattara). WODIE, après avoir démissionné pour les raisons évoquées plus haut, fait un dribble digne du footballeur brésilien Garincha pour revenir précipitamment à la tête du PIT et conduire sa faction étiolée des patriotes, à soutenir le candidat Ouattara. L’homme qui ne voulait supporter aucun camp, abandonne son apparente neutralité pour servir de béquille à Ouattara.

De plus, après l’expiration du délai légal de la proclamation des résultats provisoire, le Président de la CEI, Monsieur BAKAYOKO, à l’insu des autres membres de la commission centrale, a lu hâtivement et sans justification des résultats truqués au QG de campagne du camp Ouattara. Le Conseil Constitutionnel, organe suprême des élections, après constatation de la forclusion, s’est autosaisi pour délibérer et proclamer les résultats officiels et définitifs déclarant Le Président GBAGBO vainqueur. Le PIT, version WODIE, n’a pas daigné soutenir la légalité constitutionnelle, une fois de plus.

Pire, après les bombardements, par l’armée française des symboles de l’état ivoirien au cours du coup d’état militaire contre le Président régulièrement réélu Laurent GBAGBO, le PIT de WODIE est resté de marbre devant ces agissements barbares. Une fois de plus l’homme politique WODIE prend le pas sur le constitutionnaliste.

Face à ces atrocités et pour se dédouaner du coup d’état militaire, la France et Ouattara cherchent à donner au régime qu’ils ont mis en place, une légitimité intérieure que celui-ci n’a pas. A cet effet, ils sollicitent le soutien de quelques leaders nationaux, acquis à leur cause. C’est le sens qu’il faut donner à l’appel lancé au Professeur WODIE pour entrer au Conseil Constitutionnel, comme Président de cette institution, un Président Professeur émérite de droit constitutionnel pour qui, la politique est au dessus des lois, comme il l’a si bien montré tout au long de cette grave crise politico-militaire. Notons que sa nomination anticonstitutionnelle s’est faite avant l’expiration du mandat du précédent Président de ladite institution.

Que vient chercher le cher Maître WODIE dans cet environnement où le droit est bafoué de la pire des manières (arrestations et emprisonnements extrajudiciaires, nominations anticonstitutionnelles, tueries massives par les forces pro-Ouattara, gels arbitraires des comptes bancaires des proches de GBAGBO Président constitutionnellement élu, etc.).

C’est dans cette atmosphère d’insécurité quasi totale, où l’exécutif imposé aux ivoiriens par la France, traque tous ses adversaires sans discernement, un exécutif qui parle de réconciliation en transformant les villes du Nord en prisons pour les enfants de Côte d’Ivoire que WODIE va se vautrer.

WODIE accepte donc d’être la béquille de Ouattara et quelle béquille ! Il s’agit de donner au pouvoir un semblant de légalité, de donner au coup d’état électoral et militaire de la France un vernis de démocratie, de donner au pouvoir du parrain de la rébellion (selon KONE Zacharia, un des criminels chefs de guerre pro-Ouattara) un semblant de liberté.

Mais le fait le plus décrié, est qu’en tant qu’expert en droit constitutionnel, WODIE n’ait pu réagir, en son temps, aux arguties juridiques de Marcoussis et pire, il se met au service de l’impérialisme français au moment où la France réalise une mainmise totale sur la Côte d’Ivoire, par la confiscation de tous les moyens de défense de l’état : l’armée, la gendarmerie, la police et même la justice sont aux ordres. A la Présidence de la République, au lieu d’installer un homme de Neuilly sur Seine (France), la coalition France-ONU-USA, place un gouverneur ressortissant de la Haute Volta (actuel Burkina Faso). Ah ! Quel triste constat ! Le colon ne vient pas toujours du côté de la Métropole.

D’aucuns auraient souhaité ne pas voir le Professeur WODIE parmi les charognards sur le corps agonisant de la mère patrie, mais hélas aujourd’hui il est une béquille qui soutient le pouvoir Ouattara.

Cette béquille sera surtout utilisée, sur les terrains les plus glissants de la nationalité douteuse de Ouattara, les plus accidentés des crimes de la rébellion, les plus mouvants du néocolonialisme français. Le Professeur WODIE pourra-t-il avaler toutes ces couleuvres au détriment de son pays, la Côte d’Ivoire ?

Il est aussi important de savoir de quelle matière cette béquille est-elle faite ? En or, en argent, matériaux nobles, purs, et résistants ou bien en bois, matériau naturel, disponible en grande quantité en Côte d’Ivoire, pas très solide, pas très fidèle, susceptible de s’user, de se déformer, de se casser ? Certainement du bois de fromager. Le parcours de l’homme politique l’atteste éloquemment : au début de sa carrière politique, un homme de gauche, puis ensuite quelqu’un qui se veut ni à gauche ni à droite, et enfin, après des pirouettes dont lui seul a le secret, se retrouve à droite, en réalité contre son camp politique naturel et toujours contre l’homme GBAGBO. Que reproche-t-il à ce dernier ?
.
En vérité, le soutien ouvert et franc de Francis WODIE aux Français dans la situation actuelle de la Côte d’Ivoire montre qu’il n’a fait que naviguer sous un pavillon de complaisance dans les milieux de gauche qu’il avait fréquentés et qui sont avant tout anti-impérialistes.

L’homme qui ne voulait pas être la béquille de GBAGBO, son homologue de gauche, patriote, démocrate, nationaliste, digne fils de ce pays et d’Afrique, est devenu aujourd’hui, la béquille de Ouattara, le Président de l’étranger, imposé par le coup d’état électoral et militaire de la France impérialiste.

Qui sera la prochaine béquille ? Peut-être Mamadou KOULIBALY, un autre membre de gauche, révélé aux ivoiriens par le FPI, Président de l’Assemblée Nationale, ex-Président intérimaire du FPI qui vient de planter lâchement un poignard dans le dos du parti qui l’a formaté politiquement et qui piaffe d’impatience dans l’antichambre du nouveau régime déjà dictatorial.

Une contribution de patriotes seniors.

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