Un accident cardiovasculaire a foudroyé Me Augustin Mbami, le trésorier et conseiller juridique national du Social Democratic front ce lundi en milieu de matinée à Douala. La nouvelle de la mort de Me Augustin Mbami a fait l’effet d’une bombe dans la capitale économique du Cameroun.
L’annonce a été d’abord faite sur le site « 237 » des journalistes camerounais. Puis immédiatement relayée par la Radio et la télévision Equinoxe. Selon des informations concordantes des proches qui ont vécu les derniers instants de sa vie, cet avocat au barreau du Cameroun est revenu au petit matin de ce lundi, après une soirée d’un long week-end. Il rentre donc à sa résidence du quartier chic de Bonapriso comme d’ordinaire. L’un des derniers contacts qu’il a eus pour s’assurer d’un rendez-vous en mi-journée est le deuxième vice-président du Social democratic front (Sdf), Joshua Osih, l’un de ses compagnons du soir. Il est 10 h 8 mm. Puis c’est la nouvelle de sa mort qui est annoncée à ce camarade du parti quelques temps après…
Selon des témoignages, il a ressenti « un petit malaise » le matin. Il l’a signalé à ses proches. En passant. Puis il s’en rendu à la pharmacie pour prendre quelques médicaments, avant d’aller chez son médecin. Simple précaution, croit-on savoir. Une précaution de routine. Il s’est mis au volant de son véhicule pour toutes ces courses. Arrivé à la clinique, son médecin dont la résidence jouxte la clinique n’est pas encore dans son cabinet. Il fait un détour et sonne chez lui. Quand celui-ci descend pour le recevoir, l’avocat s’est déjà effondré, sans avoir le temps de crier au secours. Peut-être était-il déjà mort avant l’arrivée de ce secours. Pendant plus d’une heure, le médecin va tenter, assisté d’autres collègues, de le réanimer. En vain…
« Bon débatteur »
Jean Robert Wafo, le responsable de la communication du Sdf et proche collaborateur du défunt dans ses stratégies politiques, résume ses dernières sorties publiques : « bon débatteur, il aura tout fait, et ce jusqu’à la veille de sa mort, pour que notre pays sorte de l’obscurantisme dans lequel il est plongé. Ses deux dernières prestations politico-médiatiques la veille de sa mort ont été très édifiantes. Il a eu droit à une véritable journée marathon. Invité de l’émission Tête d’Affiche la veille de sa mort sur la Fm 105 Crtv de 10h30mn à 12h, il a fait une déclaration fort prémonitoire en disant qu’il s’est battu, qu’il continuera de se battre et qu’il est temps pour les jeunes générations de prendre le relais et surtout de densifier le combat pour l’avènement d’un Cameroun meilleur. Immédiatement après, il est allé à l’émission « Droit de Réponse » sur Equinoxe Télé où il a pu, avec les talents de bon débatteur qu’on lui connaît, défendre les positions du parti en rapport avec les prochaines échéances électorales. Sa mort constitue pour le SDF Littoral un séisme politique majeur ». Avant e conclure : « Me Mbami était notre bouclier ».
Jusqu’en début d’après-midi à la morgue de l’hôpital de la garnison militaire hier où le corps a été gardé, des centaines d’amis et de connaissances ont accouru, pour se rendre effectivement compte que la nouvelle est confirmée. Le chanteur Lapiro de Mbanga dont il a défendu énergiquement le dossier ces dernières années, a couvert les 70 km qui séparent Mbanga de Douala en catastrophe. « Je voulais venir sur place me rendre compte que c’est la vérité », confie l’artiste à son arrivée à la morgue hier en fin de matinée.
Parcours atypique
Me Augustin Mbami était hypertendu. « Un choc a dû forcer le cœur qui a lâché », explique discrètement une source médicale. L’homme présente un parcours atypique. Originaire de Bangoulap dans le département du Ndé (Région de l’Ouest Cameroun), il fait ses études secondaires à Nkongsamba et à Yaoundé. Son père souhaitait qu’il devienne médecin. C’est ainsi qu’il va même obtenir le certificat de technicien supérieur de la santé. Mais une fois que son géniteur l’envoie poursuivre ses études médicales en France, il change d’orientation pour s’inscrire plutôt à l’Institut judiciaire Henri Motulsky. Il revient de France nanti d’un DEA.
Entre 1983 et 1991, il est chef de la cellule juridique et du contentieux à la compagnie Mobil Oil. Mais il démissionne pour s’inscrire en stage dans un cabinet d’avocat. Depuis 1994, il est avocat au barreau du Cameroun.
Mordu de la politique, il adhère au Sdf depuis 1990, avant la légalisation de cette formation politique. Ephémère secrétaire général adjoint du Sdf entre 1991 et 1992, il en devient le trésorier national depuis 1995. Une longévité au poste qui, au Sdf, n’a d’égale que celle du président national, Ni John Fru Ndi dont tous s’accordent à dire dans la première force de l’opposition camerounaise qu’il était l’un des plus intimes et des plus fidèles lieutenants. C’est peut-être dans la logique de cette intimité que depuis une dizaine d’années, sa résidence de Bonapriso est l’une des rares chez qui le Chairman pose systématiquement ses valises lorsqu’il est à Douala, dans une suite qui est spécialement aménagée pour l’accueillir.