KINSHASA (RDCongo) – La police a dispersé avec des grenades lacrymogènes jeudi à Kinshasa une manifestation du parti du chef de file de l’opposition en République démocratique du Congo et candidat à la présidentielle de novembre, Etienne Tshisekedi.
La manifestation, partie en milieu de matinée du siège de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a été stoppée en début d’après-midi par les policiers à l’arrivée des quelques milliers de manifestants aux abords du siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), dans le quartier de la Gombe.
La police d’intervention rapide (PIR), postée de part et d’autre de la Céni sur le boulevard du 30 juin, la grande artère de la capitale, a tiré des grenades lacrymogènes sur les manifestants qui se sont dispersés.
L’UDPS entendait déposer à la Céni un mémorandum réclamant la transparence du processus électoral, un audit du fichier électoral et la cartographie des bureaux de vote, a déclaré à l’AFP Jacques Shabani, son secrétaire général, en dénonçant la répression violente d’une manifestation non violente.
Après la dispersion de la manifestation, un petit groupe de manifestants a jeté des pierres en direction de policiers venus à leur rencontre et qui leur ont renvoyé les mêmes projectiles, sans faire de blessés.
M. Shabani a fait état, sans autre précisions, de blessés et d’arrestations, ainsi que de tirs à balles réelles des policiers. Interrogé par l’AFP, le responsable de la police à Kinshasa, le général Jean de Dieu Oleka, a simplement indiqué que des manifestants avaient incendié quelques véhicules.
Dans un communiqué publié dans la soirée, l’Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), a dénoncé des agressions physiques dont ont été victimes quatre journalistes cameramen de médias privés et de la radio télévision nationale (RTNC), lors de la dispersion de la manifestation.
L’un a été battu et son matériel confisqué par des éléments de la Police nationale congolaise (PNC), selon l’OLPA.
Les trois autres ont été pris à partie et gravement blessés par des individus en tenue civile quils ont identifiés comme étant des membres de la Ligue des jeunes du parti présidentiel PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), affirme l’Observatoire, dénonçant des actes de violence aveugle contre les professionnels de la presse en plein exercice de leur métier.
Selon la Radio Okapi, parrainée par l’ONU, des incidents entre forces de l’ordre et opposants ont eu lieu lors d’autres manifestations de l’UDPS notamment à Mbuji-Maï, chef-lieu de la province du Kasaï-Oriental (centre), et Goma (est), au Nord-Kivu. Plusieurs personnes et des policiers ont été blessés et des manifestants arrêtés, indique la radio.
Candidat déclaré à la présidentielle prévue le 28 novembre, en même temps que les législatives, l’opposant historique Etienne Tshisekedi, 79 ans, avait appelé au boycott des élections en 2006, les estimant entachées d’irrégularités.
Début juillet, également devant la Céni à Kinshasa, la police avait tiré en l’air et des gaz lacrymogènes pour disperser une manifestation de l’opposition au cours de laquelle deux manifestants étaient morts selon l’opposition, le gouvernement affirmant qu’un seul homme était décédé de mort naturelle.