Alerte. Un complot se prépare contre Gbagbo

A l’allure où vont les choses, il n’est pas exclu que des forces militaires attentent à la vie du président Gbagbo détenu à Korhogo, dans le nord du pays, dans des conditions obscures. Les éléments d’une telle tragédie se mettent en place.

La tension est montée d’un cran sur le front sociopolitique, depuis une dizaine de jours, avec la répression violente des meetings du Front populaire ivoirien (FPI) à Koumassi, puis à Yopougon. Sans compter l’attaque imaginaire du camp de gendarmerie d’Agban, assimilée à une mutinerie et l’arrestation de l’aide de camp de la Première dame Simone Gbagbo, le commandant Anselme Séka Yapo dit Séka Séka. Des faits qui donnent lieu à des interprétations et analyses les plus affabulatoires. Mais derrière la résurgence de la violence marquée par ces faux complots et velléités imaginaires d’atteinte à la sureté de l’Etat, se cache la volonté du nouveau régime d’éliminer physiquement le président Gbagbo, actuellement détenu à Korhogo.

Il est à craindre en effet une attaque montée de toutes pièces par le régime pour simuler une tentative d’évasion du président Gbagbo qui se solderait par son assassinat. Dans cette logique, tout ce qui se passe actuellement concourt à faire admettre d’ores et déjà à l’opinion nationale et internationale, quand ce plan diabolique aura été mis à exécution, que le drame s’est produit alors que le prisonnier politique tentait de s’évader de son lieu de détention. L’armée de Guillaume Soro n’aurait alors, selon leur logique, fait que contenir les assauts d’un commando qui aurait lancé une attaque dans l’intention de libérer Laurent Gbagbo. C’est à un tel drame que renvoie l’enchainement à la limite grotesque de faits supposés subversifs dont on accuse sans fondement le FPI et de la prétendue mutinerie à la gendarmerie nationale.

Dans les faits, on note de façon stratégique une montée de la violence dont on accuse les partisans du président Gbagbo du sud vers la moitié nord du pays où il est détenu par un des chefs de l’ex-rébellion aujourd’hui au pouvoir, avec la présence de son secrétaire général Soro Guillaume au poste de Premier ministre.

Le cas Séka Séka

Dans ce sens, on prête au commandant Séka Séka, arrêté samedi à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny de Port-Bouët, de préparer un coup d’Etat. L’officier en exil se rendait en Guinée voisine, selon le régime, dans l’intention de recruter des mercenaires, afin de planifier une attaque sur la ville de Korhogo où le président est détenu. Et pour donner du coffre à cette thèse, les sécurocrates du nouveau régime mettent en avant le fait que l’officier en exil ait en sa possession, au moment de son arrestation, une somme estimée tantôt à 31 millions tantôt à 5 millions de Fcfa. Comme si une telle somme suffisait pour acheter des armes et des moyens logistiques pour un coup d’Etat.

L’opération qu’on accuse Séka Séka d’avoir planifié, devait partir de la région d’Odienné frontalière avec la Guinée, avec pour objectif de faire évader le prisonnier politique Laurent Gbagbo. Il s’agit là d’un scénario digne du célèbre acteur américain Jack Bauer, dans la série 24 Heures chrono. De la pure fiction avec laquelle il espère tromper la vigilance de la communauté dite internationale à ses petits soins et qui pourrait lui donner un ultime coup de pouce d’ailleurs à travers les éléments de l’Onuci qui assurent la sécurité du président Gbagbo que le régime veut éliminer.Coûte que vaille.

L’autre fait intriguant, c’est l’attaque supposée du véhicule de Chérif Ousmane, rapportée par un confrère proche du parti au pouvoir, qui fait penser que même dans la zone CNO aux mains des FN depuis près d’une décennie, des partisans de Gbagbo sont prêts à mener des actions subversives contre le régime. Un scénario digne de la République des faux complots et qui préfigure une vaste opération d’élimination des citoyens que le régime trouve gênants.

Les nouveaux dirigeants savent pourtant qu’une attaque contre le cortège de Chérif Ousmane dans les environs de Djébonoua, à quelques kilomètres de Bouaké, le fief de la rébellion Mpci, ne peut être le fait de prétendus pro-Gbagbo qui ambitionneraient de mettre le pays à feu et à sang. Une telle action de guérilla est plutôt à mettre au compte des éléments des Fafn, qui arborent fièrement aujourd’hui la tunique Frci, mais dont un grand nombre s’est reconverti dans le grand banditisme. Le ministre Hamed Bakayoko de l’Intérieur et son collègue Paul Koffi Koffi, délégué à la Défense, le savent très bien.

La phobie qui conduit au meurtre

Le régime Ouattara, qui peine à convaincre les Ivoiriens de sa capacité à ressouder le tissu sociopolitique, voit la main des pro-Gbagbo partout. Il se livre donc à un vrai jeu de chaises où les bourreaux deviennent des victimes. Objectif visé : vouer les pro-Gbagbo aux gémonies et réduire au silence l’opposition, politique. La vérité, c’est qu’un éventuel transfèrement du président Gbagbo devant la Cour pénale internationale (CPI), met également de facto dans la ligne de mire des enquêteurs l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara et son Premier ministre Guillaume Soro ainsi que d’un certain nombre de chefs de guerre dont les noms reviennent dans les rapports des organisations des droits de l’Homme depuis le début de la crise militaro politique en Côte d’Ivoire. En dépit du séjour hautement médiatisé en Côte d’Ivoire de Luis Moreno Ocampo, procureur de la Cpi.

Emmanuel Akani

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