Cameroun: Rassembler au delà des clans politiques

Nous devons rassembler au delà des chapelles et des clans politiques!

Les résultats de l’élection présidentielle ont consacré un vainqueur: Le Président Paul Biya. Ils ont aussi confirmé que le grand vainqueur sinon l’unique c’est l’abstention comme d’expression politique qui signifie refus par le peuple camerounais de l’ordre établi; le diktat de l’élite “consacrée et couronnée” par le Président de la République. Quant à l’opposition, elle a été victime de son impréparation (la même maladie que le pouvoir, qu’ELECAM), de ses divisions, des clivages éthniques que nous croyions dépassés. Nous n’avons pas véritablement d’héritage politique! De ce manque d’héritage viennent les querelles intestines, des menaces de mort comme nous avons pu le vivre dans le département de la Mefou et Akono, voire des morts comme à Bandjoun. Voila le grand désespoir des peuples du Cameroun.

Le paradoxe est saisissant : d’un côté nous avons une crise institutionnelle sans précédante puisque les Camerounais ont perdu confiance non seulement aux institutions (Assemblée Nationales, Cour Suprême, Assemblée Nationale) ainsi qu’aux hommes qui les incarnent et les derniers en date sont le Premier Président de la Cour Suprême qui est aussi par la volonté du Chef de l’Etat le Président du Conseil Constitutionnel, le Président du Conseil Electoral Samuel Fonka Azu’u, le Directeur Général des Elections Mohaman Sani Tanimou et enfin Monsieur Clément Atangana le très Président de la Commission Nationale de Recensement des Votes.

Les deux dernières personnalités très effacées et très peu connues du public sont pourtant les chevilles ouvrières du chaos électoral dans lequel le Cameroun est plongé aujourd’hui; de l’autre côté, nous avons un peuple résigné parce qu’abusé à la fois par le pouvoir, les syndicats, les médias et l’opposition. Les camerounais sont fatiqué face à une opposition qui manque cruellement d’imagination, qui peinent à élaborer un projet qui suscite l’espoir et l’enthousiasme. La concertation de Yaoundé qui a accouché de la Déclaration de Yaoundé a montré au grand jour l’incapacité de l’opposition camerounaise à se trouver un porte-parole capable de se présenter devant les camerounais et dire une parole qui vaille.

Pour des millions de camerounais, ce n’est pas le retour à la case départ, c’est pire que cela; le choléra fait des progressions à Douala avec un taux de deux à trois cent nouveaux cas chaque semaine au point d’éclipser le paludisme qui tue tous les jours, le Sida qui continue sa rapide progression dans les foyer; des milliers de camerounais continuent à mourir sur nos routes. Les propositions comme la création d’un Observatoire Nationale de Lutte contre la Délinquance Routière ont été rejetées avec mépris par les bienpensants du renouveau pourtant dans rien ne semble nouveau ici. Les villes et les villages manquent cruellement d’eau pour l’usage quotidien des populations. Voila donc des millions d’hommes et de femmes, des salariés du public comme du privé, la longue fille de chômeurs, jeunes et moins jeunes, d’universitaires et de chercheurs, des intellectuels affamés, le déclin de l’engagement et de la vie politique sont vécus effectivement comme un drame parce qu’ils voient leur destin détruit par ce qui sont chargés de participer à son éclosion.

Le pouvoir!

Dominant avec désinvolture ce paysage sinistré, gonflant à souhait sans trop bien savoir pourquoi, humiliant les vaincus de la dernière élection présidentielle au mépris des leçons que nous donnent l’histoire de l’humanité, le pouvoir croit tenir sa victoire. Face au mécontentement, aux mobilisations sociales même étouffées dans les quartiers avec des brigades d’intimidation voire d’extermination, il s’adapte, s’impose, louvoie et surtout croit dure comme fer qu’il garde le cap. Au prix que l’on sait: une excroissance insidieuse d’un pouvoir trop personnel omniprésent, une méthodique déstruction, au quotidien, de la puissance publique, de l’Etat-Nation en construction, du droit balbutiant. Nous savons tous pourtant ce qu’il y a au bout d’un tel tunnel fut-il long! l’implosion du corps social, du “nous commun” en construction depuis 1884, date à laquelle l’espace public commença à se former dans notre pays. Nous devons collectivement l’éviter à tout prix. Nous devons l’éviter à tout prix

Dès à présent, après avoir semé la psychose auprès des populations comme l’indiquait l’ambassadeur des Etats-Unis lors de sa communication du 19 octobre dernier à Yaoundé, il est urgent que le pouvoir en place à Yaoundé sorte de l’impasse où il s’est enfermé tout seul. Il le doit à tous ceux qui sont convaincu qu’un autre avenir, dans le Cameroun d’aujourd’hui est possible. Les recettes d’hier ne tiennent plus, oui le débochage des partis politiques au sein de l’opposition encore responsable, l’intimidation des populations voire des chefs de village comme cela a été fait il y a encore quelques jours seulement, la montée des prêtres catholiques en prêche pour valider l’invalidable comme ce fameux appel de la Conférence des Evêques sortant une fois de plus de la vocation qui est la sienne dans une société comme la nôtre à la fois laïque et tri-confessionnelle. Nous devons aussi comprendre aujourd’hui, qu’aucun parti ne peut prétendre aujourd’hui, être la force propulsive du progressisme nouveau, et de la dynamique unitaire dont les peuples du Cameroun ont tellement besoin. Nous comprenons aussi mieux que quiconque, après avoir consulté, sillonné le Cameroun, qu’on ne saurait laissé les principaux leaders de partis politiques, comme à leur habitude, faire et défaire les coalitions et les alliances, au gré de leurs intérêts personnel. Pour nous, la solution est ailleurs. Dans l’ensemble du territoire national

Dans l’ensemble du territoire national, au delà des partis politiques qui n’arrivent plus à rassembler, nous devons nous atteler à créer un capital militant de la cause du développement de notre pays, car là réside un formidable potentiel de générosité et d’intelligence citoyenne qui réprésente lui-même une chance de relance de notre pays. Le Cameroun regorge d’un fort vivier d’association de femmes et d’hommes, d’une multitude d’hommes et de femmes qui au quotidien cherchent un espace politique solidaire, efficace et durable, où s’investir pour le changement et l’amélioration du quotidien.

Nous voulons agir

Oui c’est ici que nous situons notre engagement au service de la cause commune. Nous voulons agir pour rassembler les uns et les autres dans l’élaboration commune d’une alternative au delà du l’ultra-libéralisme communautaire, pour mettre en place une véritable social-démocratie c’est à dire une profonde transformation sociale et citoyenne du Cameroun. Nous voulons voir naître un projet qui puisse un jour prochain être porté au gouvernement, et qui s’inspire directement des aspiration, des revendications et des luttes de toutes les forces vives de notre pays.

Cinq axes de réflexion et d’action

Au delà de ce que nous avons défendu durant la pré-campagne dans les villages et les villes de notre pays, cinq axes de réflexion et d’action nous semblent aujourd’hui prioritaires:
prioritaires :

1. La définition d’une nouvelle éthique de la République et de la vie politique.
2. L’approfondissement de la démocratie sociale et citoyenne.
3. Le combat l’intégration de toutes les tribus et ethnies du Cameroun dans le “nous-commun”.
4. La reconstruction de notre société autour des principes de justice sociale, d’égalité d’accès aux savoirs et à la culture.
5. La conception d’un nouveau modèle de développement économique qui soit à la fois social, écologique et démocrate.

Sans prétention aucune, nous appelons au rassemblement sans delai de toutes celles et de tous ceux qui estiment urgent de se retrouver dans une démarche unitaire, en pleine autonomie, au-delà des appareils politiques, non pas contre eux mais en rejetant toute hégémonie. Oui, j’appelle toutes celles et de tous ceux qui désirent participer à l’écriture d’une nouvelle page de l’histoire politique de notre pays à s’unir. Pour cela, nous voulons voir naître à travers tout le triangle national, des espaces de dialogue, d’organisation et d’action. L’avenir de nos enfants, notre propre devenir en dépendent aujourd’hui et demain. C’est ainsi que nous bâtirons les victoires de demain.

Dr Vincent-Sosthène FOUDA

Facebook Comments
- Publicité -

Plus populaires

  Ludovic Lado, a été viré de l'UCAC (Université Catholique d'Afrique Centrale)...
En mutant 30 chefs de terre des départements sur 58  et...
L'exécution de Kadhafi a renversé l'ordre établi et rendu l'esclavage des...

Autres actualités

RDC : Les Renseignements militaires aux trousses de la jumelle de l’ex-dictateur Kabila (J.A.)

La sœur jumelle de l’ancien président congolais a été auditionnée ce vendredi 15 mars pendant plus de quatre heures dans les...

Quel pays de l’OTAN n’a pas de troupes en Ukraine ? Les États-Unis, le...

Les discussions européennes sur l’envoi de troupes occultent le fait que plusieurs pays de l’OTAN ont déjà des troupes sur le terrain.

Le Royaume-Uni envisage de payer les demandeurs d’asile pour leur déportation au Rwanda (Al...

Les plans sont distincts du projet de loi sur le Rwanda, un plan bloqué visant à expulser de force la plupart...

Gabon – Qui a enlevé et séquestré les leaders syndicaux Alain Mouagouadi et Thierry...

Au Gabon, Alain Mouagouadi et Thierry Nkoulou, deux leaders syndicaux, ont été enlevés et séquestrés pendant près de deux jours...

Sénégal : Libération de Ousmane Sonko et Diomaye Faye à 10 jours de la...

Abubakr Diallo Après 8 mois passés en détention, le leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, a été...
- Publicité -
Facebook Comments
WordPress » Erreur

Il y a eu une erreur critique sur ce site.

En apprendre plus sur le débogage de WordPress.