Les maîtres-menteurs…

Kadhafi – Obama: la poignée de main au condamné…

Les informations, relatives à la capture suivie de l’exécution sommaire de Mouammar Kadhafi, s’additionnent depuis le jeudi 20 Octobre. 

Elles dévoilent, dans un crescendo barbare, la véritable nature des combattants autochtones qui ont pris part à la chute de la Jamahiriya arabe libyenne. Elles mettent également en lumière responsabilité pénale et la pratique cynique du mensonge d’État de gouvernants occidentaux ayant œuvré de concert à l’assassinat du Guide. 

Barack Obama, le prix Nobel de la guerre interrogé dans l’émission télévisée The Tonight Show, a eu des paroles claires.(1) 

Il s’est fait l’écho du discours tenu par ses alliés, mettant un point final à une guerre crapuleuse, se soldant par la mort de milliers de civils.

L’assassinat de chef d’état, la nouvelle doctrine occidentale…

Les mots du président américain sont sans équivoque. Répondant à  Jay Leno, il a péremptoirement déclaré qu'”à l’évidence, on n’aime pas voir qui que ce soit finir de la façon dont il a fini, mais je pense que cela envoie un message fort aux dictateurs à travers le monde“. 

Cette déclaration est riche en enseignements, et pour qui sait lire entre les lignes, elle s’apparente à une menace non-voilée émanant du général en chef de l’action terroriste occidentale. 

Est édictée de manière lapidaire et sibylline, la nouvelle doctrine de l’Axe du bien : L’Occident liquidera les dirigeants du Sud récalcitrants, refusant de le financer, selon des conditions unilatéralement par lui imposées. Les images d’un Kadhafi tabassé, vraisemblablement sodomisé à l’aide d’un bout de bois avant d’être abattu d’une balle dans la tête, sont de nature à inciter à la docilité tous ceux qui regimberaient à accepter les diktats édictés par Barack Obama et ses complices. 

La résolution 1973 du 17 Mars 2011, légalisant l’action prédatrice de l’Otan et de ses alliés arabes (le Qatar ayant mis à la disposition des «démocrates» du CNT des centaines de combattants selon le chef d’état-major qatari, le général Hamad ben Ali al-Attiya) n’était qu’une vaste fumisterie. 

Le dévoiement de la légalité internationale, mise au service des politiques de rapines occidentales, est une nouvelle fois éventé: le texte de la résolution onusienne ne prévoyait aucunement l’assassinat du guide, uniquement l’interdiction du survol de l’espace aérien libyen et la protection des populations civiles. Les bombardements répétés de sites d’où ne décollait aucun aéronef militaire et qui n’étaient à l’évidence que de simples bâtiments susceptibles d’abriter Mouammar Kadhafi, ne laissaient pas la place au doute. La volonté de Barack Obama et de ses alliés, David Cameron et Nicolas Sarkozy, était limpide comme de l’eau de roche : le chef d’Etat libyen devait mourir. 

De la peine de mort en droit international…

Les révélations du Canard enchaîné, sont autant de clous enfoncés dans le cercueil où repose à présent la vérité mensongère des vainqueurs.(2) 

Localisé à Syrte à la mi-octobre et pris au piège dans un quartier de la ville le 19 du même mois, Kadhafi était, selon un colonel du Pentagone échangeant des informations avec un officiel des services secrets français, “impossible à manquer”. 

Selon ce même officier, laisser Kadhafi en vie serait «une véritable bombe atomique». Nul n’ignore l’effet dévastateur d’un témoignage, devant une cour internationale, établissant les liaisons troubles entre le Guide, la CIA ou les services secrets français, voire les financements irréguliers accordés à certains hommes politiques occidentaux de premier plan. 

Pour toutes ces raisons ordre est donné d’arrêter, au moyen de drones américains, de mirages F1CR et 2000-D français, la colonne de 75 véhicules quittant la ville. Les bombes et missiles n’ayant pas suffi à “neutraliser” la cible, comme on dit dans le jargon, les forces spéciales françaises faciliteront sa “livraison” à des combattants libyens enragés. Le “travail” sera achevé de la manière que l’on sait… 

Messieurs Obama, Cameron et Sarkozy,  menteurs patentés, pourront afficher la mine grave de circonstance, condamner le lynchage et regretter que la justice internationale ne soit pas passée ou encore juger la réputation du CNT ternie, les faits sont là : l’assassinat politique étant proscrit par le droit international, ils se retrouvent passibles des juridictions internationales.

La légitimation de la violence…

Il indiscutable que la légalité ressort grandie de cette séquence ! 

Camoufler un meurtre politique sous le vernis juridique d’une résolution de l’ONU décrédibilise, si besoin était, une nouvelle fois l’ordre juridique international. Celui-ci apparait pour ce qu’il est en vérité : une des armes permettant  à l’Occident de maintenir son hégémonie. La loi du plus fort, règle non-écrite, régissant aujourd’hui encore les relations internationale risque de déboucher sur une légitime course à l’armement émanant des pays du sud. L’Occident concevant les rapports internationaux uniquement sous l’angle de la violence, une plus grande violence des États vivant sous sa menace est inévitable et clairement souhaitable. 

Il ne s’agit pas de promouvoir l’usage des armes, mais le constat de la nécessité d’un rééquilibrage des rapports internationaux qui entraînera mécaniquement le développement des capacités militaires des pays du Sud.

Démocratie imposée et chaos généralisé…

La pérennisation de la prédation occidentale, débouche invariablement sur  l’instauration de régimes corrompus, mais amis parce que serviles, et une instabilité au mieux larvée, le plus souvent réelle et couteuse en vie. L’exemple libyen est à ce titre un cas d’école. Le CNT, création monstrueuse datant de 2005, est ce qu’il est convenu d’appeler un ramassis de brigands portant babouches. 

Ses leaders,  à l’opposé de l’image dépeinte par le comique troupier BHL, ont  prouvé leur mépris des valeurs démocratiques. L’imposition de la charia, première mesure gouvernementale, imposée en dehors de toute consultation populaire est un exemple édifiant de leur inclinaison pour la démocratie. 

On peut comme M. Juppé se réjouir que “le nouveau pouvoir libyen puisse être une opportunité fantastique pour nous, nos entreprises“, mais qu’en sera-t-il pour le citoyen de base ? 

Les personnalités trustant les premières places dans l’organigramme du CNT donnent une indication de ce que réserve l’avenir au peuple libyen. 

Mustapha Abdeljalil, son président, ancien ministre de la justice de Kadhafi de 2002 à 2007, confirma la peine de mort des infirmières bulgares. 

Mahmoud Jibril, numéro 2 du CNT, est un pion étasunien, diplômé d’une université américaine, il est l’auteur d’une thèse sur la politique américaine en Libye. 

C’est quelqu’un qui comprend le point de vue américain dit de lui Gene Cretz, ambassadeur américain à Tripoli. Il aura certainement à cœur la défense des intérêts du petit peuple…  

Autre exemple emblématique, Abdel Hakim Belhaj,  gouverneur militaire de Tripoli, démocrate convaincu à ses heures perdues, est un militant islamiste ayant fait son djihad en Afghanistan, puis pourchassé par la police libyenne. Arrêté par la CIA, il fut remis en 2004 aux autorités libyennes, à l’époque bénie où Kadhafi n’était pas un dictateur sanguinaire dont il fallait à tout prix se débarrasser, mais un allié dans la sainte guerre contre le terrorisme…  

Entre concussion avec les milieux politico-affairistes occidentaux, fondamentalisme religieux et accointances avec certaines mouvances terroristes, le nouveau pouvoir libyen offre toutes les garanties, il y donc matière à se réjouir ! 

Affirmer que l’avenir de la Libye est radieux est une ineptie qui a pourtant été répétée ad libitum par les membres de la coalition criminelle ayant bombardé et massacré, de façon involontaire et désinvolte, des populations civiles pendant plus de 8 mois… 

Juge et partie…

Les dénégations pathétiques d’Alain Juppé affirmant que l’opération en Libye n’avait fait aucune victime collatérale, démontrent aux citoyens français et aux populations africaines ce que représente la vie humaine aux yeux des  bouchers qui nous gouvernent.(3) 

Mouammar Kadhafi n’était certes pas un parangon d’humanisme, mais aucun décompte, aussi fantaisiste qu’il puisse être, ne pourra le rendre responsable d’autant de victimes civiles que M. Georges Bush, ci-devant défenseur du monde libre et ancien président des Etats-Unis. La très sérieuse revue The Lancet affirmait dans une de ses publications en date de 2006 que l’aviation et l’occupation américaine étaient responsables de la mort de 655.000 irakiens. Comparaison n’est pas raison, il est vrai, mais force est de constater que la justice et la légalité internationale, ne s’appliquent de préférence qu’aux dirigeants arabes et africains, l’Occident se contentant de distribuer certificats de bonne conduite provisoires et admonestations, lorsqu’il ne s’agit pas tout simplement de sentence de mort. 

Sujet  hors-droit international, il en est législateur et juge de l’application. Sa mission de défenseur des peuples oppressés est une escroquerie intellectuelle et morale qui ne supporte pas l’examen de l’histoire et des faits. 

Il est la source principale, directe ou indirecte de l’oppression et de la guerre à l’échelle planétaire. 

 

Les hauts mur…

Son humanisme intéressé est une injure, chaque jour renouvelée, aux principes universels qu’il a privatisés pour mieux les travestir. 

Avant-hier la Côte d’Ivoire, hier la Libye, aujourd’hui la Syrie, demain l’Iran… 

Chaque destruction, chaque pays dévasté, chaque peuple martyrisé par les bombes de l’Occident ou ses supplétifs locaux est le rappel de sa conception barbare des rapports entre États. La Lybie est entrée grâce à lui dans une ère de violences et de troubles dont nul ne peut prévoir combien de temps elle durera. 

Cette énième déstabilisation pour convenances personnelles d’un État souverain est une nouvelle pierre dans son jardin. Puissent les peuples du Sud se saisir de ces pierres pour construire les hauts murs qui, à l’avenir, les protègeront de l’Occident criminel.

 

Ahouansou Séyivé


(1)Le mardi 25 octobre 2011. 

 

(2)In le Canard Enchaîné du 26 octobre 2011.

(3)Invité de la matinale de France-Inter, le mercredi 26 octobre 2011, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, ne peut s’empêcher de mentir, comme à son habitude…

 

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