Malgré son passage à la Cathédrale… Dieu est-il sourd aux prières de Biya?

Paul Barthelemy Biya Bi Mvondo, président,Cameroun

La sonnette d’alarme

Le président de la République a été investi dans son nouveau mandat le 3 novembre 2011. Dès le lendemain, il conviait à la cathédrale Notre Dame de Victoire de Yaoundé les corps constitués nationaux et même le peuple tout entier à prier pour que règne la paix dans le pays. Autrement dit, Paul Biya confiait le mandat que venait de lui donner  le peuple au Très-Haut. Comme le firent en leur temps, d’autres souverains comme le Roi Salomon ou Constantin Ier. Comme il transparaît des homélies des différents officiants de la célébration interreligieuse, le concept de paix est au centre de la préoccupation du requérant du culte du 4 novembre 2011 : Paul Biya. 

Seulement, moins de 10 semaines après les supplications du chef de l’Etat et de son gouvernement,  le pays est à la merci de multiples tragédies qui sont souvent source de convulsions sociales sous d’autres cieux. Ce malgré l’enchaînement des messes et cultes organisées par les ministres et autres autorités étatiques.

Douala ne s’est pas encore remise des secousses de 5 jours consécutifs d’émeutes, face visible d’affrontements entre jeunes Deido et moto taximen de la ville. Quasiment concomitamment, le gouvernement nigérian ordonnait la fermeture de sa frontière avec le grand Nord Cameroun du Cameroun à cause de la percée de la secte Boko Haram. Paul Biya lui-même prenait la question à bras le corps en invitant en fin d’année 2011, son homologue tchadien, Idriss Déby à une attitude concertée pour combattre cette armée religieuse. 

A ces agitations qui représentent un  péril sur la paix sociale, se greffent d’autres malheurs sous lesquels ploient les populations. Les hécatombes sur les axes routiers, les tueries du choléra que d’aucuns assimilent à la peste des temps modernes, laquelle maladie frappait à une époque de l’histoire les peuples mécréants. Si ces deux fléaux cités peuvent être maîtrisés allègrement par l’action ou le simple management de l’homme, la question des pénuries sévères  d’eau qui inaugure le énième mandat de Paul Biya  relève des problèmes que pose la nature. Car pour le cas de Yaoundé, les autorités compétentes estiment que sur la demande de 300 000 m3 en eau de la seule ville de Yaoundé, la station de Nkolnyada pourvoie seulement 100 000 m3. La construction d’une nouvelle station devant prendre 3 ans au moins, seule la nature (par un approvisionnement subit et rapide de différents cours où s’abreuvent la Camwater) peut résorber le problème. Il n’est pas impossible que des Camerounais soient morts de soif.

Le rappel de ces faits amène Le Messager à ouvrir le débat sur la piété des autorités camerounaises qui auraient tout confié à Dieu et attendraient des miracles en retour… sans toujours commettre des actions efficaces. Dans ce sens, Dieu écoute-t-il le président et ses ministres…  Les convulsions sociales sont-elles des signes du silence de Dieu à l’endroit de nos dirigeants ou simplement des épreuves à la Jérémie ?

Début janvier 2012. Boko Haram aux portes du Cameroun

Le 25 décembre 2011 après un office religieux chrétien dans le sud du Nigeria, une explosion meurtrière revendiquée par la secte islamique avait fait 44 morts. La série d’attentats contre la communauté chrétienne s’est poursuivie le week-end dernier. Le nombre de victimes est estimé à ce jour à des centaines de morts. Une situation qui avait d’ailleurs contraint le président nigérian, Jonathan Ebélè Goodluck,  à décréter l’état d’urgence dans les zones où les attaques avaient été perpétrées.

Les services secrets camerounais et tchadiens percevaient une menace sur leurs différents pays. Paul Biya et Idriss Déby ont penché sur la question 29 décembre 2011. Alors que les résolutions de ce sommet attendait de prendre corps, c’est le voisin nigérian qui, face à la poussée de la secte vers le Cameroun, a initié de fermer ses frontières Nord avec le pays de Paul Biya. Mais de sources policières, la menace persiste sur le Cameroun.

Décembre 2011- janvier 2012. Cinq jours d’émeutes à Douala

Les troubles dans la capitale économique du Cameroun ont débuté à la suite de l’assassinat d’un jeune du quartier de Déido par des hommes à bord d’une moto. Dans la nuit du 30 au 31 décembre, alors qu’il rentrait chez lui accompagné de sa copine, Eric Mony, 34 ans, est agressé et poignardé mortellement par des hommes à bord de moto.

L’assassinat se produit à 4h30. Rapidement, la tension se fait sentir. A 6h, des jeunes du quartier sortent dans les rues et refoulent tous les moto-taxis qui circulent dans les environs. Tous les moto-taximen qui refusent d’obtempérer sont battus et voient leurs engins confisqués. Pour les jeunes de Deïdo, l’ensemble des moto-taxis est responsable du meurtre d’Eric Mony et des agressions commises dans le quartier. «Nous ne voulons plus voir de moto à Déido», s’exclament-ils.

Les troubles prennent de l’ampleur et rapidement les forces de l’ordre sont dépassées. Les jeunes du quartier de Déido affrontent les moto-taximen. A Déido, se trouvent l’hôpital de district, l’orphelinat St Jean, de l’école catholique St Gérard et la paroisse St Jean. Tous ces établissements ont été fermés. Le député Jean-Jacques Ekindi, habitant du quartier, a appelé la population au calme. Mais le message d’apaisement de l’homme politique est vain. Ce dernier est touché par un jet de caillou dont il était la cible, un incident qui ne fait que raviver les tensions.

Quelques jours plus tard, le 4 janvier, le climat est encore très tendu à Douala. Des commerces et des motos sont incendiés, des boutiques pillées. La situation a même pris une tournure politique. L’opposition fustige la gestion catastrophique de la crise par le pouvoir. Aucun membre du gouvernement ne s’est déplacé pour constater la gravité de la situation.

Apparu au Bénin  puis au Nigéria, la moto-taxi est un moyen de transport très répandu au Cameroun. En revanche, les conducteurs de ces moto-taxis ont une réputation sulfureuse. La plupart des moto-taximen exercent dans la clandestinité, sans permis et au mépris de la loi. De plus, certains criminels se font passer pour des moto-taximen en vu d’agresser leur passager.

Les conducteurs de moto-taxi sont solidaires entre eux, n’hésitant pas, par exemple, à défendre  un des leurs quand celui-ci a provoqué un accident de la route. Au Cameroun, on trouve trois syndicats très influents.

Rodrigue N. TONGUE

Fin Novembre 2011. Le drapeau camerounais brûlé à Garoua Boulaï

Après la longue procédure judiciaire ayant opposé le Cameroun au Nigéria au sujet de la presqu’île de Bakassi, voici une autre crise qui risque de conduire inexorablement le Cameroun et la République centrafricaine voisine à la Cour pénale internationale de la Haye au Pays-Bas. Les deux pays se disputent en effet un morceau de territoire de 200 mètres le long de leur frontière. L’on avait, jusqu’ici, enregistré que de petites intrigues assimilables à de la blague entre ressortissants des deux pays résidant ou exerçant à Garoua Boulaï, la ville frontalière. Mais depuis jeudi 24 novembre 2011, et profitant d’une banale affaire de frais de transport non payé, l’armée centrafricaine est passée à une véritable attaque armée.

Au cours de cette agression encore injustifiée, le drapeau tricolore camerounais installé à la frontière a été détaché et brûlé, des effigies du chef de l’Etat camerounais aussi. Des édifices publics ont aussi été saccagés, et la brigade de gendarmerie de la ville attaquée avec à la fin, un chargeur garni, appartenant à un gendarme, emporté. En riposte, trois militaires centrafricains ont été interpellés et gardés par l’armée camerounaise. L’arrogance avec laquelle ces hommes en armes centrafricains ont perpétré leur coup aurait amené les deux chefs d’Etat du Cameroun et de la Centrafrique à se pencher sur le dossier. A l’heure qu’il est, la frontière est rouverte. Mais la sérénité n’est pas totalement de retour. La moindre étincelle pouvant raviver les tensions. 

J-F K

Début d’année. Les robinets interminablement à sec

« Dès 5h chaque matin, nous ouvrons la porte de notre concession à nos voisins afin qu’ils aient accès à notre puits d’eau », se plaint  Stéphane D., habitant du quartier Emana à Yaoundé. Ce jeune homme déplore ainsi, bien qu’il  soit déjà 9 heures du matin, ce 4 janvier 2012, des dizaines de personnes font la queue devant le puits d’eau de sa famille. En fait, depuis la mi-décembre 2011, plusieurs quartiers de la capitale sont régulièrement privés d’eau.

Comme Yaoundé, Douala est également confrontée  à une pénurie d’eau potable depuis le début de l’année. Dans la capitale administrative, Yaoundé, et économique, Douala, des pompiers et policiers sillonnent quotidiennement certains quartiers pour fournir gratuitement de l’eau aux populations. « Nous observons une pénurie d’eau potable dans les métropoles camerounaises, notamment à Yaoundé et Douala », a affirmé Delor Magellan Kamgaing, président de la ligue camerounaise des consommateurs (Lcc). Selon ce dernier, la crise est devenue « criarde depuis le début de cette année ».

Cette pénurie se traduit « par des coupures d’eau qui durent plusieurs jours » dans certains quartiers dans les deux villes, a-t-il ajouté.  « Le volume de production d’eau a énormément chuté après le tarissement du fleuve Nyong (Centre) où nous captons l’eau pour alimenter la ville de Yaoundé », a expliqué, sous couvert d’anonymat, une source de la Camerounaise des Eaux (Cde), la compagnie privée de production et de commercialisation de l’eau courante.

R. N. T.

Décembre 2011. Une centaine de morts sur l’axe lourd

A quelques centaines de mètres de l’entrée ouest de la ville de Tonga, la scène est horrible. De part et d’autre de la route, à Maham, la compagnie de transport public « Amour Mezam » et un porte-char. Le bus est complètement calciné. Le porte-char, quant à lui, a brûlé aux trois cinquièmes.

A côté des décombres du bus, Armel, un élève, montre du doigt un ossement humain carbonisé, pendant que ses compagnons récupèrent ce qui reste de la ferraille. L’occasion faisant le larron. Le sort des 15 passagers morts calcinés à cet endroit ne les préoccupe guère.

Le 23 décembre à Olembe, un quartier de Yaoundé, grumier heurte plusieurs véhicules coincés dans les bouchons, occasionnant des dégâts importants dont 15 victimes ayant laissé la vie sur le coup et une dizaine de blessés. Le dernier incident de cette gravité remonte au 27 août sur l’axe Yaoundé – Douala où un camion transportant des marchandises s’est retrouvé nez-à-nez avec un car de transport en commun. Bilan : 28 morts.

Dans un centre hospitalier comme l’hôpital Central de Yaoundé, on y aura enregistré entre le 24 et le 25 décembre, trois morts. Il semble y avoir eu accalmie en cette fin d’année. 2011 aura vu une campagne de communication et de prévention sans précédent pour appeler les automobilistes à plus de rigueur au volant. 
D’autres cas sont signalés sur les axes Yaoundé-Bertoua, Douala-Bafoussam-Bamenda ou encore Ngaoundéré-Garoua. La somme des personnes décédées en 30 jours dépasse largement la cinquantaine.

M. S.

Jean Paul Messina.  « Il ne suffit pas de prier, il faut croire en Dieu et agir »

Chargé de cours à l’université de Yaoundé I et l’université catholique d’Afrique centrale, ce laïc tente une analyse scientifique des réponses aux prières de l’homme donné par le Tout-Puissant. Avant de s’appesantir sur celles formulées par le président et la quasi-totalité des  ministres nommés le 9 décembre 2011.

Soucieux de la portée du verbe, il assène, dans un style qui est le sien, des coups à nos gouvernants qui prient sans piété, sans foi et même sans loi attendant le miracle céleste. Pour lui, le chef de l’Etat doit agir après avoir prié.

Est-ce qu’un homme d’Etat doit faire recours à la foi religieuse ?

Un homme d’Etat, s’il est croyant, ne peut pas assumer ses fonctions politiques en faisant l’économie de sa foi religieuse. Car une religion qui tient compte du bien commun de la nation est nécessairement le lieu d’un ressourcement spirituel qui donne aux hommes d’Etat la force, le courage, la sagesse et la lucidité pour gouverner dans le respect des principes ethiques que sont la justice, la paix, l’honnêteté, la prudence et la tempérance. Par ailleurs, un homme d’Etat est un porteur d’espérance. Par conséquent, pour porter et incarner cette espérance, c’est-à-dire donner au peuple les raisons de croire en un avenir meilleur ou radieux, un homme d’Etat doit faire recours à la foi religieuse. Des exemples dans l’histoire abondent. L’empereur Constantin qui a promulgué la paix religieuse en 313 par l’Etat de Milan ; l’empereur Théodore Legrand qui, en 380, a fait de l’église une institution d’Etat ; Charlemagne…

Plus proche de nous, on peut citer Barack Obama qui a fait appel à son pasteur lors de sa prestation de serment ; Nicolas Sarkozy qui, plus d’une fois, s’est rendu à Rome pour rencontrer le Pape ou encore se recueillir dans la Basilique Saint Jean de Latran dont il est Chanoine Honoraire. Il faut donc considérer comme important le fait que le président Paul Biya ait confié son nouveau septennat à Dieu en organisant un culte interreligieux et en participant à une messe d’action de grâce organisée par l’église catholique.

Que fait-on donc de la laïcité ?

La laïcité, à mon sens, n’est pas la négation de Dieu dans la cité. La laïcité est la neutralité de l’Etat vis-à-vis des religions, et permet de faire la distinction entre le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel. L’Etat est laïc, mais les citoyens sont libres de pratiquer la religion de leur choix pour autant que cette religion ne perturbe pas l’ordre public, ne favorise pas le fondamentalisme ou l’intolérance. Un homme d’Etat a le droit de pratiquer sa religion tout en respectant, bien sûr, les principes républicains de la laïcité. D’ailleurs, dans la plupart des Etats aujourd’hui, le chef de l’Etat a un conseiller aux affaires religieuses.

Beaucoup voient   tout de même d’un mauvais œil qu’on inaugure un mandat par une célébration religieuse…
Ceux qui s’insurgent contre le fait qu’un chef d’Etat inaugure son mandat par une célébration religieuse ne sont pas honnêtes ou alors ne comprennent pas ce qu’est la laïcité quand ils ne l’interprètent pas négativement comme l’a relevé Nicolas Sarkozy. En fait au Cameroun, il y a la liberté de croire et celle de ne pas croire. Si on a choisi de ne pas croire, on doit respecter la liberté de ceux qui ont choisi de croire. La réalité est qu’on croit toujours à une force supérieure ou à un être transcendantal, en refusant parfois de le reconnaître.  

Il y a une résurgence des problèmes au départ de ce mandat de Paul Biya. Dieu est-il insensible à ces supplications ?

Dieu n’est pas insensible à la prière du chef de l’Etat et à celle des autres Camerounais. C’est qu’en ce moment, Yaoundé et Douala souffrent d’une pénurie sévère pour ce qui est de l’eau potable. L’on ne comprend pas qu’on nous dise que la nappe d’eau a diminué lorsqu’on arrive à trouver cette eau par des forages de 6 ou 10 m. La question d’eau est très préoccupante en ce début de septennat. Par ailleurs, il y a des mouvements sociaux à Douala. On pourrait également évoquer la menace qu’une secte du Nigéria fait peser sur la frontière nord occidentale du Cameroun. Mais dans l’ensemble, le Cameroun reste un pays stable, promis à un grand avenir, grâce à la prière des croyants de diverses religions. Seulement, il faut dire ici que la prière ne doit pas occulter la réflexion, l’action, disons le travail. Il faut prie, mais il faut aussi agir. Dieu aime que l’homme assume ses responsabilités sociales en travaillant. Remarquons aussi que tout le monde ne sait pas prier et que tout dépend de comment on prie.

Vous dites que tout dépend de comment l’on prie. Peut-on dire que si les choses ne bougent pas, on peut soupçonner que les prières pour la paix ne soient pas bien élaborées ?

Les choses ne bougent pas peut-être aussi rapidement qu’on l’aurait souhaité. Nous ne disons pas que les prières pour la paix ne sont pas bien élaborées. Mais est-ce que nous sommes tous les partisans et les artisans de la paix au Cameroun ? Il y en a qui, par leurs mauvaises pensées, par leur attitude spirituelle négative, œuvrent à contre courant pour un Cameroun stable et pacifique.

Autrement dit, les charges positives charriées par les prières des personnes plus sincères sont neutralisées par celle de ceux qui ne le sont pas ? Il demeure que depuis la prière du président,  le Cameroun est le théâtre de crises sociales comme les émeutes, les pénuries d’eau, la percée de certaines sectes sont sources de tensions…
Cela est possible. Mais la force de prière des croyants sincères et convaincus l’emporte sur ceux qui veulent le désordre, les partisans de l’indiscipline sociale.

Puisqu’il ne suffit pas de prier. Que faut-il donc faire ? Qu’ont fait Salomon et les autres pour être entendus de Dieu ?

D’abord, il faut continuer de prier. Il faut prier à temps et à contre temps, en sachant que c’est Dieu qui sait ce qui nous est utile et quand Il peut répondre à nos doléances. Mais nos prières sont souvent abîmées par des listes de doléances excessives. Nous ne savons plus rendre grâce mais demander, encore et encore…

Les souverains qui font appel à Dieu dans l’exercice de leurs fonctions sont des hommes de foi. Ils méritent d’être encouragés dans leur démarche par les croyants et les hommes de bonne volonté, au-delà des résultats que les uns et les autres veulent avoir, souvent dans l’immédiat… Le temps de Dieu n’est pas le temps des hommes. Mais ce qui est important c’est que l’homme se serve de l’intelligence et de la raison que Dieu lui a donnée pour transformer positivement son milieu de vie.

A quoi peut-on s’attendre  en terme de temps, au regard des exemples historiques d’un souverain qui fait appel à Dieu pour obtenir des résultats aux prières ?

Nous ne sous-estimons pas les tensions, encore moins l’angoisse, que peuvent susciter les mouvements sociaux de Douala, la pénurie d’eau et les accidents de circulation. Evidemment, ces évènements interviennent au lendemain de la prière du président Paul Biya, qui a bien voulu rendre grâce à Dieu et implorer sa bénédiction pour un Cameroun plus pacifique et prospère ; mais il faut éviter tout jugement hâtif qui nous amènerait à croire que Dieu reste insensible à la prière du chef de l’Etat ou même de douter de l’efficacité de cette prière. D’ailleurs, le septennat actuel n’est pas le premier que le président Paul Biya inaugure par une prière.

Ce qui revient à dire que sa démarche est celle d’un pèlerin en quête de spiritualité pour mieux assumer les fonctions que le peuple camerounais vient une fois de plus de lui confier. C’est une démarche sincère et convaincante, à côté du mimétisme que certains de ses collaborateurs observent. (Il y a, dans le gouvernement actuel, des croyants convaincus que nous connaissons bien ; il y en a d’autres qu’on ne voit que lors d’une messe d’action de grâce).

Comment donc rendre une prière efficace ?

Ora et Labora. Il faut prier mais il ne faut oublier d’agir. La prière ne supprime pas l’action ; au contraire elle éclaire et donne un sens à l’action. Elle humanise l’action. Quant au roi Salomon dont on connaît bien les penchants à la concupiscence, sa grandeur d’esprit et son charisme de gouvernant (40 ans de règne à Jérusalem), venaient de sa foi en Dieu et de sa capacité à s’humilier devant lui. Salomon savait reconnaître ses fautes et demander pardon au Seigneur pour tous ses manquements. Salomon acquit ainsi une grande sagesse qui fit de lui un bâtisseur et un roi respecté. Chez Salomon aussi, la prière et l’action cheminaient harmonieusement.

Les difficultés actuelles ne peuvent-elles donc pas être vues comme des épreuves à la Jérémie ?

Chaque époque a ses difficultés. Et la manière dont les hommes d’une époque ont résolu ou cherchent à résoudre leurs problèmes est une pédagogie pour les générations actuelles et de demain. Jérémie explique les difficultés du peuple d’Israël face à l’hégémonie du pouvoir babylonien par l’infidélité des juifs à Dieu, et leur propose d’accepter l’épreuve de l’exil pour retrouver la vertu de la fidélité qui, alors, libérera le peuple de son malheur.

L’expression « jérémiade » a fini par désigner des lamentations sans fin et inutiles. Mais ce qu’on oublie souvent c’est que le prophète Jérémie a été un homme de dialogue et une bonne courroie de transmission entre Dieu et les hommes. Nos problèmes actuels ne sont pas des épreuves comme au temps du prophète Jérémie, parce qu’il y a des Camerounais, et ils sont nombreux, qui restent fidèles à Dieu. Quand bien même ces épreuves s’avèreraient sans issue, le fait de croire à une solution possible, à savoir, se soumettre à la volonté de Dieu, nous libérera.

Entretien avec Rodrigue N. TONGUE

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