Sénégal. Wade veut des prolongations pour… «se couvrir»

Si Wade fait le forcing pour se maintenir, c’est surtout parce qu’il est impliqué, lui et les siens, dans des affaires et qu’il craint des actions en justice, une fois le pouvoir perdu.

Envoyé spécial. Pourquoi Abdoulaye Wade s’entête-t-il, à quatre-vingt-cinq ans passés et avec une santé désormais fragile, à se présenter pour un nouveau septennat ? Son cas est souvent analysé comme une énième dérive autocratique, voire dictatoriale d’un vieil homme qui aurait perdu une partie de sa lucidité, après avoir donné à nombre de dirigeants africains (Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire ou Muammar Kadhafi en Libye), de pesantes leçons de démocratie.

Mais d’autres considérations pèsent sans doute, comme la gestion pour le moins hasardeuse, ou malhonnête, insiste l’opposition, des deniers publics. Car Abdoulaye Wade est un grand bâtisseur, même ses plus féroces détracteurs le reconnaissent. Et les grands chantiers qui ont changé le visage de Dakar (route de la corniche, ponts, écoles…) ou l’ont défiguré (le hideux monument de la renaissance africaine) auraient été l’occasion de détournements massifs de fonds publics. Indéniablement, le règne d’Abdoulaye Wade a été marqué par la multiplication de grandes fortunes privées. Les immenses villas qui ont poussé comme des champignons, notamment dans le secteur des Almadies, l’un des plus huppés de Dakar, sont là pour en témoigner.

Le président sortant est-il sous l’influence de son entourage, qui s’apparente à une oligarchie campée sur ses intérêts, avec son fils Karim en chef de clan ? Tatillon, ce dernier n’hésite pas à menacer de poursuites judiciaires les journalistes qui évoquent les câbles assassins de la diplomatie américaine, révélés par WikiLeaks, lesquels l’ont dépeint en goinfre raflant d’énormes commissions sur tous les contrats publics.

Si la crise politique finit par être dénouée au Sénégal, que ce soit par l’intermédiaire de la médiation du Nigérian Olusegun Obasanjo, aux pressions des chancelleries occidentales, voire au terme d’un accord avec l’opposition, nul doute qu’Abdoulaye Wade négociera âprement l’impunité pour lui et ses proches, avant ou après le scrutin de dimanche. Car, compte tenu des soupçons de fraude électorale, des désordres en Casamance propices à toutes les manipulations, victoire proclamée ou non, l’opposition politique, réunie au sein du M23 et qui manifeste contre son «coup d’État constitutionnel», ne le reconnaîtra en aucun cas.

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