Carnage des éléphants. Le Cameroun avoue son impuissance

Au cours d’un point de presse sur le sujet du grand braconnage des éléphants dans les aires protégées, principalement, celui orchestré par les Soudano-tchadiens dans le parc national de Bouba Ndjida, il résulte des propos du ministre de la Communication, que le gouvernement n’a toujours pas pris la mesure des questions de la sécurité nationale.

128 éléphants abattus en l’espace d’un mois. Le chiffre a été communiqué hier par le ministre de la Communication, Issa Tchiroma. Face à la presse, le porte-parole du gouvernement a laissé entendre que le braconnage à grande échelle des pachydermes dans le parc national de Bouba Ndjida qui défraye la chronique depuis quelques jours, a eu lieu dans la période allant du mois de janvier au début du mois de février 2012. « Il y a lieu de préciser que les actes de braconnage perpétrés dans le parc national de Bouba Ndjida, sont le fait des menaces asymétriques provenant d’individus étrangers, évoluant notamment à dos de cheval et munis d’armes et moyens de nuisance de types variés et imprévisibles, y compris ceux qui ne sont pas conventionnels. Ces menaces asymétriques constituent des actions ponctuelles, imprévisibles, rapides et diffuses », avoue Issa Tchiroma Bakary. A le croire, lesdites attaques subites à visages inconnus sont orchestrés par des individus ou des bandes organisées.

« Les actes de braconnage sus décriés ne constituent ni des attaques conventionnelles menées par des armées étrangères structurellement connues, encore moins des actes d’invasion étrangère d’une partie du territoire camerounais», précise le ministre. Il confirme qu’il s’agit de la stratégie du faible par rapport au fort, puisqu’elle est fondée sur le renseignement, l’infiltration, la surprise et la lâcheté. Tout en reconnaissant la nécessité pour le Cameroun, de prendre la situation à bras le corps dans le but de mettre rapidement fin au carnage perpétuel pour l’intérêt de la biodiversité, la survie de l’industrie touristique au Cameroun.

Davantage pour des questions de souveraineté et de sécurité nationale, le ministre tente de justifier l’indéfendable. Interrogé sur le temps assez long, mis par ailleurs par les membres du gouvernement concernés, pour réagir, Issa Tchiroma répond  qu’il a fallu attendre de hautes instructions du chef de l’Etat, Paul Biya, pour qu’enfin, le ministre de la Défense, et son collègue des Forêts et de la faune, se rendent du 29 février au 1er mars, dans le septentrion par un vol militaire, pour évaluer les dégâts causés par la tuerie des éléphants au parc national de Bouba Ndjida. Indolence, complaisance ou simple inertie du gouvernement camerounais ? Il y a lieu de dire que le gouvernement n’a pas mesuré l’importance de la décimation des espèces protégées et les effets de détérioration de l’écosystème.
Aveu
Comment expliquer que durant une période d’un mois, des agressions soient menées sur le territoire camerounais, qu’une partie du pays soit sous occupation, mais que les forces de défense et de sécurité nationale ne soient pas intervenues ? Bouba Ndjida est une aire géographique de 220.000 ha, entourée d’une zone d’intérêt synergétique quasiment non habitée de 770.000 ha, aux limites frontalières avec les Etats voisins. Si l’Etat du Cameroun a du mal à sécuriser et à protéger un tel espace des agressions extérieures qu’en sera-t-il de toute la superficie du triangle national ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est que sous la cendre, il y avait des batailles d’argent entre la Primature, le ministère de la Défense et le ministère des Forêts et de la faune. A force de se rejeter la responsabilité de l’intervention et le déblocage des moyens matériels, humains et financiers de l’intervention, le gouvernement a abandonné le Cameroun aux mains étrangères.

Focal. Saisir le taureau par les cornes

S’agissant des mesures appliquées et à mettre en application, pour éviter de nouvelles agressions au parc national de Bouba Ndjida, Issa Tchiroma parle du réaménagement et de la protection du parc ou la réhabilitation en son sein des pistes et des routes praticables ; de la sécurisation de cette aire protégée par la construction d’une barrière de délimitation séparant les espaces occupés par les animaux sauvages des territoires abritant les populations humaines ; le renforcement des ressources humaines placées sous la direction du conservateur par l’augmentation des effectifs des écogardes pour une meilleure surveillance du parc ; le reversement effectif aux populations des taxes d’affermage, le défaut de ce privilège constituant l’une des raisons de la réticence desdites populations à collaborer avec les forces de l’ordre et les autorités publiques…

Le discours d’Issa Tchiroma n’est pas nouveau. Bien avant lui, le Programme 2 intitulé « Aménagement et valorisation de la faune et des aires protégées », dont l’objectif global d’aménager et de valoriser durablement la faune et un réseau d’aires protégées représentatif de la biodiversité du Cameroun en vue de contribuer à l’économie locale et nationale, avait retenu entre autres actions prioritaires : la création, la sécurisation et l’aménagement des aires protégées ; la gestion participative et Valorisation de la faune et des aires protégées. Rien de cela n’a été mis en route. Or l’urgence est aux actes qui tranchent avec la théorie. Et même qu’il s’agit pour le Cameroun, de trouver une solution globale, aux agressions des braconniers des temps modernes qui, dans une sorte de mafia internationale (dont le but principal est le commerce de l’ivoire dont la demande est importante), évoluent non plus de façon classique, mais avec des moyens très sophistiqués.

A toutes fins utiles, le réseau national d’aires protégées du Cameroun, regroupe : 18 parcs nationaux, 06 réserves de faune, 04 sanctuaires, 03 jardins zoo botaniques, 01 Jardin botanique, 70 zones de chasse. Soit une superficie de 9 124 666 ha représentant 19,20% du territoire national. Une approche multisectorielle de surveillance et de veille permanente qui implique : le Mintad, le Mindef, la Dgsn et le Minrex pourraient être salutaire.

Souley ONOHIOLO

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