Nouvelle guerre froide : faut-il désepérer de la Russie !

L’histoire se répète. Triste, têtue, dévastatrice, sans cœur, sans morale, sans éthique. Comme un déterminisme des temps anciens, elle s’impose dans toute sa rigueur, à l’humanité presque moderne. Mais très peu le savent ou feignent de ne pas le savoir ; tous, se sentant proches d’un des anciens Blocs, ont peur de se tromper.

Et pourtant, il en est ainsi. L’Occident est à l’origine de la naissance du terrorisme islamiste qu’il a créé, financé et utilisé pour mener sa guerre de positionnement géostratégique contre l’ex-URSS et aujourd’hui, contre la Russie de Vladimir Poutine.
 
Le décor étant planté, je vous invite à entrer avec la Révolution Permanente, dans l’antre originel du terrorisme islamiste, dans son histoire authentique, telle qu’elle a été conçue, expérimentée et implémentée en Afghanistan, par les Etats-Unis d’Amérique et leurs autres alliés du Bloc occidental.
 
Nous sommes en 1979. La guerre froide est à son apogée entre le Bloc occidental dirigé par les Etats-Unis d’Amérique et le Bloc de l’Est, dirigé par l’URSS. Pour les plus jeunes, il est bon de rappeler que cette division en Blocs du monde, était né d’un antagonisme idéologique plaçant d’un côté le Bloc Occidental d’obédience capitaliste et le Bloc de l’Est, se réclamant du Communisme, la forme la plus rigoureuse du socialisme tel que théorisé aujourd’hui.
 
Pour la petite histoire – [source Wikipédia] – l’URSS soutenait l’Afghanistan qui avait depuis 1919, des revendications territoriales sur les régions à majorité pachtoune du Pakistan dont l’acquisition aurait permis à l’Afghanistan de se désenclaver en possédant un accès à la mer d’Oman. Pendant ce temps, le Pakistan, créé en 1947 d’une partition de l’Inde britannique, était soutenu par les Etats-Unis d’Amérique.
 
À la suite d’un coup d’État perpétré en 1973 par le prince Mohammed Daoud Khan, l’État afghan s’éloigne de plus en plus de Moscou. Pour éviter sa perte d’influence dans la région, l’URSS décide d’intervenir en Afghanistan, dès 1978, pour y placer un régime prosoviétique.
 
Mais les réformes encouragées par l’URSS et mises en œuvre par le nouveau pouvoir afghan à savoir, l’imposition d’un athéisme d’État, l’alphabétisation, le droit des femmes, les réformes agraires, etc. contrarient les coutumes conservatrices afghanes, qui vont davantage se radicaliser face à une politique répressive envers les élites et classes moyennes du pays.
 
L’opposition grandissante menace donc le régime communiste de Kaboul (Afghanistan), ce qui pousse le dirigeant de l’URSS, Monsieur Brejnev, à intervenir en Afghanistan en décembre 1979 dans la nuit du 24 au 25 décembre 1979 à 3 h du matin. L’URSS justifie son intervention par la volonté de préserver le régime en place et de maintenir le calme en Asie centrale.

Durant les trois premières années, les Soviétiques étendent leur contrôle sur le pays et augmentent leurs effectifs sur place, passant de 85 000 hommes en mars 1980 à 108 000 et 118 000 hommes selon que les détachements KGB ou non sont pris en compte.
 
Mais ils font très vite face à la désertion des deux tiers de leurs alliés, soit 120 000 hommes de l’armée afghane, et les moudjahidines, soutenus et armés par les pays occidentaux, les États-Unis en tête, prennent progressivement le contrôle de la majorité du territoire (80 %) à l’exception des villes principales. Les Soviétiques sont alors réduits à des opérations ponctuelles comme la protection de leurs convois ou le largage de millions de mines antipersonnel.
 
Mais comment la riposte des moudjahidines a-t-elle était organisée, avec quels moyens et quels rôles ont joué des leaders comme Ben Laden ?
 
Je vous invite à entrer de plain-pied maintenant, dans l’histoire de la naissance du terrorisme arabe, tel que créé, financé et utilisé en Afghanistan par les Etats-Unis d’Amérique et leurs alliés pour neutraliser l’URSS.
 
En 1986, Mohammed Nadjibullah remplace Babrak Karmal à la tête de l’État afghan et veut négocier avec les rebelles (les moudjahidines) en suivant un processus de réconciliation nationale sur le principe d’une perestroïka afghane. Les Soviétiques envoient des raids d’hélicoptères MI-24 Hind et des chasseurs bombardiers vers les places fortes afghanes car les Spetsnaz (KGB, SVR, Armée russe) subissent de lourdes pertes au sol.
 
Mais au cours de la même année, les moudjahidines commencent à recevoir des missiles sol-air FIM-92 Stinger, ce qui fait perdre aux Russes le contrôle du ciel, bouleversant du coup, l’équilibre des forces.
 
En février 1988, Mikhaïl Gorbatchev décide de retirer les troupes, appuyé par la trêve négociée avec Ahmed Chah Massoud. Cette trêve devient effective un an plus tard, le 15 février 1989, date de la fin du retrait soviétique d’Afghanistan.
 
Mais dans l’antichambre de cette défaite de l’URSS, ce trouvent un vaste réseau de recruteurs, de formateurs, de mécènes de la guerre contre l’URSS dont les grands noms sont les suivants :

–       la CIA : elle assura la formation, le financement d’une partie du coût de la guerre et la fourniture des équipements militaires de pointe à la résistance afghane via l’Opération baptisée Cyclone. Selon les informations disponibles, les Etats-Unis ont dépensé 3,3 milliards de dollars américains et l’Arabie saoudite presque le triple durant les dix années qu’a duré la guerre d’Afghanistan, pour alimenter la résistance antisoviétique et anticommuniste incarnée par, entre autres, les moudjahidines de Hekmatyar et notamment de Oussama Ben Laden.
 
Mais aux dires de Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller pour la sécurité de Jimmy Carter, c’est six mois avant l’intervention des Soviétiques, soit le 3 juillet 1979, que le président Carter a signé la première directive sur l’assistance clandestine aux opposants du régime prosoviétique de Kaboul.
 
–       Oussama Ben Laden : à l’origine, il n’était qu’un représentant du Prince Turki al-Fayçal, alors chef des services de renseignements saoudiens, chargé de ventiler les sommes allouées à la résistance afghane.
 
A l’époque, le principal leader des volontaires arabes était un certain Abdullah Azzam, un cheik palestinien, qui avait enseigné à l’université de Djedda. Aux yeux d’Azzam, idéologue de la résistance moudjahidine, le djihad afghan était une obligation morale pour tous les musulmans, le sixième pilier de l’islam.
 
Mais, déjà, Abdullah Azzam théorisait sur un djihad qui dépasserait le cadre de l’Afghanistan, puisque dans son livre “Défendre la terre des musulmans est le plus important devoir de chacun”, il écrivait que l’Afghanistan n’était qu’un début et que ce devoir ne prendrait pas fin avec la victoire en Afghanistan ; il devra se poursuivre jusqu’à ce que toutes les autres terres jadis musulmanes comme la Palestine, Boukhara, le Liban, le Tchad, l’Erythrée, la Somalie, les Philippines, la Birmanie, le Sud-Yémen, Tachkent et l’Andalousie (le Sud de l’Espagne actuelle), reviennent aux djihadistes afin que l’islam règne de nouveau.
 
Ben Laden, selon les informations disponibles, avait plusieurs fois été formé par la CIA aux missions secrètes de type terroriste. Il fut alors fasciné par les enseignements de Azzam et décida de monter son propre groupe de volontaires pour se lancer sur le terrain du combat armé contre l’URSS.
 
Disposant d’énormes moyens financiers et d’une logistique militaire de pointe ainsi que de la meilleure des formations apportée par la CIA, il devint très vite une des figures de proue du combat antisoviétique. Après avoir construit une base pour son propre usage, baptisée la “Tanière du Lion”, près de Jaji, il se lança dans les combats militaires contre l’URSS, en 1986.
 
Après la victoire des Moudjahidines, Ben Laden et les autres combattants qui se disputaient déjà le contrôle du pays, décidèrent de transformer l’Afghanistan en un vaste camp de formation militaire antioccidentale pour tous les volontaires ayant combattu l’URSS mais aussi et surtout, pour tous les nouveaux mouvements islamistes qui voulaient mener le djihad contre l’invasion occidentale ou soviétique dans leurs Etats respectifs.
 
Le terrorisme était donc né, par suite d’un retournement des moyens militaires et des méthodes terroristes de déstabilisation contre les Etats-Unis d’Amérique et tous leurs alliés du Bloc occidental qui avaient travaillé à la création de ce terrorisme.
 
Entre temps, en 1989, le Bloc soviétique s’effondre. La Russie broie du noir. Puis surgit en 1999, un certain Vladimir Poutine, ancien patron du KGB, avec un charisme hors pair et des capacités exceptionnelles de conduire des réformes qui permirent une restructuration rapide du communisme originel pour éviter à la Russie d’imploser et, en moins d’une décennie, de permettre à ce vaste pays de redevenir une Nation puissante qui compte.
 
Mais Poutine voit grand et veut mener très loin la Russie. Avec la Chine, il réussit une alliance stratégique en créant les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, South Africa).
 
La Russie est et demeure une puissance militaire au même rang que les Etats-Unis. L’Inde dispose de l’arme atomique. L’Afrique du Sud également. La Chine est devenue la Première économie disposant d’une trésorerie réelle au monde.
 
La menace russe est donc née. Les équilibres géostratégiques sont bouleversés. L’Occident ploie sous le poids de la dette et se meurt.
 
Il ne reste alors qu’une seule alternative : empêcher l’hégémonisme naissant du nouveau Bloc de l’Est conduit par la Russie et la Chine.
 
Mais comme hier, en 1979, le Bloc occidental dirigé par les Etats-Unis veut éviter une guerre directe avec la Russie et la Chine. Il faut alors recourir aux méthodes qui ont payé hier.
 
Alors, un nouvel accord est signé avec un Ben Laden tué et mort sans convaincre qu’il est réellement mort. Son mouvement Al-Qaïda devient du coup un allié incontestable pour “l’Aube de l’Odyssée” conduite par l’OTAN en Libye. Il devient également le plus grand allié pour la campagne en Syrie et le projet du même type en Iran.
 
Les terroristes d’hier sont subitement devenus des démocrates et, les pouvoirs légitimes pro-Russe ou pro-Chinois sont taxés par les média et politiques occidentaux, de régimes qui massacrent leurs peuples épris de démocratie et de liberté.
 
Comme aux heures glorieuses de la Résistance antisoviétique par moudjahidine interposé en Afghanistan, les terroristes volontaires du monde sont recrutés, payés comme des salariés de la nouvelle guerre antisoviétique puis, reçoivent des moyens militaires et des financements colossaux venant de l’Europe, de l’Amérique et notamment de l’Arabie Saoudite et du Qatar.
 
Alors, la boucle est bouclée. L’histoire se répète. La Russie et la Chine doivent être neutralisées. Et il n’y a pas de meilleurs alliés que les alliés d’hier, dont les méthodes et moyens, ont prouvé leur efficacité, surtout qu’après coup, leur volonté d’instaurer la sharia au soir d’une énième victoire sur la Russie ou la Chine, devra donner des raisons de mener de nouvelles opérations comme celles conduites en Afghanistan après les attentats terroristes, “bien utiles”, du 11 septembre 2001.
 
Comme hier en Afghanistan, la Russie perdra la face en Syrie. La Chine évitera peut-être un chaos en Iran.
 
Mais au bout de toute cette nouvelle Guerre froide, les terroristes sortirons vainqueurs parce que l’alliance avec la Russie à toujours un coût qui se chiffre en milliards de dollars et que la plupart des régimes agressés sont incapables de payer pendant longtemps, à cause des sanctions économiques de l’Occident.
 
Alors, regardons-nous droit dans les yeux et posons-nous cette question : faut-il désespérer de la Russie, cet allié qui vend tout, qui n’a point la patience de t’aider à triompher de l’ennemi commun avant de te tendre les factures et, qui te lâche quand tu n’as plus les moyens de payer alors que tu es à un moment de la lutte où tu as le plus besoin de lui ?
 
Ou bien, doit-on espérer que l’apport de la Chine aidera à faire la différence cette fois-ci et que les leçons du passé, donneront à la Russie, une nouvelle approche du combat de positionnement géostratégique, par pays interposé ?

 
Les tournures que prennent les événements en Syrie ne nous donnent aucunement d’assurance quant aux chances d’espérer en une Russie nouvelle.
 
Mais l’erreur est humaine. Espérons que nous nous sommes trompés et qu’une Russie nouvelle est réellement née pour un être un Allié nouveau, fiable, sur qui l’on peut compter, pour le meilleur et le pire.
 
 
A Très bientôt.
                                                     
Hassane Magued

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