Le président malawite Bingu wa Mutharika, hospitalisé jeudi après avoir été victime d’un arrêt cardiaque à l’âge de 78 ans, devait être transporté dans la soirée en Afrique du Sud pour y subir des soins.
Le chef de l’Etat “recevra des soins de spécialistes”, a précisé la radio d’Etat jeudi soir, citant un communiqué de la présidence dans la toute première annonce de son malaise sur un média national, après une journée entière de mutisme total.
La radio n’a pas précisé dans quel établissement le chef de l’Etat, critiqué pour ses tentations autoritaires, devait être admis en Afrique du Sud, à plus de deux heures d’avion du Malawi.
Bingu wa Mutharika s’était effondré jeudi matin au palais présidentiel et avait été transporté inconscient à l’hôpital central de la capitale Lilongwe.
Des membres de sa famille, dont sa femme Callista et sa fille Duwa, ainsi que le secrétaire de la Présidence et le ministre de l’Environnement et de l’Energie lui ont rendu visite, a-t-on appris de source hospitalière.
Peter Mutharika, le frère du président dont ce dernier voulait selon l’opposition faire un successeur, s’est également rendu à l’hôpital. Un journal local a été jusqu’à annoncer la mort du président malawite.
“Un démocrate pur et dur”
Président depuis 2004, et très confortablement réélu en 2009, M. Mutharika est un économiste de formation qui a travaillé pour plusieurs organisations internationales dont la Banque mondiale.
Il s’est targué d’avoir “éliminé la faim au Malawi” lors de son premier mandat, après une terrible famine en 2005. Son programme en faveur des agriculteurs locaux lui a valu une réélection facile, avec les deux tiers des voix.
Mais son pouvoir a été de plus en plus contesté ces derniers mois, sur fond de pénuries chroniques, notamment de carburant et de devises étrangères. De nombreux opposants ont critiqué une dérive autoritaire, de même que la plupart des donateurs étrangers qui ont coupé les vivres au pauvre pays d’Afrique australe, qui compte 14 millions d’habitants.
Bingu wa Mutharika leur a répondu en faisant adopter un budget de rigueur faisant l’apologie de l’autogestion, tandis que le cours du dollar atteignait au marché noir le double du taux officiel.
Le principal mouvement d’opposition, le Comité pour les affaires publiques (PAC), qui regroupe des personnalités de l’opposition et de la société civile, a appelé en mars le président à démissionner ou à remettre son mandat en jeu lors d’un référendum. Harcelé par la police, le groupe a dû se réfugier dans une église, où les forces de l’ordres ne pouvaient intervenir.
Bingu wa Mutharika leur a adressé une fin de non-recevoir.
Dans une interview à l’AFP il avait juré en juillet 2011 ne pas être un dictateur, quelques jours avant que des manifestations ne dégénèrent et tournent à l’émeute. Dix-neuf personnes avaient alors été tuées par la police.
“Je suis une personne très ouverte”, disait-il de lui-même. “Mais il faut aussi de la discipline. (…) La dictature n’est pas dans ma nature. Je suis un démocrate pur et dur.”