Côte d’Ivoire. Les Frci s’érigent en grands bandits

Les opérations de rafle générale décidées par le ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko sont une aubaine pour les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) qui s’adonnent à des actes de grand banditisme sur des citoyens vivant sur le territoire ivoirien.

‘‘Au nombre de cinq, à bord d’un véhicule de type 4X4 double cabine, des éléments des Frci dont le chef répond au nom d’Ablo se sont mis à taper violemment le portail de ma résidence en exigeant de leur ouvrir les portes. A la question de savoir la raison de leur présence, ils me font entendre qu’ils sont là pour des fouilles, à la recherche d’armes. Ils prétendent que j’aurais hébergé pendant la guerre à Abidjan, des militaires pro-Gbagbo qui, avant de fondre dans la nature, ont abandonné tout leur armement chez moi. Et que je serais toujours en contact avec eux, que je leur permettrai de récupérer cet arsenal une fois qu’ils seront à Abidjan pour lancer l’assaut contre le pouvoir de Ouattara», révèle Sévérin K, interrogé par Le Nouveau Courrier.

Il poursuit,  rapportant les propos de ses visiteurs de nuit (22h10), lorsqu’il a voulu savoir la provenance de leurs informations erronées : «Vos mouvements sont suivis dans le quartier et nous sommes toujours informés de vos activités.» Sur insistance des éléments des Frci et vu la gravité de leurs dires, le maître des lieux ouvre les portes de sa résidence sise à Yopougon- Maroc à ses visiteurs. Ceux-ci s’y introduisent et procèdent à un semblant de fouille, sans mandat de perquisition, qui se limite au salon de K. Severin.

Mais ces visiteurs indésirables ne s’arrêtent pas là. Ils exigent que leur soit remis le prix de leur «carburant» (une sorte de rançon pour dire vrai) avant de quitter les lieux. Pour vite se tirer d’affaire, le propriétaire des lieux leur tend la somme de 20 000 FCFA. Un élément des FRCI exige qu’il augmente la cagnotte à 50 000 FCFA parce qu’il ne serait pas à 20 000 FCFA près. Ce qu’il fait pour, dit-il, ne pas s’attirer d’ennuis.

Des sources policières témoignent

Deux autres personnes, victimes de rafle dans la nuit du vendredi à samedi dernier, ont également confié au Nouveau Courrier leur mésaventure. De retour d’un service de nuit, aux environs de 20 heures, dans la zone industrielle de Yopougon, ils sont interpellés par des éléments des Frci à Yopougon-Sideci, à peine descendus d’un taxi, à la hauteur du nouveau pont. Après contrôle de leurs pièces d’identité, il leur est exigé de se joindre à un groupe de personnes également interpellées dans un endroit obscurci. Quelques instants après, il sera exigé aux membres du groupe de s’acquitter chacun de la somme de 1 000 FCFA. Ce qui pourrait leur donner le droit de retrouver librement leur domicile. Ceux qui n’ont pas de liquidité ce jour se voient dépossédés de leurs biens matériels tels que des téléphones portables, des montres…

A ce sujet, le témoignage d’agents de police nationale qui participent à cette opération de rafle confond les nombreux éléments des Forces républicaines du ministre de la Défense Alassane Ouattara. «Ils se comportent en véritables bandits, de véritables va-t-en guerre et pensent que c’est l’occasion de dépouiller des citoyens pour se faire des sous en attendant que leur situation soit régularisée. En plus de ce qu’ils n’ont aucune notion de respect des droits de l’homme», piaffe un officier qui dirige un groupe. Après de nombreux rapports de certains chefs d’unités, la hiérarchie des Forces de l’ordre a décidé de se démarquer des pratiques de hors-la-loi des éléments des Frci. Un rapport détaillé, selon nos sources, a été soumis à Hamed Bakayoko de qui il est attendu la soustraction à l’opération de rafle des éléments des Frci et sa prise en main par la police et la gendarmerie appuyées par les forces impartiales. Si tant est que les autorités ivoiriennes tiennent absolument à cette
opération de grande envergure.

Gilles Naismon

Ce que les Frci font subir à leurs ‘‘proies’’

Depuis plusieurs jours, le régime Ouattara a soumis singulièrement la commune de Yopougon à un régime drastique, avec son opération de rafle généralisée, au nom d’on ne sait quel dessein inavoué. Cette opération a vite fait de prendre des allures de racket et de torturs infligées par les Frci à leurs victimes.

La commune de Yopougon est soumise à un régime de semi-couvre-feu, officiellement, depuis une semaine, voire plus pour certains quartiers comme la Sideci. Chaque soir, depuis le début de la semaine dernière, plusieurs centaines d’éléments des Frci envahissent les rues de Yopougon, se faisant accompagner dans certains quartiers par des forces de police.

Malheureusement, et comme il fallait s’y attendre, les descentes des Frci sur le terrain ne sont pas toujours sans conséquences pour les populations. La plupart des citoyens raflés sont immédiatement conduits dans la base des Frci, au camp BAE de Yopougon, à proximité du Chu. Selon des «raflés» revenus de l’«enfer», plusieurs centaines de personnes sont détenus dans ce camp qui a des allures de «camp de concentration». Koné, qui a été conduit dans le camp dans la nuit de mercredi dernier, a subi toutes sortes de brimades.

«Quand ils nous ont emmenés dans le camp, ils nous ont d’abord fouillés avant de nous aligner. Chacun de nous a reçu des coups de matraque avant d’être enfermés dans un endroit totalement fermé. On n’avait pas le droit d’uriner ni d’aller aux toilettes. Ils nous demandaient de nous retenir jusqu’au matin et «gare à celui qui va faire ça sur lui», nous lançaient-ils. C’était pénible, parce qu’on était entassés comme des bêtes sauvages. Vraiment, ils n’ont aucun respect pour la dignité de l’homme», explique-t-il. Il a recouvré la liberté après que son cousin soit venu payer la somme de 5000 FCFA en lieu et place des 10000 FCFA que les Frci demandaient, après avoir fait un plaidoyer déshumanisant sans fin. Plusieurs autres ont dû débourser la même somme sinon plus pour sortir libres du camp.

Frank Toti

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