Le président de la République procède à la pose de la première pierre du barrage hydroélectrique ce jour. Occasion idoine pour mettre des points sur certains « i »
C’est sans nul doute l’un des plus beaux et rentables souvenirs que Paul Biya va léguer à ses frères du Sud. La région dont le chef de l’Etat est originaire bénéficie ainsi de trois projets structurants : le complexe portuaire de Kribi, la centrale à gaz de la même ville et bien entendu le barrage de Memve’ele dont la première pierre sera posée aujourd’hui. Occasion pour le président de la République de repréciser la politique économique de la nation.
Mais des sources crédibles nous font savoir que le chef de l’Etat saisira également cette occasion pour mettre les points sur certains i. Autrement dit, Paul Biya pourrait répondre aux quatres lettres ouvertes de Marafa Hamidou Yaya dont la première date du 1er mai 2012. Lettre qui révèle quelques confidences entre l’ancien Secrétaire général de la Présidence de la République, puis ministre d’Etat en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et son ancien mentor. Confidences sur la composition du gouvernement qui a vu le retour de M. Issa Tchiroma Bakary au poste de ministre de la Communication pour, aux dires de certains « contrecarrer les ambitions de M. Marafa » ; l’éventualité d’une prétendue candature de M. Marafa à l’élection présidentielle de 2011…
Dans la suite de ses correspondances, Marafa Hamidou Yaya donne son opinion sur le nouveau code électoral camerounais, sa version sur les procédures d’acquisition des aéronefs présidentiels. Procédures qui sont à l’origine de l’incarcération de l’ancien premier ministre Thomas Ephraïm Inoni, les anciens secrétaires généraux de la présidence Jean-Marie Atangana Mebara, lui-même Marafa Hamidou Yaya, l’ancien administrateur-directeur général de la Camair, Yves-Michel Fotso, l’ancien ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis Gérôme Mendouga, etc.
La quatrième lettre qui fait encore des vagues est celle dans laquelle Marafa Hamidou Yaya met nommément en cause un certain nombre de personnalités dont l’actuel ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary, sur le crash du Boeing de la Camair Le Nyong en décembre 1995 en raison d’une affaire de pot-de-vin. On a alors vu des fonctionnaires monter au créneau pour tenter « d’éteindre le feu » allumé par le pensionnaire de la prison secondaire de Kondengui, qui se trouve en réalité dans les locaux du Secrétariat d’Etat à la Défense (Sed). Issa Tchiroma lui-même a tenté des explications qui ne semblent pas avoir convaincu sa propre personne. Puisqu’au lieu de dire ce qui s’est réellement passé, il s’est plutôt publiquement confessé, opposant à M. Marafa que « toute vérité n’est pas bonne à dire », accusant au passage la presse de « servir de pistolet à M. Marafa qui prend ainsi le peuple en otage».
Des sorties qui ont davantage donné des points à Marafa Hamidou Yaya. Le chef de l’Etat semble donc avoir pris la mesure de la situation et pourrait apporter aujourd’hui sur le site du futur barrage hydro-électrique les réponses cinglantes et autoritaires à ces lettres. Sera-t-il allusif ou répondra-t-il du tac au tac ? Souvent méprisant avec un sens poussé de la derision, le speech de Paul Biya est attendu. Réussira-t-il à briser la plume de Marafa ? Certaines sources soutiennent que ce prévenu « rétif » n’a pas dit son dernier mot et que ses prochaines lettres, guettées tous les matins dans les colonnes des gazettes peuvent être plus « édifiantes » pour certains, « corrosives » pour d’autres sur l’état de certains dossiers et la marche de l’Etat. On verra bien.
Jacques Doo Bell