Réfugiés : Refus de départ du Cameroun renouvelé des Rwandais

Refugiés rwandais

Issus de pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, quelque 110.000 réfugiés sont recensés en 2012 au Cameroun dont plus de 800 Rwandais selon les chiffres officiels, réévalués entre 1.000 à 2.000 par les concernés eux- mêmes qui, une fois de plus, s’opposent à la clause de cessation de leur statut dont l’application est annoncée pour juin 2013 après plusieurs renvois.

D’après le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), sur un total de plus de 110.000 réfugiés, le Cameroun accueillait à la fin de l’année dernière, 11.357 réfugiés urbains et demandeurs d’asile, provenance principalement de la République centrafricaine (RCA), du Tchad, du Rwanda, de la République démocratique du Congo (RDC) et du Burundi, par ordre d’importance.

Les registres font également état de “réfugiés nigérians provenant pour la plupart de l’Etat de Taraba (qui) sont entrés au Cameroun en 2002 suite à des guerres tribales et foncières dans leur pays” et dont le nombre total au 31 décembre 2011 se chiffrait à 3.220 âmes.

Dans les régions de l’Est et de l’Adamaoua notamment, plus de 83.000 réfugiés centrafricains vient non pas regroupés dans des camps, mais répartis dans 74 sites couvrant une surface totale denviron 50.000 kilomètres carrés, où ils sont bien intégrés dans leurs communautés d’accueil et ont accès aux services de base, aux ressources naturelles et aux terres sur lesquelles ils pratiquent des activités agricoles familiales et l’élevage des bovins, se réjouit le HCR.

Ce n’est pas le cas des Rwandais qui sont essentiellement quant à eux des réfugiés urbains et qui, contrairement aux autres communautés, font l’objet d’une clause de cessation du statut dont le HCR, après plusieurs renvois, annonce l’application dès le 30 juin 2013, ce que les concernés dénoncent, criant à un ” rapatriement forcé”.

Déjà, ces réfugiés ne s’accordent pas avec le HCR sur le nombre réel. “Ici au Cameroun, nous sommes en train 1.000 et 2.000. Ça peut même dépasser, parce qu’il y a beaucoup de réfugiés ici que le HCR n’a pas encore enregistrés, c’est-à-dire les demandeurs d’ asile”, a affirmé à Xinhua André Sibomana, pasteur de l’église de la Mission du plein évangile.

De son côté, la représentante adjointe du HCR au Cameroun, Catherine Hamon Sharpe, est souligné sur un ton catégorique : ” Exactement, ils sont un peu plus de 800. Je ne sais pas d’où vient ce chiffre de 1.500 ou 2.000. Encore une fois Rwandais, Congolais, Centrafricains, Tchadiens, tout le monde a eu la possibilité de venir au HCR. Donc, pour nous, nous allons considérer le nombre des réfugiés que nous avons enregistrés”.

Selon elle, “les chiffres aujourd’hui (obtenus au terme d’un recensement en 2011, ndlr), les 8.200 réfugiés urbains et les 3. 600 demandeurs d’asile, pour nous représentent quand même une certaine réalité. Il y a certainement une petite marge de manoeuvre, mais les gens ont vraiment eu la possibilité de contacter le HCR pendant un certain temps pour se faire connaître”.

Le HCR a salué lors de la 12e Journée mondiale du réfugié mercredi à Yaoundé la publication en novembre 2011, six ans après une loi votée par l’Assemblée nationale en juillet 2005, d’un décret présidentiel portant organisation et fonctionnement des organes de gestion du statut de réfugié au Cameroun, un acte ayant permis la création de deux commissions spécifiques pour léligibilité et le recours des réfugiés.

Un mois auparavant, le Cameroun a été admis parmi vingt-un autres pays africains au sein du Comité exécutif du HCR, une instance de 78 membres au total. Il continue de recevoir d’important flux de réfugiés, fuyant leurs pays pour des raisons de conflits armés pu d’insécurité. C’est le cas de ressortissant ivoiriens en 2011 après la mémorable crise postélectorale.

“Il y a eu effectivement depuis l’année dernière une augmentation du nombre de demandeurs d’asile. Des demandeurs d’asile arrivent régulièrement. Toutes les semaines, nous enregistrons une quarantaine de personnes tant à Yaoundé qu’à Douala. Donc effectivement, il y a eu une augmentation. En parallèle, il y a eu des départs spontanés, il y a eu des gens aussi qui ont été réinstallés”, confirme Hamon Sharpe.

Mais en dehors de la Côte dIvoire, d’autres nationalités sont citées dont la Centrafrique encore une fois, la Guinée-Conakry et le Sénégal. “C’est toutes nationalités confondues, mais ça ce sont les demandeurs d’asile qui font l’objet d’une détermination de statut à l’issue de laquelle on détermine si oui ou non ils remplissent la qualité de réfugié”, précise la représentante adjointe du HCR.

Par rapport aux effets des attaques terroristes de la secte Boko Haram au Nigeria, rassure-t-elle cependant, “jusqu’à ce jour, nous n’avons pas enregistré de demandeurs d’asile en provenance du Nigeria. Nous suivons de près la situation au Nigeria, je pense qu’elle préoccupe toute le monde. C’est légitime de savoir si l’Etat camerounais sera affecté”.

Sur la clause de cessation du statut concernant les Rwandais, les modalités prévoient, d’après Catherine Hamon Sharpe, que “le statut va cesser, mais ça ne veut pas dire que les gens sont forcés de rentrer. Il y a une palette d’options disponibles. On peut effectivement choisir volontairement de rentrer et le HCR va aider les individus prêts à rentrer. On peut décider de rester au Cameroun sans problème”.

Certes, les autorités camerounaises n’ont pas d’objection à ce que les Rwandais restent au Cameroun, mais “il va falloir que ces réfugiés rwandais obtiennent un autre statut : un statut de résident avec une carte de séjour ou une carte de résident. Il n’y a pas de retour forcé pour les Rwandais”, insiste-t-il.

“Nous ne sommes pas prêts à rentrer. Depuis qu’on a commencé le projet de clause de cessation en 2008, nous avons présenté nos doléances aux Nations Unies de nous assurer encore la protection du HCR et surtout de continuer à financer les pays d’accueil de nous maintenir. Le problème qui nous préoccupe, c’est la paix au Rwanda. Nous avons fait fui le FPR (Front patriotique rwandais, au pouvoir à Kigali, ndlr) et Kagame qui font encore l’objet de mandats de la justice internationale”, soutient en revanche le pasteur Sibomana

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