Avec un pouvoir central affaibli et des pressions sécessionnistes très puissantes dans le régions de l’Est et du Sud, le pays sombre dans la violence. Le système judiciaire, en particulier, est totalement déficient.
L’histoire d’Al-Amin Al-Sahli est en une illustration terrible. Employé municipal à Misrata, la troisième ville du pays, il a vu un jour des hommes armés arriver chez lui à bord d’un pick-up. Sans donner de raison, il lui ont demandé de les accompagner. Il est alors enfermé dans une pièce, ses affaires lui sont dérobées, puis il est sauvagement frappé.
Al-Amin Al-Sahli : « Ils m’ont attaché les mains derrière le dos et couvert la tête. Puis il m’nt battu avec des câbles, des tuyau, des bâtons et d’autres choses. Ils ont frappé mon dos, mes pieds, et toutes les zones sensibles de mon corps. »
Il est ensuite emmené dans une cellule où se trouvent déjà d’autres prisonniers. Tous ont été torturés, et certains ont les jambes cassées. Il sera finalement relâché à la demande d’un autre groupe armé. La raison de ce cauchemar n’aurait finalement été qu’une vieille dispute portant sur la possession d’un morceau de terrain.
Le nombre de ces enlèvement, qu’il s’agisse de justice privée ou de simples demandes de rançon connaitrait une augmentation dramatique. Plus grave, des forces de sécurité commettraient elles aussi ces exactions. Les militants des droits humains en Libye s’affolent de ce phénomène.
Depuis la chute de Muammar Khadafi, le nombre d’armes en circulation a explosé dans le pays. Devant l’incapacité du gouvernement provisoire à assurer la sécurité, de nombreuses milices privées ont été formés dans de multiples zones périphériques du pays. Aujourd’hui, alors que des élections générales doivent avoir lieu le mois prochain, elles sont bien peu à avoir désarmé.
Abdulnasser Mohammed Ruhuma a lui aussi vécu un véritable calvaire. Tiré avec son oncle de sa maison où dormait sa famille, il a été battu et torturé de la pire des manières. M. Ruhuma: « Ils m’ont tout fait. Ils m’ont frappé avec tout ce qu’ils avaient, avec leurs mains, leurs pieds, des couteaux, des pistolets, tout.. »
Il sera libéré au bout de quelques heures plus tard par les forces de sécurité libyennes. Pour le gouvernement provisoire, la situation est intenable : des décisions fortes doivent être prises au plus vite.
La sécurité en Libye n’a cessé de se dégrader depuis la chute du colonel Khadafi. Un problème contre lequel un gouvernement légitimement élu devra s’attaquer avant tous les autres : les élections du 7 juillet prochain seront alors la première étape d’un redressement indispensable.