Bac général 2012. L’argent des délibérations porté disparu au centre de Mballa II

Près de quatre jours après les délibérations du Baccalauréat (Bac) de l’enseignement général, les fonds destinés aux examinateurs des 16 jurys du sous centre d’examen de Mballa II, comme dans bien d’autres s/centres, payables  habituellement à l’instant, ne sont toujours pas arrivés à leurs destinataires. Ce qui fait craindre des remous qui pourraient éclabousser l’office.

«  Depuis plusieurs années de composition aux examens du Baccalauréat, et du Probatoire, quand on achève les délibérations, les frais de vacation, sont payés sur le champ. Il n’y a jamais de rendez-vous. L’argent, toujours liquide, est souvent porté par le chef de centre qui fait les états et désintéresse tout le monde. Nous sommes surpris que cela ne soit pas le cas cette année. Nous avons d’arrache pied, travaillé pendant quatre longues journées sans sommeil, dans les délibérations ; comment comprendre que rendu à ce jour, mercredi 11 juillet, nous soyons encore à courir après nos vacations, qui sont somme toute, minables. Le chargé de missions, envoyé par l’office du Bac, demande de faire des requêtes. Ce qui est démotivant et nous cause des préjudices graves, dans nos familles en ces temps des vacances scolaires». Le visage buriné de colère, le regard fuyant, l’indignation vive et la colère perçante, Adalbert Ekomba, enseignant de Philosophie, dans un lycée de la ville de Yaoundé, est remonté contre l’amateurisme et l’insouciance de l’office du Baccalauréat. Comme lui, beaucoup de ses  collègues examinateurs ayant été dans les centres de délibération du Baccalauréat, sont dans l’inquiétude doublée de mépris de l’office du Bac.

Des sources dignes de foi, attestent que les 16 jurys, chargés de délibérer sur le Bac 2012, dans le Sous centre de Mballa ll, ont achevé leur travail samedi dernier et ont fait acheminer les résultats à l’office du Bac le même jour. Si une curiosité est celle de constater que jusqu’ici (quatre jours après), l’office n’a toujours pas proclamé les résultats des admis, l’on ne comprend pas ce qui explique le non payement des frais de délibérations à plus de 160 examinateurs et vices présidents de jurys, ayant accompli ledit travail.  A en croire le chargé de missions, l’office a débloqué des sous pour payer à peine les membres de six jurys. Hors le centre en a enregistré 16.

Résultats des courses, de peur de s’attirer la colère des jurys lésés, le chargé de mission a préféré ne payer personne. Pour parer au plus pressé, le chef de mission, le chef de secrétariat et le chef de centre, se sont accordés pour la rédaction d’une requête destinée à l’adresse des responsables de l’office du Bac. «Le drame est tel que, l’office se hâte doucement et à son rythme dans l’étude des requêtes ; ça peut durer un mois et même un an. Tout cela cause des préjudices moraux et matériels indescriptibles. De nous tous qui avons fini les travaux samedi, on espérait avoir cet argent sur l’instant, hélas. L’on nous a demandés de revenir lundi, mais rien ne nous a été donnés ; jusqu’à ce jour. C’est injuste que l’on fasse son travail, mais que l’on ne soit pas rétribué. Plus grave, on est en vacance, l’attente de cet argent fausse les projets de nombreuses familles. L’office ne donne pas des explications claires sur les chemins des sissonghos empruntés par ces fonds » avoue Lambert Babandjida.

Affairisme et tripatouillages

Selon des sources dignes de foi, les délibérations qui dépassent rarement quatre jours, sont achevées depuis quelques temps. Au centre de Mballa II, on affirme que tous les jurys des différents centres, avaient jusqu’à la journée de samedi dernier, pour faire parvenir leurs rapports à l’office du Bac. Rendu à plus de trois jours après, l’on s’interroge sur l’imminence et la destination prise par ces résultats. Même si au niveau de l’office, on affiche une certaine sérénité en indiquant que la proclamation de ces résultats est dans le circuit, l’on observe qu’il y a de multiples curiosités et des inepties, à l’allure banale, mais qui consacrent les craintes et l’affairisme tant décriés depuis quelques années.

Comment comprendre que l’on parle des requêtes, dans le payement des vacations, ou du manque de liquidités, alors que l’’office du Bac est un organe spécialement créé pour tordre le cou à ce type d’avatars ? Comment expliquer que l’office qui passe toute une année à ne préparer que les examens, en soit à s’illustrer et se distinguer par autant d’improvisations, d’amateurismes et de dysfonctionnements ? Quelles sont les destinations prises par l’argent, lorsqu’on sait que les candidats payent assez chers et de façon laborieuse les frais de participation à ces dits examens ; mieux, que l’Etat du Cameroun, accorde une subvention importante à l’office du Bac, à travers le ministère des Enseignements secondaires, pour une organisation optimale et sans faille des examens ?

Plus grave, comment comprendre que pour les mêmes examens organisés par l’office du Bac, on assiste à une rétribution et à un traitement spécieux, injuste, inconfortable et disproportionnel des différents acteurs qui interviennent dans le processus ? A titre d’exemple, les chargés de missions (généralement des personnels de l’office) qui interviennent certes de l’organisation de l’examen à l’écrit, en passant par les corrections et les délibérations et les présidents des jurys (très souvent des enseignants d’Universités) pour le cas de l’examen du Baccalauréat, sont très bien traités, alors que ceux qui se battent au quotidien dans le chaudron à enseigner, surveiller, corriger et délibérer, pour la majorité des enseignants et vices présidents des jurys, soient les plus mal logés et très mal rémunérés ?  La situation que traversent les examinateurs du Bac de l’enseignement général est au centre d’une controverse et provoque de nombreuses inquiétudes pour le reste des examens organisés par l’office du Bac. Cela s’observe au niveau des enseignants qui doivent délibérer sur le Bac technique et les différents probatoire. Un manque de sérénité, qui risque provoquer des troubles au désavantage des candidats. Malheureusement.

Souley ONOHIOLO

Focal. Reformer l’office du Bac

Créé pour redonner sa gloire d’antan aux différents examens de fin du second cycle de l’enseignement secondaire, au rang duquel, le Baccalauréat qui subissait une certaine turpitude et un coup de déconsidération, l’office du Bac, avait de beaux jours. Mais au fil du temps, cet organe devant  revaloriser les diplômes de fin de second cycle a pris régulièrement de l’eau, au point de faire plonger tout le système.

En plus des listes «bancales» des admis qui sont publiées au fil des années, de fil en aiguille, les méthodes de travail de l’office sont assez souvent et régulièrement, truffées des incongruités et des incohérences qui provoquent indignation, colères et des « gorges chaudes »  au sein de la communauté éducative.

A titre d’exemple, l’office s’est illustré par une curiosité spéciale en cette année scolaire finissant, en rétrogradant en classe de 1ère des élèves déclarés admis en classe de Terminale et en statuant sur la promotion de certains candidats recalés en classe de 1ère, dans les niveaux de terminale. Une originalité qui n’a jamais été observée jusqu’à cette année. Et pourtant, rassurent les examinateurs, habitués de l’organisation, les corrections et les délibérations à ces examens, si le schéma processuel est suivi à la lettre, il n’y a pas de dérive, ni de risque d’erreur possible.

« Au vu des différents acteurs à savoir le président du jury, le vice président, le 2ème teneur de Pv et les membres de jury en charge de faire  ce travail, la marge d’erreur ne peut pas conduire à ce genre de complication. Quand on lit les notes, chaque correcteur, lit celles des feuilles des candidats qu’il a corrigées. Au bout du compte, il y a trois personnes qui calculent simultanément les notes. Ils doivent impérativement avoir le même résultat, sinon, on recommence les calculs. Il faut noter que dans chaque jury, il y a en plus du président, son vice et le 2ème teneur de Pv, une dizaine d’enseignants membres. Le travail se fait avec beaucoup de rigueur et de logique ; d’autant que après, il y a la confrontation des procès verbaux, suivie de la confrontation  des listes des admis. Ce n’est que par la suite qu’en dernier état de cause, les président du jury appose son cachet, pour authentifier le résultats de son jury» avoue un vice président de jury. A le croire, les dysfonctionnements observés dans ce cas de figure, ne peuvent être que le fait des tripatouillages et manipulations diverses au niveau de l’office ; sinon, cela serait consécutif au «sabotage», à l’absence de motivation, ou à un mécontentement généralisé d’un jury mal traité et frustré. Ce qui se passe au sous-centre de Mballa II, ajouté à ce que l’on observe quoique à des degrés différents dans plusieurs centres d’examens du pays, explique le malaise généralisé des examens au Cameroun.


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