William Aurélien Eteki Mboumoua : «L’Union africaine n’a rien apporté »

William Aurélien Eteki Mboumoua
Ancien Secrétaire général  l’Oua,  William Aurélien Eteki Mboumoua a  son avis sur la longue bataille menée, depuis janvier dernier et qui s’est poursuivie ce week-end à Addis-Abeba, pour l’élection au poste de président de la Commission de l’Union africaine (Ua).

Que pensez-vous de la bataille féroce pour la conquête du fauteuil  de président de la Commission de l’Union africaine ? Les enjeux sont-ils les mêmes que du temps où vous étiez Secrétaire général de l’Oua ?

Votre question est trop vaste. Elle renvoie aux  rouages et aux ambitions au sein de l’Organisation de l‘unité africaine (Oua). Le Secrétaire général de l’Oua n’a aucun  pouvoir. C’est une Organisation où les chefs d’Etat ont jalousement préservé leur souveraineté. Voilà pourquoi l’Oua n’a pas pu résoudre  les conflits qui secouent le continent. L’Oua a certes eu un résultat : la libération de tout le continent. Il fallait vaincre l’apartheid. L’Union africaine (Ua) n’a rien apporté. L’Union africaine a emprunté les habits de l’Union européenne (Ue). Les mêmes problèmes restent.

Que pensez-vous du projet des Etats-Unis d’Afrique ?

L’aspiration aux Etats-unis d’Afrique pourrait résoudre beaucoup de choses. On y parviendrait si les chefs d’Etat consentaient à laisser  une parcelle de leur souveraineté.  Les élections pour le poste de Secrétaire général  de l’Oua hier et aujourd’hui pour la présidence  de la Commission de l’Union africaine sont une petite  péripétie. A l’heure où  je vous parle (ndlr, le jeudi 12 juillet 2012), je ne peux pas vous dire ce qui va se passer avec mon ami  Ping.  L’affrontement entre le  Gabonais Jean Ping qui brigue un second mandat et la Sud-africaine Nkosazana Dlamini-Zuma rappelle ce qui s’est  passé à l’Oua à l’époque, avant que je sois élu Secrétaire général de l’Oua.

Pouvez être plus clair et précis ?

Plusieurs tours de scrutins n’avaient pas pu départager deux candidats qui avaient fini par se neutraliser. Un  Somalien affrontait un Zambien. Personne n’avait obtenu la majorité de voix requise pour remporter le scrutin.  Fatigués de tourner en rond et voulant  rentrer se coucher, les chefs d’Etat  ont dit qu’ils ont entendu parler d’une autre candidature, la mienne ! Ma candidature avait de nouveau été déposée sur la table. J’avais été élu à heure très tardive. En mon absence. J‘étais déjà retourné dans ma chambre. C’est dans ces conditions que j’ai été élu en juin 1974, en remplacement de mon compatriote Nzo Ekangaki.

A votre avis, pourquoi l’Afrique du Sud a maintenu la candidature de Mme Dlamini-Zuma ?

Il existe une règle non écrite au sein de l’Organisation panafricaine qui veut que les grands pays ne proposent pas de candidats aux fonctions de Secrétaire  général de l’Oua devenues celles  du président  de la Commission avec  l’Ua. Il y a toujours la possibilité de faire usage du  blocage. L’Afrique du  Sud est une grande nation  au même titre que le Nigeria,  l’Egypte ou l’Algérie. Membre du G20, l’Afrique  du Sud fait le forcing avec des prétentions pour occuper un siège au  Conseil  de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (Onu). Dans le cadre de  la future réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et notamment  la perspective d’un ou deux sièges de membre permanent pour l’Afrique au Conseil de sécurité de l’Onu. Au-delà de la rivalité entre deux candidats, ce duel illustre  la  bataille  pour représenter le continent.

Que doit-on  retenir de votre trajectoire ?

Voilà un siècle que j’essaye d’apporter une positivité dans l’action qui tourne autour de l’encadrement de l’homme.  En septembre 1968, je suis le premier africain président de l’Assemblée générale de l’Unesco. En juin 1974, je suis élu Secrétaire général de l’Oua. En juillet 1978, j’avais la possibilité de briguer un second mandat. Je ne l’ai pas fais parce que le président Ahmadou Ahidjo m’avait demandé de ne plus me représenter.  J’ai apporté ma modeste contribution à la construction de mon pays. Comme ministre,  à plusieurs reprises, sous plusieurs gouvernements et deux présidents de la République.  Par humanisme, je suis président national la Croix-Rouge camerounaise. Le Cameroun a besoin d’émerger. Il faut aussi que des hommes courageux et valeureux émergent.

Propos recueillis par Edmond Kamguia K.  

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