Tueries de Duekoue. Les FRCI enlèvent un rescapé à l’hôpital
Manifestement, les Frci et dozos qui tiennent la ville de Duékoué, accusés d’être les auteurs des tueries perpétrées vendredi dernier dans le camp de déplacés de Nahibly, n’ont pas intérêt à ce que la vérité sur ces événements malheureux éclate au grand jour.
Tous les témoins des faits se retrouvent dans leur collimateur. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que leurs vies sont en danger. C’est le cas du jeune Téhé Alain, qui se trouvait sur le site d’accueil des déplacés de Nahibly le vendredi 20 juillet, au moment des faits, et qui a été témoin du carnage. Le jeune homme de 26 ans qui avait été admis à l’hôpital de la ville où il recevait des soins de santé a été enlevé par les Frci, en dépit de l’opposition du corps médical. C’est un infirmier qui a vécu les faits qui raconte la mésaventure de Téhé Alain.
Grièvement blessé, le jeune déplacé arrive tout de même à se mettre à l’abri, dans un coin du camp à feu et à sang. De cette position, il décomptera 63 corps entassés les uns sur les autres. Sentant le calme revenu, il tente de quitter le camp. Très affaibli, il se fraie un chemin avec beaucoup de peine. Un élément des FRCI l’aperçoit. Epris de compassion, il le transporte à l’hôpital. Quelques minutes après, d’autres éléments qui ont repéré ses traces tentent de le nicher mais se rendent compte que Téhé Alain s’est échappé. Furieux, ils mènent des investigations et apprennent qu’il a été conduit à l’hôpital. Témoin oculaire du massacre des Wê qui avaient trouvé refuge au sein du camp de déplacés, la présence du rescapé à l’hôpital n’est pas due leur goût. Il constitue certainement un danger et peut être ainsi abandonné aux mains des médecins.
Les Frci se rendent à l’hôpital et exigent que le blessé leur soit remis malgré son état de santé. Les explications du corps médical qui a tenté de s’opposer à l’enlèvement du témoin gênant ne changera rien. Car très vite, les Frci brandissent la kalachnikov. Le médecin chef se résout donc à s’exécuter, mais exige une décharge des hommes en armes. Malgré les supplications de Téhé Alain, les FRCI l’embarquent dans leur véhicule et quittent les lieux dans une atmosphère de cimetière. Conduit à une destination inconnue, le témoin rescapé n’a plus donné signe de vie. Ses parents qui vivent dans la crainte qu’il succombe à ses blessures ont approché les autorités pour demander leur intervention.
Jusque-là, rien n’est fait pour les soulager, alors que l’hôpital, approché, a confirmé avoir remis le jeune aux militaires. Sous la contrainte des armes. Et dire que plusieurs jeunes vivent la même situation que Téhé Alain, torturé certainement en des lieux tenus au secret. Probablement a sein du camp des FRCI dont la réputation en la matière a dépassé les frontières ivoiriennes.
Emmanuel Akani