Attaques tout azimuts. Un groupe armé frappe, les FRCI détalent

FRCI Côte d'Ivoire

Un groupe armé frappe, les FRCI s’enfuient au Liberia

Que s’est-il vraiment passé hier à la frontière ivoiro-libérienne, dans le département de Toulepleu, où les FRCI ont une fois de plus été surprises par un commando mystérieux qui les a mises en déroute? Les faits se déroulant dans une région particulièrement éloignée d’Abidjan, les rumeurs, la désinformation et la langue de bois gouvernementale sont de  rigueur. Les investigations menées pendant toute la journée d’hier par Le Nouveau Courrier nous permettent d’avoir un certain nombre de certitudes et quelques questionnements.

Tout a commencé en fin de matinée

C’est aux environs de 11h ce lundi 13 août, selon des informations recueillies sur place, qu’un groupe lourdement armé de lance-roquettes et de kalachnikovs a fait irruption à deux postes où étaient stationnés des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) dans les villages de Pékan et de Pahoubly. Surpris – comme leurs collègues à Akouédo, à Yopougon et à Abengourou ces derniers jours – par les forces ennemies qui ont vraisemblablement emprunté des pistes dans la forêt menant au barrage de Pékanhouébly, les éléments FRCI – cinq militaires – et un élément de la police nationale n’ont pu faire front. Ils ont détalé au Liberia voisin où ils ont été aussitôt recueillis par les autorités de ce pays et mis en lieu sûr pour des raisons de sécurité.

Les assaillants non encore identifiés, jusqu’à ce que nous mettions sous presse, occupaient encore leurs positions, selon des témoignages de villageois, dans un contexte tout de même caractérisé par une grande confusion.

Incertitudes sur le bilan

Alors, des morts, des blessés ? Au cours de la journée, des sources policières et militaires interrogées par des médias – Jeune Afrique, l’agence Alerte Info notamment – ont spontanément parlé d’un mort. Le bilan officiel communiqué par le ministre délégué à la Défense Paul Koffi Koffi évoque quant à lui un blessé grave évacué au centre hospitalier de Toulepleu. Les prochains jours apporteront plus de précisions sur ce qu’il s’est réellement passé.

Qui sont les assaillants?

Dans son intervention, Paul Koffi Koffi s’est bien gardé de désigner des coupables, même si l’on peut imaginer que, conformément à son habitude, le néo-procureur Hamed Bakayoko pourrait bien s’en charger bientôt.

Une chose est sûre : selon des témoins, le contexte local était assez chargé ces dernières semaines. Et pour cause : certains combattants issus des rangs des Forces nouvelles, démobilisés «sans élégance par leurs recruteurs» après la chute du régime du président Laurent Gbagbo, rongeaient leur frein. En effet, pendant la guerre postélectorale, avant d’engager une offensive sur la capitale économique qui abrite toutes les Institutions de la République, les soutiens d’Alassane Ouattara, notamment Guillaume Soro et des ex-chefs de guerre, avaient enrôlé des jeunes volontaires (Ivoiriens et Libériens) en leur sein.

Certains d’entre eux avaient même combattu aux côtés des ex-Forces de défense et de sécurité pour repousser l’offensive des démembrements du Mouvement patriotique de Côte d’Ivoire (MPCI), à savoir le Mpigo et le Mjp. Puis avaient été habilement retournés par les pro-Ouattara.

Après la fin de la guerre, ces jeunes à qui des promesses faramineuses ont été faites, nous indique une source militaire depuis le Moyen-Cavally, ont été laissés à leur propre compte. Certains s’étaient érigés en trafiquants de drogue tandis que d’autres étaient devenus des braqueurs, harcelant régulièrement les populations à qui ils extorquaient des sommes d’argent pour assurer leur pitance quotidienne. Face aux menaces qu’ils représentaient dans une zone aussi poreuse, le commandant «Zulu» de Blolequin et ses frères d’arme du Moyen-Cavally avaient engagé une guerre contre leurs ex-éléments devenus désormais trop encombrants. Ceux-là, jusqu’à une date, récente n’étaient plus visibles dans la région. Et si le régime continuait de payer les conséquences de ses recrutements tous azimuts de miliciens qui ont participé à la guerre contre le président Gbagbo et de ses promesses faramineuses d’alors ?

Exode des populations de Toulepeu

Les populations de la ville de Toulepleu ne semblent pas rassurées, en dépit des assurances données par le ministre Koffi Koffi. Et on les comprend. Les attaques des deux postes de Pékan et de Pahoubly, en dépit de toutes les assurances gouvernementales d’après celles d’Abidjan. La ville se vide donc, ainsi que les villages alentour. Les populations paniquées vont se réfugier à Bin-Houyé et à Blolequin, mais aussi dans la bourgade de Toe-Town, au Liberia voisin.

Gilles Naismon

Dernière heure. Nouvelle attaque contre l’armée à la frontière avec le Liberia

Une nouvelle attaque a été menée contre l’armée ivoirienne à la frontière avec le Liberia par des individus armés non identifiés, après le raid lundi contre le poste frontalier de Pékan Barrage, à une dizaine de kilomètre du chef-lieu de département Toulepleu.

L’attaque, la deuxième en moins de 24 heures, s’est déroulée dans la nuit de lundi à mardi à Bakoubly, dans le même département de Toulepleu.

Aucun bilan n’était disponible en début de soirée mardi.

L’attaque de lundi a fait un blessé au sein de l’armée ivoirienne, selon le ministre de la Défense, Paul Koffi Koffi qui a indiqué que la situation était “sous contrôle” et que des ” ratissages” étaient en cours après la reprise du poste frontière momentanément occupé par les assaillants.

Des groupes armés non identifiés ont multiplié depuis le week end des attaques contre des postes de contrôle et des camps militaires à Abidjan et à l’intérieur du pays.

Le gouvernement dénonce un “harcèlement” pour semer le trouble au sein de la population et accuse des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo

Guillaume Soro monte au créneau après les attaques contre l’armée

 Selon un communiqué de l’Assemble nationale, Guillaume Soro a reçu successivement le chef d’état-major général des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), le général Soumaïla Bakayoko, le contre-amiral Djakaridja Konaté de la Marine nationale, le colonel-major Koné Adama du Groupement aérien de transport et de liaison (GATL, armée de l’air).

Il s’est également entretenu avec le colonel Gaoussou Soumahoro, le commandant Coulibaly Amadou de la Marine et les chefs de bataillons Ousmane Coulibaly, Gaoussou Koné, Dramane Traoré et Messamba Koné.

Lundi, Guillaume Soro avait rencontré les commandants Chérif Ousmane (garde de sécurité présidentielle) et Losséni Fofana (chef du bataillon de sécurisation de l’ouest).

Cette série de rencontres initiée par la deuxième personnalité de l’Etat de Côte d’Ivoire, a pour objectif de lui permettre de ” non seulement s’enquérir des dernières évolutions, mais aussi et surtout d’examiner ensemble la situation sécuritaire afin de trouver des solutions durables et définitives”, explique le communiqué.

Ex-Premier ministre, Guillaume Soro a été le chef des Forces nouvelles (FN, rébellion du nord) dont l’armée constitue l’ossature des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).

Xinhua

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