Selon Eric Mathias Owona Nguini, la plainte déposée par l’ancien administrateur directeur général de l’ex-Camair, vise le président de la République dans les transactions financières par lui instruites, et démontre par là même qu’il s’agit ni plus ni moins, d’un procès politique.
Cette information a été rendue publique par La Nouvelle expression. Paul Biya trainé en justice par Yves Michel Fotso. L’ancien administrateur directeur général de l’ex-Camair, selon le quotidien de Douala, a fait déposer une plainte contre le chef de l’Etat, Paul Biya ; le secrétaire d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie, Jean-Baptiste Bokam ; le juge d’instruction, Pascal Magnaguemabé et quelques hauts gradés de l’armée camerounaise. Cette plainte rédigée par Kevin W. Bon et Kelley R. Beckly, tous conseils du milliardaire aujourd’hui écroué à la prison secondaire de Yaoundé logée dans l’enceinte du secrétariat d’Etat (Sed) à la défense est formelle. Elle révèle les souffrances physiques et morales orchestrées sur Yves Michel Fotso par les geôliers aussi bien à la prison centrale de Kondengui qu’à la prison secondaire logée dans l’enceinte du Sed.
La plainte indique que sa cellule de Kondengui était minuscule, non éclairée et non aérée. De même, l’on y apprend que son transfèrement le 25 mai 2012 vers la prison secondaire du Sed s’est fait dans un contexte de violence absolue. Et au Sed, Jean Baptiste Bokam a mis l’appareil de censure en place. C’est ainsi qu’Yves Michel Fotso n’avait droit ni à visionner les programmes de télévision, ni à écouter la radio, ni même à lire le quotidien gouvernemental dont le contenu blanchit à souhait le régime de Yaoundé. En plus de tout cela, le milliardaire de Bandjoun n’était pas autorisé à écrire à ses proches, révèle La Nouvelle expression qui ajoute que c’est après avoir envisagé d’engager une grève de la faim que Fotso fils a eu le privilège de lire quelques livres.
Pour toutes ces raisons, le milliardaire souhaite que le chef de l’Etat qui a le pouvoir de nommer et de destituer les titulaires des portefeuilles de la justice et de la défense réponde de ses actes. Le magistrat Pascal Magnaguemabé lui, doit s’expliquer sur la raison pour laquelle, il a accepté de signer la mise en détention préventive de cet ancien administrateur directeur général de l’ex-Camair. Le secrétaire d’Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, Jean Baptiste Bokam, le colonel Amadou et le lieutenant colonel Innocent Mbouem devront répondre des actes de tortures orchestrés sur ce détenus au Sed.
Seulement, il reste à savoir si la justice américaine se déclarera compétente pour statuer sur un tel dossier. Et si cela était possible, Yves Michel Fotso trouverait là, une opportunité pour démontrer aux yeux du monde qu’il est victime d’une simple épuration politique. « Pour autant que l’information soit vraie, la procédure viendrait délégitimer la justice camerounaise dans le procès de l’avion présidentiel », explique Eric Mathias Owona Nguini, enseignant à l’Université de Yaoundé II à Soa. D’après lui, si cette plainte « est par exemple prise en compte et que les juges américains condamnent Paul Biya, Yves Michel Fotso pourrait utiliser cela pour démontrer que c’est un procès politique. Il peut s’inspirer des transactions financières illégales instruites par le chef de l’Etat pour soutenir son argumentaire ».
Joseph Flavien KANKEU