L’organisation non gouvernementale Action citoyenne pour la défense des intérêts collectifs (ACDIC) vient d’interpeller le gouvernement quant à la politique de cession ou concession à grande échelle des terres en faveur d’opérateurs économiques.
Dans une alerte, elle dit son inquiétude «en raison des nombreux risques qu’elle comporte aussi bien pour les générations actuelles que pour celles à venir».
L’ACDIC pointe ainsi «l’absence de transparence» de ces opérations comme étant «la principale caractéristique des négociations».
Pour elle, les contrats sont négociés et signés à la seule discrétion du pouvoir exécutif, sans consultations de l’opinion nationale et du Parlement, sans que le cahier de charges des investisseurs soit publié, sans que la garantie de la préservation des intérêts nationaux et de la protection de la souveraineté du pays sur ces terres soit fournie.
En l’espace d’un an, constate l’ONG, le gouvernement a annoncé avoir signé ou engagé des négociations pour la signature de nombreux contrats.
De même, poursuit-elle, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural est avancé dans les démarches pour l’octroi de vastes étendues à l’instar des 6000 hectares de terres cédées à des Chinois pour la culture du riz dans le département de la Haute Sanaga (Centre).
En mi-février dernier, c’est le Centre pour l’environnement et le développement (CED), une autre ONG, qui dénonçait une convention d’établissement signée le 17 septembre 2009 entre le gouvernement et SG Sustainable Oils Cameroon PLC (SGSOC), une agro-industrie américaine, pour la création d’une grande plantation industrielle de palmier à huile et d’une raffinerie dans la région du Sud-Ouest.
Pour lui aussi, ce genre d’accord est conclu «de manière opaque et contraire à l’éthique», ignorant les droits des populations autochtones, violant des engagements internationaux de l’Etat et limitant le pouvoir du gouvernement.
«La logique de la location des terres aux entreprises étrangères pour la production d’huile de palme destinée à l’exportation s’explique difficilement, au moment même où la nécessité du soutien aux petits agriculteurs produisant des denrées pour la consommation locale se fait de plus en plus pressante», constatait le CED.