« Le conseil d’administration a prescrit au nouveau directeur général de prendre rapidement des mesures appropriées en vue de rétablir la sérénité et la mobilisation du personnel, d’œuvrer au renforcement de la qualité des relations avec l’Etat et de veiller particulièrement aux performances opérationnelles de l’entreprise en prévision de l’étiage 2010… » En lisant cet extrait du communiqué de presse à l’issue du conseil d’administration d’Aes Sonel tenu vendredi 23 0ctobre à Yaoundé, l’on comprend aisément que contrairement aux informations officielles qui parlent de démission, Brian Rich a été limogé, ou démissionné.
Jean David Bilé a donc pour première mission, de détendre le climat social qui, si l’on s’en tient au terme du communiqué de presse, ne serait pas très serein. Même si certains cadres se refusent à le reconnaître. « Il y’a deux problèmes qui pouvaient impacter le climat social dans la maison. Le premier, c’est l’affaire des primes de performance qui avaient été distribuées à certains cadres il y a quelques mois, et l’affaire des releveurs qui avait aussi fait du bruit à un moment. L’affaire des primes était la conséquence d’une incompréhension, et la seconde a trouvé une solution. Les 300 releveurs ont été formés, et ont été recrutés… », explique un cadre de la maison.
Injustice salariale
Pourtant, de sources syndicales, Brian Rich n’a pas réussi a rétablir une certaine justice salariale à Aes Sonel. D’ailleurs, comme l’indique le Regroupement des associations de consommateurs d’énergie (Race), « le rapport salarial entre l’encadrement expatrié et nos compatriotes est parfois de l’ordre de 1/10. Moins de 5% du personnel (majoritairement constitué d’étrangers en contrat à durée déterminé) absorbent plus de 40% de la masse salariale. Ces disparités criardes rendent le climat social délétère au sein de l’entreprise et constituent un facteur non négligeable dans la performance de ses agents. »
C’est donc sur ce terrain que l’ex directeur général de Aes Sonel aurait échoué. Sur le terrain des relations avec le gouvernement, Brian Rich aurait aussi fait montre d’une indépendance qui frisait même le mépris. Le projet d’extension d’Alucam est une illustration parfaite du conflit entre les options managériales Brian Rich et les intérêts du Cameroun dans ce grand projet structurant. La signature du « Term Sheet Energy », protocole d’accord sur les principaux termes du contrat de fourniture d’électricité à Alucam dans le cadre de ce projet n’a pas été évidente. Toute chose qui a fait retarder de plusieurs mois encore le début des travaux d’extension d’Alucam.
Crise énergétique
Jean David Bilé devra aussi comme l’a recommandé le conseil d’administration d’Aes Sonel de vendredi dernier, « prendre toutes les dispositions nécessaires en vue de favoriser dans les plus courts délais une amélioration substantielle de la qualité de service dans les régions du Nord-Ouest et sur l’ensemble du territoire… » Traduction simple, Brian Rich n’a pas réussi en une année de règne, à mettre à la disposition des populations de cette région du Cameroun, une énergie en qualité et en quantité suffisante. D’ailleurs, les coupures d’électricité sont toujours une réalité aussi bien en ville qu’en campagne. Il s’agira donc pour le nouveau patron d’Aes Sonel, de trouver les voies et moyens pour tempérer la crise énergétique dont souffrent le tissu industriel camerounais et les ménages.
Dans la lettre circulaire relative à la préparation du budget 2010, Paul Biya prescrit une amplification des actions dans le domaine énergétique. Ce qui passe par la mise en œuvre du programme de développement énergétique en 2010. Du pain sur la planche pour Jean David Bilé.