L’AFRICOM s’étend de manière beaucoup plus importante que ce qui est dit au public, et ne va cesser de croître dans les années à venir.

Dans l’ombre de ce qui était autrefois appelé le «continent noir», la ruée vers l’Afrique est repartie. Loin des regards indiscrets, l’armée étatsunienne a construit un vaste archipel d’avant-postes en terres africaines, transformant le continent, disent les experts, en un laboratoire pour un nouveau type de guerre.

Alors, combien de bases militaires étatsuniennes sont présentes en Afrique ? A cette question simple, il y a une réponse simple. Pendant des années, l’US Africa Command (AFRICOM) a donné une réponse en déclarant qu’il n’y en avait qu’une seule. Le Camp Lemonnier dans la minuscule nation blanchie par le soleil de Djibouti. Ce n’était pas vrai, bien sûr, parce qu’il y avait des camps et des installations ailleurs mais les militaires ne répondaient que de manière sémantique en ne parlant que de bases militaires US stricto sensu.

Si on jette un oeil à la liste officielle des bases du Pentagone, alors on constatera que le nombre ne cesse d’augmenter. Le rapport de 2015 du ministère de la Défense répertorie le Camp Lemonnier et trois autres sites sur ou près du continent : US Naval Medical Research Unit No. 3, un centre de recherche médicale au Caire, en Egypte, qui a été établi en 1946 ; un aérodrome auxiliaire situé à 1000 miles au large de la côte de l’Afrique de l’Ouest qui a été utilisé par les Etats-Unis depuis 1957; et des entrepôts à l’aéroport et dans le port de Mombasa, au Kenya, qui ont été construits dans les années 1980.

La plupart des nouvelles bases ont été construites, améliorées ou élargies depuis le 11/9 – et actuellement parsèment le continent, y compris les soi-disant lieux de sécurité coopératifs (CENV). Plus tôt cette année, le commandant en chef, David Rodriguez, de l’AFRICOM a révélé qu’il y avait en fait 11 sites. Encore une fois cela est probablement en deçà de la réalité.

Une recherche menée par TomDispatch indique que ces dernières années l’armée US a, en effet, développé un réseau remarquablement étendu de plus de 60 avant-postes et de points d’accès en Afrique. Certains sont actuellement utilisés, certains sont mis en réserve. Ces bases, des camps, des dépôts, des installations portuaires, des soutes à combustible, et d’autres sites se trouvent dans au moins 34 pays – soit plus de 60% des pays sur le continent – beaucoup d’entre eux sont des Etats corrompus, répressifs où les droits de l’homme sont régulièrement enfreints. Les États-Unis exploitent également des “départements de coopération de sécurité et des départements de défense dans environ 38 nations [africaine]”, selon Falvo, et ont signé près de 30 accords afin d’utiliser les aéroports internationaux en Afrique en tant que centre de ravitaillement.

Lorsque l’AFRICOM est devenu un commandement indépendant en 2008, le Camp Lemonnier était encore l’un des rares postes US sur le continent. Dans les années qui ont suivi, les Etats-Unis se sont embarqués dans une escalade pour constituer des bases militaires. En conséquence, ils sont en mesure à présent d’effectuer un nombre croissant de missions ouvertes et secrète ainsi que des exercices de formation pour les assassinats par drones.

Si la base de Lemonnier renferme des troupes US ainsi que de la logistique et du matériel militaire lourd en grande quantité, il existe une myriade d’avants postes US participant à la coopération militaire avec les forces autochtones, à des opérations avancées, beaucoup d’entre eux sont impliqués dans des activités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance et dans des missions d’opérations spéciales – Ils ont été installés au Burkina Faso, au Cameroun, en République centrafricaine, au Tchad, à Djibouti, en Ethiopie, au Gabon, au Ghana, au Kenya, au Mali, au Niger, au Sénégal, aux Seychelles, en Somalie, au Soudan du Sud et en Ouganda.

Un rapport de 2011 de Lauren Ploch, une analyste dans les affaires africaines, réalisé avec le Congressional Research Service, a également mentionné l’accès à des bases militaire en Algérie, au Botswana, en Namibie, à São Tomé et Príncipe, en Sierra Leone, en Tunisie et en Zambie. Même si l’AFRICOM refuse de répondre aux journalistes sur l’implantation de ses bases, des documents obtenus par le Freedom of Information Act, et d’autres sources montrent une volonté des Etats-Unis de s’installer en Afrique de manière persistante, durable, et croissante.

Selon un article de 2014 publié dans Army Sustainment il y a aussi “au moins neuf emplacements avancés d’exploitation”. En 2007, le ministère de la Défense évoquait dans un communiqué un poste avancé à Charichcho en Ethiopie. L’armée US utilise également un “emplacement avancé pour ses opérations” à Kampala, en Ouganda. Un rapport de 2010 publié par le Government Accountability Office a mentionné d’autres endroits à Isiolo et Manda Bay au Kenya.

Le Camp Simba à Manda Bay a, en effet, connu une expansion importante au cours des dernières années. En 2013, Navy Seabees, par exemple, a travaillé non stop pour étendre sa piste pour permettre à des avions plus gros comme le C-130 d’y atterrir, tandis que d’autres projets ont été lancés pour accueillir un plus grand nombre de troupes à l’avenir, y compris l’augmentation des dépôts de carburant et du stockage de l’eau potable en plus des latrines.

La base sert de site pour le personnel de la Marine et l’Armée des Bérets verts, entre autres troupes étatsuniennes et, comme l’a récemment révélé The Intercept, joue un rôle essentiel dans le programme d’assassinats secrets par drone visant les militants en Somalie voisine ainsi qu’au Yémen.

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