Sur les cartes colorées qui établissent le degré de corruption, d’inégalité, le PIB par habitant ou des dizaines d’autres indices, il y a souvent une région qui reste définitvement vierge de couleurs: l’Afrique centrale – qui englobe habituellement neuf pays du Tchad à l’Angola en passant par le Cameroun et la République démocratique du Congo. «”Pas de données”, précise la légende», ironise le site d’informations Quartz qui consacre un article à cette anomalie qui peut sembler être un détail, mais dit en réalité beaucoup de choses des pays de la région.
«Souvent toute l’Afrique subsaharienne est manquante, mais les pays d’Afrique centrale semblent disparaître encore plus fréquemment», note Quartz.
Mais pourquoi? Ce manque d’informations est un indicateur des nombreux défis auxquels ces pays font face.
Un objectif prioritaire
«Les pays avec le moins de données fiables sur les décès et les naissances et les pays qui ont le plus haut taux de mortalité infantile sont exactement les mêmes», a expliqué à Quartz Iza Mohamedou, l’une des responsables du programme PARIS21, une initiative unique qui vise à promouvoir la production et une meilleure utilisation de la statistique à travers les pays en développement. L’absence de données fiables dans un pays empêche de mesurer l’étendue du problème à régler – par exemple la mortalité infantile – et donc quelle politique mettre en place.
«La Banque mondiale mesure via un indice la capacité des pays en développement à recueillir des données importantes. Les pays d’Afrique centrale ont un score parmi les plus bas avec cette mesure», ajoute Quartz.
Dans son rapport 2015 pour les Objectifs du millénaire pour le développement, les Nations unies préconisent de travailler à une amélioration des statistiques dans les pays en développement. Un objectif prioritaire. «Cela ne devrait jamais être possible de dire: “nous ne savons pas”», dit l’ONU dans son rapport.