Des soldats américains se préparent à une intervention d’urgence en Afrique

Des soldats américains à plat ventre ajustent leurs fusils dans les buissons. Un détachement sénégalais se positionne sur sa ligne dans un centre d’entraînement. Au Sénégal, les fusils d’assaut crépitent lors d’un scénario d’une intervention américaine d’urgence en Afrique. Le bruit des rafales, tirées à balles réelles, emplit l’air dans cet espace raviné et vallonné, cerné de falaises, abritant un centre militaire sénégalais à Thiès (environ 70 km de Dakar) où se déroule la simulation d’un débarquement américain dans un pays africain.

Quelque 200 soldats américains d’un bataillon d’infanterie de Géorgie (sud des Etats-Unis) et environ 200 parachutistes sénégalais ont pris part à cet exercice de deux semaines qui a pris fin mardi. L'”Africa Readiness Training” (ART, Formation aux situations d’urgence en Afrique), une opération pour préparer les forces américaines à une intervention d’urgence en Afrique, est la première du genre sur le continent, selon les Américains. “L’idée, c’est de bien préparer les forces armées américaines pour les déploiements en cas d’urgence ici en Afrique, problème de sécurité, sûreté, n’importe quel cas d’urgence”, affirme à l’AFP le colonel Scott H. Morgan, attaché militaire de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar.

Etre mieux préparées à riposter aux risques qui menacent (les) intérêts communs

Un accord signé en mai entre Dakar et Washington permet la présence au Sénégal de forces américaines pour des raisons de sécurité et de santé notamment. Responsables sénégalais et américains réfutent toutefois toute idée de base américaine au Sénégal. Grâce à cet accord, les forces américaines et sénégalaises pourront “faire conjointement davantage d’entraînement et de formation et être mieux préparées à riposter ensemble aux risques qui menacent (les) intérêts communs” des deux pays, avait expliqué alors l’ambassadeur américain à Dakar, James Zumwalt.

Parmi ces risques figurent le terrorisme, avec les attentats jihadistes dans les pays d’Afrique de l’Ouest dont le Sénégal a jusqu’à présent été épargné, ou une épidémie, comme Ebola qui a récemment tué des milliers de personnes en Afrique de l’Ouest. Les Etats-Unis se souviennent encore du traumatisme de la bataille de Mogadiscio, en Somalie, en 1993, au cours de laquelle deux hélicoptères américains avaient été abattus et 18 de leurs soldats tués par des miliciens qui avaient traîné leurs cadavres dans les rues.

Ce n’est pas le premier entraînement de soldats américains au Sénégal. Le pays avait accueilli en février, pour la troisième fois, Flintlock, exercice militaire international organisé annuellement par les Etats-Unis en Afrique. “On s’entraîne mutuellement pour créer l’interopérabilité et pouvoir travailler facilement sur un terrain d’opération”, déclare à l’AFP le lieutenant-colonel Souleymane Kandé, chef de corps du bataillon de parachutistes du Sénégal. “Cet entraînement porte par exemple sur les techniques de combat, les tirs de mortiers, les tirs de précision – “snipers” – et les IED (engins explosifs improvisés)”, selon M. Kandé.

La séance de lundi a consisté à “détruire un camp d’entraînement et un point de défense” ennemis situés à un kilomètre à vol d’oiseau, a expliqué le lieutenant-colonel Theodore Leonard, de la 30e division d’infanterie de Fort Stewart en Géorgie. Plusieurs minutes de détonations à balles réelles laissent le sol jonché de douilles. Un soldat américain aide son collègue sénégalais à mieux ajuster son fusil, un fusil d’assaut américain M16. “Rampez, rampez!”, crie un soldat sénégalais au milieu de la canonnade. “Très bien! Très bien!”, lance un soldat américain se présentant sous le nom de “Captain Kapko”. “Les tirs étaient efficaces parce que concentrés sur l’ennemi. Vous avez maîtrisé l’ennemi!”.

“Il y a beaucoup de partages d’expérience” et les Américains “ont réadapté leur savoir-faire par rapport à ce qu’on fait actuellement. On est sur des terrains d’opération où l’ennemi est souvent au contact et donc il faut agir vite”, indique le lieutenant-colonel Kandé. “En fait, les Sénégalais sont plus comme une équipe du RAID (Recherche assistance intervention dissuasion, groupe d’élite de la police française NDLR). Ils attaquent au tas. Ils y vont très vite. Ca nous a appris, aussi, à bouger de cette manière”, indique à l’AFP Cédric Edouard, chargé de liaison côté américain. “Et je pense qu’on sera prêt le jour où l’on devra venir dans un pays africain.”

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