Traite négrière “moderne” en Libye : A l”origine, était la sous-traitance de la question migratoire par Emmanuel Macron

Le calvaire des migrants africains a pris une tournure dramatique depuis que le président français s’est mis en tête d’user de son despotisme habituel pour éloigner de la sainte Europe ces gueux qui fuient la  dictature, la guerre, la misère, la faim… entretenus par les dirigeants de leurs propres pays, avec la complicité, si ce n’est à l’instigation de l’Occident. 

Tout a commencé les 24 et 25 juillet derniers avec la “réunion inter libyenne du château de La Celle” organisée par le président français , Emmanuel Macron,  entre le Président du Conseil présidentiel et premier ministre du Gouvernement d’Union Nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, au contrôle l’ouest libyen et de la capitale Tripoli, et le Maréchal Khalifa Haftar, dirigeant de l’Armée Nationale Libyenne (ANL), qui a pris quant à elle le contrôle de l’est du pays et de Benghazi, deuxième ville. Si la rencontre aboutit officiellement à la signature d’un accord de cessez-le-feu en Libye entre les deux rivaux qui se partagent encore le pays de Kadhafi, la vraie motivation de Macron était ailleurs : se servir de la Libye, principale zone de transit des migrants subsahariens  vers l’Europe occidentale, avec pour porte d’entrée l’Italie, pour cantonner sur le sol africain ces pestiférés, quitte à procéder par la suite au tri de ceux qui méritent à ses yeux de fouler le sol européen.

C’est ainsi que le 27 juillet, fort des assurances qu’il avait obtenues de ses interlocuteurs libyens, Macron, en visite dans un centre de d’hébergement de réfugiés à Orléans,  annonce en se bombant la poitrine, la  création sur le territoire libyen dès octobre de hotspots d’où devaient être désormais triés les migrants éligibles à l’immigration. 

 
Khalifa Haftar (à g.) et Fayez al-Sarraj: Macron tentait de réconcilier les deux frères ennemis libyens sur le dos des migrants africains.

Il estime alors que le transfert en Libye des centres d’identification et d’enregistrement des migrants arrivant constitue la solution pour « éviter aux gens de prendre des risques fous alors qu’ils ne sont pas tous éligibles à l’asile ».

Avisé par de nombreuses critiques qui fuseront sur l’absurdité de cette démarche, il effectuera officiellement un rétropédalage  en rangeant  son initiative des hotspots dans la catégorie des souhaits, même si en lisant ses propos entre les lignes on peut se rendre compte qu’il y tient toujours :   “Je souhaite que l’Union Européenne, et à tout le moins la France le fera, puisse aller traiter les demandeurs d’asile au plus près du terrain. […] C’est pourquoi nous développerons des missions de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) […] sur le sol africain, dans les pays sûrs.”

Dans sa remarquable tribune « Après l’accord libyen Macron veut créer des camps de migrants en Libye, loin des regards français », le Site révolution Permanente en avait par exemple relevé l’inanité en ces termes : 

« … les conditions actuelles dans lesquelles sont traités les migrants en Libye laissent présager de ce que seront ces centres, loin du regard des associations françaises et des riverains de la porte de la Chapelle : tout simplement des centres de concentration dans les lesquels les réfugiés seront traités avec encore moins de dignité qu’en France. Le président a lui-même admis qu’«  on a entre 800.000 et un million de personnes en Libye, dans des camps, des hangars, ça ne relève même pas de l’humanité minimale  », expliquant qu’il fallait donc travailler à « stabiliser la Libye ». Derrière la nécessité de “stabiliser”  la Libye (quitte à voir un pouvoir similaire à celui de Kadhafi se mettre en place), c’est bien la volonté de créer un pays qui soit un mur contre l’immigration qui anime le gouvernement français, plutôt que les conditions d’hébergement des migrants. »

Dans la même veine de la dénonciation de la création des hotspots en Libye, Jean-Guy Vataux, chef de mission pour Médecins sans frontières (MSF) en Libye fulminait :

 

« la création de hotspots dans le sud Libyen n’est ni faisable, si souhaitable, en tout cas pour les migrants. Le problème, c’est que la part de ceux qui dépendent du droit d’asile, tel que nous le définissons, est minime au sein de ces migrants … Les migrants ne se rendront même pas dans ces hotspots, continue-t-il. Quel serait leur intérêt, s’ils sont sûrs d’être renvoyés ou emprisonnés ? »

.

Et Jean-Guy Vataux  d’ajouter :

« Quand on voit que le Ministère des affaires étrangères peut ne pas conseiller certains pays aux Français, et ne pas accorder le droit d’asile à des ressortissants de ces pays… Peut-être faudrait-il également considérer non seulement la provenance, mais aussi les souffrances rencontrées durant leur parcours. Leurs conditions de vie durant leur trajet sont terribles, et elles exigent qu’on les protège. ».

En dépit de tous ces avis et récriminations le mal, loin des regards critiques, sans être signalés dans les discours et annonces officiels, était déjà fait : Au nom de ses voisins de l’UE, le Français Macron avait déjà obtenu des Libyens Sarraj  et Haftar que soient bloqués par tous les moyens les départs de bateaux de migrants en territoire libyen. Et n’a jamais songé non plus à y envoyer des préposés au tri des candidats bon teint à l’asile.

Depuis lors, hormis les plus futés qui réussissent à passer à travers les mailles de cet embargo de fait, la plupart des migrants ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ne peuvent pas partir de la Libye pour leur destination rêvée, et ne peuvent pas rentrer dans leurs pays d’origine sans avoir payé ce qu’ils doivent payer aux trafiquants et passeurs libyens.

Face à cette impasse, les trafiquants ont trouvé la solution radicale : les vendre au titre d’esclaves à des seigneurs et propriétaires désireux de mains d’œuvre bon marché.

L’opinion africaine qui n’y voit certes que des Africains arabes vendant comme des bêtes des Africains noirs, ignorent une chose : derrière la déviance des vendeurs dêtres humains, se trouve un dieu du mal qui actionne et symbolise l’horreur des désormais esclaves des temps modernes. Il a pour nom Emmanuel Macron

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