Présidentielle de 2020 et non candidature de Ouattara: La leçon aux potentas à vie fossilisés d’Afrique qui vient de Côte d’Ivoire

On ne le dira jamais assez, les conditions dans lesquelles Alassane Dramane Ouattara est arrivé au pouvoir en Côte d’Ivoire resteront pour toujours  en travers de la gorge des Africains et de tous ceux qui aspirent à la liberté des peuples de se choisir eux-mêmes leurs propres dirigeants lors d’élections transparentes et équitables.

Il n’en demeure pas moins,  au regard de la dernière actualité relative à l’élection présidentielle de 2020, que le président ivoirien est en train de réussir sa sortie, ne serait-ce qu’en raison de sa disposition maintes fois réaffirmée à faciliter l’alternance à la tête de l’Etat ivoirien.

Sa dernière sortie, le 16 juillet, lors de l’Assemblée générale constitutive du parti unifié RHDP qui regroupe les formations politiques se réclamant de l’ancien leader ivoirien Houphouet Boigny, lui a d’ailleurs  servi de prétexte pour   convaincre ceux –ses partisans et ses adversaires réunis) qui en doutaient encore,  que l’homme d’Etat le plus controversé de l’histoire ivoirienne n’avait pas l’intention de s’incruster  :
« … Et je peux vous assurer que je ferai en sorte que le RHDP continue de gagner ces élections. (Ovations nourries) … pour nous permettre, en 2020, de transférer le pouvoir à une nouvelle génération. (applaudissements de l’assistance à en perdre haleine). Voyez-vous, “chacun a la possibilité de servir son pays”… C’est Roosevelt(1) qui le disait, mais tous ne le servent pas de la même façon. C’est important de se dire que les générations se les générations se renouvellent. Voyez-vous, en France, la France a aujourd’hui un président qui a  40 ans. Oui, qui a 40 ans… Je ne veux pas dire que je suis trop vieux (rires dans la salle), mais cela donne à réfléchir. Le monde change. Le Premier ministre d’Autriche a 31 ans ; le Premier ministre de Belgique a 38 ans. Ainsi de suite… Nous devons travailler, le président Bédié et moi, la main dans la main pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération en 2020. » Applaudissement vifs et prolongés.

   

Ce n’est pas la première fois que Ouattara se prononce ainsi pour l’alternance en Côte d’ivoire.
En 2015, il  appelait au respect des constitutions et à la limitation des mandat quoique  s’insurgeant contre les donneurs de leçons.

En janvier 2017, il réitérait cette posision.

Voilà qui devrait en fait donner  à réfléchir à certains chefs d’Etats africains fossilisés qui, quoiqu’ayant seulement la tête hors de la tombe, et malgré un bilan des plus catastrophiques, continuent de s’accrocher, y compris au travers d'”appels pressants”  à se représenter     à l’élection présidentielle qu’ils instiguent  eux-mêmes.

C’est le cas du Cameroun où un président  décidément providentiel est candidat à sa succession à 85 ans, après avoir gouverné pendant 36 ans un pays qu’il a mené au bord du gouffre. Il est présenté par ses partisans qui ont depuis désappris la notion de honte, à moins de l’avoir abandonné aux chiens , comme le garant de la paix alors que six des dix régions  sont sinon en guerre, du moins vivent une situation d’instabilité sans précédent.

Alors donc que Ouattara évoque des jeunes qui accèdent aux plus hautes charges de leurs pays a peine la trentaine ou la quarantaine entamée, on en est au Cameroun à se poser des questions les plus bêtement idiotes du genre « Si Biya décide même d’abandonner le pouvoir, qui est capable de le remplacer ? ».  Comme pour dire qu’en dehors de ce démiurge  irremplaçable que le Cameroun tout entier devra suivre dans la tombe s’il venait à y passer, tous les 25 millions de personnes que Biya administre depuis le départ d’Ahidjo   sont des tarés congénitaux,  incapables de quoi que ce soit.

En passant, il faut relever à la décharge du Cameroun, que ce n’est pas le seul pays on l’on vit une pareille stupidité.  L’Ouganda où Yoweri Museveni a abrogé la loi fixant la limite d’âge pour être candidat, la Guinée Equatoriale où Obiang Nguema n’a même plus besoin de le dire ou de tripatouiller la Constitution pour que ses contemporains s’avisent qu’il est l’inamovible émir à vie de sa minuscule république familiale et bien d’autres Etats confisqués par des satrapes qui croient être sortis directement de la cuisse de Jupiter  doivent considérer avec un œil amusé le discours de Ouattara comme des élucubrations d’extraterrestre.

D’ici, l’auteur de ces lignes en avise déjà qui enfoncent avec fracas des portes ouvertes en criant à tue-tête : « Le Cameroun c’est le Cameroun ! ». Comme si on leur avait dit que le Cameroun était le Groenland.

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