RDC- Kabila au Congrès : Un monologue insultant de 45 minutes pour semer définitivement le doute !


La passion du président Kabila pour le Congo pourrait être semblable à la passion du caht pour la souris: prédatrice.

Un florilèges de piques bien senties contre ceux (communauté internationale, dirigeants africains et Congolais réunis) qui veulent le priver de la possibilité d’instaurer un pouvoir dictatorial et à vie au Congo,  un bilan économique positif surfait, voir surréel, et finalement rien sur sa non candidature à l’élection présidentielle de décembre prochain.

Joseph Kabila qui a le don de savoir balader son monde à sa guise en revendiquant un nationalisme qui n’est pas son fort, a encore montré qu’il demeurait le maître de l’entourloupe. Et c’est le Secrétaire Général de l’Onu, Antonia Guteres qui annonçait plus tôt et de façon tonitruante « une importante décision du président Kabila » qui en a été pour ses frais… d’ingénu.

 Trop ingénu même, même pour aller vite en besogne comme il l’a fait le 12 juillet en expliquant le report de la rencontre que le président de l’Union Africaine et lui devaient avoir avec le dictateur congolais par le fait que ce dernier préparait une annonce importante, et ne voulait pas donner l’impression que cela s’était fait sous la pression de la communauté internationale : «La raison qui nous a été donnée pour le report était que le président allait prendre très bientôt, ou annoncer très bientôt, une série de décisions importantes et qu’il ne voulait pas donner l’impression qu’il les prenait sous la pression internationale», disait-il à la suite du report de la rencontre qui devait avoir lieu  le 9 juillet, et qui la veille avait été annulée.  Il devait ajouter, un peu hilare, que si les décisions en question allaient dans le bon sens, il trouvait le report acceptable.  Syndrome de Stockholm, justification du mal ! Car pendant qu’il s’égosillait ainsi, des cadres de la Majorité Présidentielle qui soutient Joseph Kabila  dénonçaient à tue-tête « l’inopportunité » de la rencontre Kabila-Guteres-Faki, en expliquant que « le processus électoral, qui devrait faire l’objet d’une évaluation se déroule bien ».

En fait, la rencontre visait justement à presser Kabila de prendre des décisions « allant dans le bon sens ». La renvoyer revenait à lâcher la bride à un animal politique qui ne sait qu’aller dans le mauvais sens, pour se mettre ensuite à la peine de lui courir après pour réparer ses gaffes. Le message tacite a été saisi dans toutes ses nuances par Kabila qui l’a fait savoir jeudi lors de son discours.

Un discours règlement de comptes à tous ses contempteurs, qui n’avait strictement rien à voir, ni avec les attentes politiques des congolais sur son avenir politique qu’ils souhaitent voir se décliner clairement en termes de sortie (inéluctable de scène), ni avec celles de la communauté internationale qui a hâte de voir la situer se normaliser dans ce pays où la perspective d’un hold-up sur la Constitution traduite par une énième candidature du maître de Kinshasa cristallise les attentions et les ressentiments.   Une tribune qui a permis à celui qui brille par ses violations incessantes  des accords politiques du 31 décembre 2016 de se répandre en défis et philippiques à l’encontre de ses détracteurs sur un fond de nationalisme ombrageux.

 «Ce ne sont pas … les menaces inconsidérées, et encore moins des sanctions arbitraires et injustes qui nous détourneront de la voie que nous nous sommes librement tracés. Le cap des troisièmes consultations électorales fixé au 23 décembre reste donc maintenu et notre engagement à respecter la Constitution demeure lui aussi non-équivoque. Il s’agit pour nous d’abord d’honorer notre lutte», hurle-t-il.

Respecter la Constitution ? Soit ! Mais laquelle ? celle qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels à effectuer par un seul individu ou bien celle sortie de l’imagination fertile des avocats du diable qui tentent désespérément d’imposer aux Congolais le fait que la modification récente de la loi électorale –instituant désormais des élections à un seul tour) permet à Kabila de solliciter deux autres mandats en vertu du principe de non rétroactivité de la loi qui induit qu’il n’est plus concerné par la limitation étant entendu qu’il avait été élu quand les élections se faisaient à deux tours ?

De toutes façons quoique des dictateurs semblent aussi capables de changer comme l’ont démontré bien de revirements çà et là, le fait que Kabila rechigne toujours à dire en des termes très simples qu’il ne sera pas candidat en décembre, prouve qu’il faut s’attendre au pire de la part de ce démocrate de la baïonnette qui n’a pas hésité à faire un bilan imaginaire de la situation politique de son pays  devant un des élus du peuple majoritairement acquis à sa cause, puisque issus d’élections truquées par son régime à son avantage : « Notre démocratie a fait ses preuves et tous ceux qui se sont érigés en donneurs de leçons l’ont bien compris », a-t-il lancé en mode pied denez, avant d’aviser ceux qui se risquent à s’ingérer dans les affaires du Congo : «Le Congo n’ayant jamais donné de leçons à personne n’est pas non plus disposé à entendre les recevoir de personne, particulièrement de ceux qui ont assassiné la démocratie dans ce pays», fait savoir l’homme fort qui, décidément piqué par le virus de l’autoglorification, déclame : « Qui aurait cru que la RDC qui était devenue la risée du monde (…) pouvait grâce aux efforts conjugués ensemble revenir sur la scène internationale et revenir au centre des convoitises (…) et des complots sordides». «Hier dans le gouffre après sa disparition programmée, la RDC est aujourd’hui un État digne de l’être».

La passion congolaise d’un bonimenteur doublé d’un pseudo-nationaliste… de circonstance

« Je sais pourquoi il y a une tension dans la salle. C’est précisément parce que dans cette salle, il y a certains qui pensent que quelque part dans mon discours, je vais dire comprenez mon émotion… Mais je dirais plutôt comprenez ma passion pour le Congo » C’est en ces mots que le président hors-mandat du Congo a entamé son long monologue qualifié de discours sur l’Etat de la Nation, avant de feindre un nationalisme pur et dur qui tranche avec les “qualités” de fossoyeur du pays et notamment de l’économie congolaise au seul profit de sa famille et de ses courtisans que lui attribuent de mauvaises langues dans son pays :  « Si la traite négrière, la colonisation, la sécession, les agressions extérieures n’ont pas eu raison de la RDC. Le Congo vivra comme un pays et comme un Etat souverain et indépendant ».
La souveraineté. L’indépendance. Des attributs dont les dictateurs d’ici et d’ailleurs affublent leurs pays chaque fois que des voix venues de l’extérieur se mêlent à ceux des nationaux pour mettre en exergue le droit des peuples à se choisir librement leurs dirigeants à l’occasion des élections transparentes, équitables et impartiales.
A croire que l’ex-Zaïre sous Mobutu n’était pas un pays “souverain” et “indépendant” quand l’Ouganda, le Rwanda, les Etats-Unis, l’Angola… finançaient et armaient l’AFDL de Kabila-père pour y renverser l’ancien tyran Mobutu, lequel, en son temps, avait beau jeu de fustiger  –comme aujourd’hui ses successeurs- les ingérences belge, occidentale et des pays voisins. Quel cycle infernal ! Quelle malédiction !  

Dans d’autres pays africains où l’on s’est arrimé depuis à la démocratie, il n’est plus besoin depuis des lustres de crier son indépendance et sa souveraineté sur tous les toits. Ce sont des valeurs qui se voient aisément, et s’assument au point  où ces pays imposent respect sans avoir à le demander, même auprès des bailleurs de fonds qui se trouvent obligés de faire preuve de délicatesse quand ils s’adressent à leurs chefs d’Etats et ministres.

Campagne électorale avant la lettre

Mais ça, le nationaliste Kabila ne l’entendra peut-être jamais, à moins d’y être contraint.  Car il est déjà en campagne électorale. Et il n’y a qu’à revisiter la deuxième partie de son discours pour se rendre compte que tous ceux qui en ont la capacité doivent encore tirer avec plus de pression la barbe poivre-sel du président Dictateur Général du Congo pour qu’il revienne à la raison.
Les Congolais attendaient un discours sur l’abdication, ils ont eu droit à un bilan socio-économique arrangé pour les besoins de la cause :
–     réduction de 15% du taux de chômage de la population active entre 1997 et- 2018 ;
–     nombre d’enfants scolarisés  dans le secteur de l’éducation primaire et secondaire passé de 10 millions en 1997 à 22 millions en 2018,  soit un taux d’accroissement net de plus de 100% de nombre d’enfants à l’âge de scolarité, pour un taux de mécanisation des enseignants de 75% contre 40% en 1997, et un taux d’accroissement du nombre d’écoles passé de 35.000 à 76.000 » ;
–    taux d’accroissement triennal de 140% de 2006 à 2018 du  ombre d’étudiants du supérieur ;
–    taux de couverture nationale télécomm passé de 5% en 2001 à 50% de la population en 2018 et nombre d’abonnés  passé de moins de 100.000 en 2001 à 36 millions d’abonnés en 2018 ;
–    taux de couverture en fibre optique est passé quant à lui de 0% en 2001 à 20% en 2018 ;
–    recul des taux de mortalité infantile et maternelle ;
–    évolution de près de 10% du taux de desserte en eau potable dans les zones urbaines…
Bref, à en croire la Raïs congolais, la République du Congo est un paradis sur terre. Raison suffisante pour qu’il se gendarme contre les langues fourchues : « N’en déplaise à ceux qui ne voient que ce qui reste à faire, mais jamais ce qui a été fait, tous ces résultats ont eu pour incidence la progression de l’indice de développement humain en République Démocratique du Congo, particulièrement depuis 2016. En témoigne le rapport du PNUD, d’avril de cette année, sur la situation socio-économique dans notre pays ».

Reste que les Congolais qui préfèrent ces derniers temps aller tomber sous les balles de sa soldatesque plutôt que de bénéficier de cette félicité aussi inouie et inespérée qu’imaginaire, ne voient pas choses du même œil. Les aveugles !

Alors Kabila en route pour un 3ème mandat ?  Rien n’est plus sûr !

Facebook Comments
- Publicité -

Plus populaires

  Ludovic Lado, a été viré de l'UCAC (Université Catholique d'Afrique Centrale)...
En mutant 30 chefs de terre des départements sur 58  et...
L'exécution de Kadhafi a renversé l'ordre établi et rendu l'esclavage des...

Autres actualités

RDC : Les Renseignements militaires aux trousses de la jumelle de l’ex-dictateur Kabila (J.A.)

La sœur jumelle de l’ancien président congolais a été auditionnée ce vendredi 15 mars pendant plus de quatre heures dans les...

Quel pays de l’OTAN n’a pas de troupes en Ukraine ? Les États-Unis, le...

Les discussions européennes sur l’envoi de troupes occultent le fait que plusieurs pays de l’OTAN ont déjà des troupes sur le terrain.

Le Royaume-Uni envisage de payer les demandeurs d’asile pour leur déportation au Rwanda (Al...

Les plans sont distincts du projet de loi sur le Rwanda, un plan bloqué visant à expulser de force la plupart...

Gabon – Qui a enlevé et séquestré les leaders syndicaux Alain Mouagouadi et Thierry...

Au Gabon, Alain Mouagouadi et Thierry Nkoulou, deux leaders syndicaux, ont été enlevés et séquestrés pendant près de deux jours...

Sénégal : Libération de Ousmane Sonko et Diomaye Faye à 10 jours de la...

Abubakr Diallo Après 8 mois passés en détention, le leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, a été...
- Publicité -
Facebook Comments
WordPress » Erreur

Il y a eu une erreur critique sur ce site.

En apprendre plus sur le débogage de WordPress.