Chez lui en Afrique, on lui lancerait méchamment « Mukwege fait quoi que les autres n’ont pas encore fait ?». Les plus gentils lui diront qu’il n’est “même pas Professeur agrégé”. Encore heureux qu’il y en ait pour s’intéresser à [son] activité, même pour le (et la) railler. Car autrement, il y aurait trop de sans opinion qui ne sauront même pas si Mukwege est le nom d’un instrument dont l’existence remonterait au précambrien.
Sinon, il y a longtemps que les autorités de son Congo natal auraient mis à sa disposition des moyens pour mieux réparer les filles et femmes, victimes de la horde de barbares qui ont fait du viol (déchirant et déchiquetant) de la mère de l’humanité, à défaut d’un défouloir pour leurs misérables frustrations, une arme de destruction massive non pas de l’ennemi, mais de pauvres innocentes.
Heureusement, le monde n’est pas fait que de crapules.
C’est ainsi qu’on peut regarder sur la vidéo ci-dessous postée sur Facebook, des Européens et des Africains de la lointaine Norvège, se rassembler dans une ambiance à la fois extatique et religieuse devant l’hôtel où il est descendu à Oslo, pas pour se faire “réparer” par le gourou d’une secte néo pentecôtiste vendant la “guérison” et le “salut” bon marché, mais pour faire comprendre à un homme qui a allié sa sagesse et son intelligence pour rendre la vie moins misérable à cet être (la femme) que Dieu créa pour guérir l’homme de cette mélancolie qui l’envahissait malgré tout ce qu’Il avait mis à sa disposition, que même si les Grandes Âmes indiffèrent les gens en leur propre pays, il y aura toujours de la reconnaissance pour eux sous des cieux plus civils. Une mobilisation qui n’est que la suite logique de cet autre hommage rendue à l’homme et à sa co-récipiendaire, l’Irakienne Nadia Murad, en octobre dernier
C’est tant mieux si faute de pouvoir faire autrement, le vase communicant du gouvernement congolais, Lambert Mende, peut estimer venu le moment de clamer du bout des lèvres que « Cette distinction honore non seulement tous ceux qui travaillent avec lui, mais aussi toute la République démocratique du Congo qui a continué aussi d’ailleurs à souffrir de ces violences imposées à nos sœurs, à nos femmes, à nos filles et pour lesquelles nous sommes tous mobilisés aujourd’hui, que ce soit au niveau des médecins comme lui, au niveau des politiques, au niveau de l’armée, qui continuent à se battre contre les groupes armés qui ont transformé cette partie de la République en une sorte d’enfer où les violences sexuelles deviennent une sorte d’arme de guerre. ».