Le candidat classé 3ème à la dernière élection présidentielle a vivement réagi à l'instruction de Paul Biya, faite au gouvernement lors du Conseil des ministres du 16 janvier 2019 d'organiser les élections régionales cette année. Pour Cabral Libii, il est hors de question que comme pour les sénatoriales, la loi électorale soit de nouveau violée avec des élections régionales qui précéderaient les municipales et les législatives.
«L'organisation de l'élection des Conseillers régionaux avant les législatives et les municipales, avec les incomplétudes du Code électoral et la situation politique du collège électoral actuel, ne se justifie pas! », a-t-il écrit vendredi sur sa page facebook officielle.
En effet, la loi n° 2006/004 du 14 juillet 2006 qui fixe le mode d'élection des Conseillers régionaux, devant siéger au sein de l'institution Région prévue par la Constitution de 1996, amendée en 2008 stipule que lesdits conseillers sont élus par les Conseillers municipaux.
Or au Cameroun, les élections municipales qui auraient dû avoir lieu en 2018 ont été repoussées à 2019. Or le fait pour Paul Biya d'instruire spécifiquement les régionales implique qu'une fois de plus, la charrue sera placé devant les bœufs, c'est-à-dire que les conseillers régionaux seront élus avant sans que soit mis en place le corps électoral dédié.
Par deux fois, le Cameroun a expérimenté cette façon de faire en violation flagrante de la loi : Les élections sénatoriales de 2013 et de 2018 ont eu lieu alors que le corps électoral n'était constitué qu'à moitié. C'est-à-dire que les sénateurs ont été élus par les seuls conseillers municipaux, alors que la loi prévoit que les membres de la Chambre Haute du parlement camerounais sont élus par les conseillers municipaux et les conseillers régionaux.
Ceci étant, on peut voir dans la sortie de monsieur Libii, une sorte de procès d'intention, Paul Biya n'ayant pas précisément dit que les régionales se tiendraient avant les municipales, mais avoir simplement voulu signifier que 23 ans après l'institution dans la Constitution des Conseils régionaux, il était temps qu'ils prennent corps, et pas plus tard que cette année 2019.