Communication Cacophonique : Atanga Nji en voie d'être chassé du gouvernement jeudi pour avoir “rappelé à l’ordre” Biya et Dion Ngute

Sur le plateau de la télévision française “France 24”, le 17 mai dernier, le ministre de l'Administration territoriale camerounais Paul Atanga Nji, a réaffirmé la position véritable du gouvernement dont il est membre à propos du dialogue inclusif prescrit par la communauté internationale comme début de thérapie aux multiples  crises traversées par le Cameroun, à savoir qu’il n'y aura pas de dialogue du tout, malgré l'effervescence actuelle autour des visites du Premier ministre Dion Ngute dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

Défendant la position d'un « Cameroun uni et indivisible, qui cherche à maintenir la paix pour le bien de ses citoyens »,  et rappelant que le dialogue exigé par la communauté internationale à la suite de nombreux Camerounais qui sont en prison  pour avoir fait la même demande, ou vilipendés pour cela « est un dialogue qui a commencé il y a deux ans … », Monsieur Atanga Nji qui a toujours brillé par un excès de zèle faisant voir en lui un des artisans et un  fieffé profiteur  de la guerre civile meurtrière en régions anglophones, se laissera aller à une confidence  détonante  mettant  à mal la parole  officielle (du  chef de l'Etat camerounais – ?-) portée par  le Premier ministre Dion Ngute qui affirmait, dès l'entame de sa visite dans le Nord-ouest le 9 mai, que hormis la séparation et la sécession, le gouvernement était prêt à discuter de toutes autres préoccupations liées à la crise anglophone :    « Nous parlerons de tout mais nous ne parlerons pas de la forme de l'État… Nous ne dialoguons pas avec ceux qui ont du sang dans les mains ». Certes, les propos de monsieur Atanga Nji n'ont pas surpris ceux qui avaient déjà compris, à travers les propres mots de son patron, Dion Ngute, que le régime de Biya n'avait pas varié d'un iota par rapport à ses positions antérieures de rejet d'un dialogue authentique pouvant permettre de faire bouger les lignes, puisque, en réalité on ne peut raisonnablement envisager des discussions en vue de résoudre le problème anglophone en demandant à ceux qui le posent de parler de tout sauf de ce qui, de leur point de vue, fait problème.

Seulement voilà, la sortie sur fond de recadrage par l'impétueux et inconséquent Atanga Nji du président et du Premier ministre, est venue reposer avec gravité, la nécessité de la structuration et de la coordination de la parole gouvernementale, de manière à ce qu'elle ne se retrouve plus sur des lèvres malhabiles, dénuées   d'expertise en matière de discours politique. Et le moins que l'on puisse dire est que Paul Atanga Nji, présenté –y compris sous cape par certains de ses collègues du sérail- comme le moins nanti intellectuellement pour être ministre à un tel niveau « à la limite Atanga Nji peut être président de la République mais un ministère comme celui de l'Administration territoriale est trop grand pour une tronche comme la sienne », affirmait sous anonymat, l'année dernière, un ancien gouverneur,   qui venait de prendre connaissance d'une note de service de Atanga Nji obligeant les patrons des régions, départements et arrondissements  à se muer en agents de renseignements.

En effet, nommé ministre de l'Administration territoriale le 2 mars 2018, Paul Atanga Nji avait à peine été installé dans ses nouvelles fonctions que celui qui est également Secrétaire Permanent du Conseil National de Sécurité faisait savoir par courrier confidentiel, daté du 7 mars, aux sous-préfets, préfets et gouverneurs qu'il souhaitait être informé deux fois par jour, à 11 heures et à 16 heures, de la situation dans leurs circonscriptions respectives :

« J'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir dorénavant faire le point de la situation sociopolitique et sécuritaire, chaque jour, ainsi qu'il suit :
– compte-rendus quotidiens des sous-préfets aux préfets, soit un premier bulletin à 9 heures 30 minutes, et le deuxième à 14 heures 30 minutes.
– compte-rendus quotidiens des préfets aux gouverneurs, dont le premier bulletin à 10 heures 30 minutes, et le deuxième à 15 heures 30 minutes.
Les gouverneurs me feront parvenir leurs compte-rendus chaque jour, à 11 heures pour le premier, et à 16 heures pour le second. »

Atanga Nji sur une chaise éjectable
Partageant l'avis du gouverneur évoqué supra, de nombreux membres du gouvernement pensent que Atanga Nji devrait, sinon être mis à la porte du saint des saints pour que le gouvernement  dispose des coudées franches pour  se dépêtrer de  la situation dans laquelle il l'a replongé, alors que le régime a donné dernièrement de “bons signaux”, gage de sa soumission aux injonctions de la communauté internationale qui est encore la seule entité à pouvoir sortir les Camerounais de ses griffes répressives et oppressantes, du moins, être sévèrement tancé par sa hiérarchie, pour  cette calamiteuse bévue communicationnelle, qui a non seulement sapé l'autorité du chef du gouvernement sur ses ministres,  mais marqué la dissonance toujours prégnante des discours officiels, qui continuent d'être marqués par l'attitude des va-t-en guerre je-m'en-fichiste d'une part, et celle de ceux qui commencent à se lasser du caractère résolument inopérant d'une solution militaire qui a échoué à venir à bout des séparatistes et des sécessionnistes, et qui a désormais du mal à contrôler les monstres froids créés selon  une certaine opinion par les entrepreneurs de guerre du régime pour donner un visage odieux aux combattants armés anglophones. Lesquels,à vrai dire, n'en ont pas nécessairement besoin, plus pressés qu'à leur tour d'appliquer la loi du talio, en rendant « atrocités pour atrocités ».


Atanga Nji sera-t-il chassé du gouvernement, en attendant – compte tenu de son rôle dans le problème anglophone – de retourner en prison où il n'aurait jamais dû sortir  ?

C'est dire que le Conseil de Cabinet annoncé pour ce matin autour du PM Dion Ngute s'annonce explosif. Même s'il parait improbable qu'il débouche par l'expulsion du gouvernement d'un de ses faucons du régime dont la démission est très exigée par l'opinion en raison du rôle qu'on lui prête dans l'aggravation de la crise anglophone, depuis le début, et de ses dernières déclarations sur France 24 qui compromettent dangereusement la propagande de « la paix discutée » dans laquelle le régime est engagé depuis début  mai.

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