Revirement: Pourquoi Clemente a-t-il volé au secours d’Eto’o

L’entraîneur sélectionneur des Lions indomptables qui s’était inscrit en faux contre l’attitude du capitaine des Lions lors du match du 4 juin 2011, a curieusement pris fait et cause pour Eto’o pendant les délibérations de la commission de discipline de la Fecafoot. Chronique d’une leçon de « solidarité » entre un coach et son poulain.

1- Eto’o-Song : la guerre des égos

C’est lundi 30 mai 2011 que les joueurs de l’équipe nationale de football sont arrivés à Yaoundé dans le cadre du stage préparatoire pour le match (fatidique) du 4 juin opposant le Cameroun au Sénégal. Les poulains de Javier Clemente ont aussitôt pris leurs quartiers à l’hôtel Mont Fébé. Tout allait déjà bien jusqu’à ce que Alexandre Song qu’on annonçait blessé, regagne la tanière au soir du lundi. Au huitième étage de l’hôtel, tous les joueurs s’étaient réunis devant la chambre du Dr Aboubakar Sidiki, le « toubib », pour passer la traditionnelle visite médicale. C’est à ce moment que Samuel Eto’o, en provenance d’Italie, a rejoint le groupe. Après des accolades avec Abouna Ndzana, André Ndame Ndame et Devaloix Ngako, le capitaine des Lions se dirige vers un autre groupe de joueurs parmi lesquels Alexandre Song pour leur  serrer la main.

Au moment de le faire avec A. Song, le neveu de l’ancien capitaine des Lions va lui tourner le dos, refusant la main tendue de son coéquipier. Une attitude  qui a provoqué le courroux d’Eto’o qui est allé se plaindre chez Javier Clemente. Le capitaine aurait demandé que les sanctions soient prises à l’encontre d’Alexandre Song qui a osé l’humilier devant ses jeunes coéquipiers. Piqué au vif, il exige que l’encadrement choisisse entre Song et lui.

En attendant, il tempête et menace de quitter le groupe. Mais le staff technique reste sourd face aux complaintes d’Eto’o, qui se voit obligé de se mettre à l’écart. C’est d’ailleurs ce qui explique son absence à la séance d’entraînement de mardi.  Le lendemain matin, 31 mai, alors que les joueurs sont supposés réintégrer l’hôtel pour prendre leur petit déjeuner et poursuivre les entraînements, le capitaine des Lions est porté disparu. Javier Clemente réuni les joueurs pour leur dire qu’il n’a pas de nouvelles d’Eto’o. Un rapport est alors adressé au ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep).

2- Samuel Eto’o, le  « vrai » capitaine à bord

Après une visite éclair au stade Ahmadou Ahidjo, le patron des sports va convoquer une réunion de crise dans son cabinet. Prennent part à ce conclave, le secrétaire général du Minsep, le directeur administratif des équipes nationales de football (Daenf), le directeur du développement du sport de haut niveau, un des vices-présidents de la Fécafoot , et les trois entraîneurs des Lions. Face aux faits, il est demandé à l’entraîneur principal de mettre de côté les deux joueurs pour le match du 4 juin. Le technicien basque et ses adjoints se trouvent sur une corde raide. « Non ! », répond Clemente pour qui cette décision ressemble à un piège. Du côté du ministère, la réunion s’achève sans résolutions.

Mercredi 1er juin 2011. L’entraîneur principal tient une réunion au cours de laquelle il dit à Samuel Eto’o toute sa déception pour l’attitude qu’il a affichée au début du stage. Fidèle à son attitude, le capitaine des Lions n’apprécie guère que Javier Clemente lui fasse des reproches devant les joueurs. La réunion est suspendue à cause des incompréhensions puisque « la tension était si forte que l’on craignait que les deux en viennent aux mains », rapporte une source du staff technique.

Samedi 4 juin 2011. C’est le jour du match. La cuvette de Mfandena a fait le plein d’œuf. Coup de théâtre à la 89ème minute de jeu. Alors que le score entre le Cameroun et le Sénégal est toujours de 0-0, Javier Clemente effectue deux changements, avec les entrées de Bédimo et Chedjou en remplacement de Nguemo et Choupo Moting. Au moment où le quatrième arbitre présente le numéro 13, dossard de l’attaquant germano-camerounais, le public siffle le choix de l’entraîneur. Samuel Eto’o engage un sprint de 25 mètres, s’approche de son coéquipier et l’empêche de rejoindre le banc de touche en l’entraînant au milieu du terrain. Le geste est suffisamment éloquent. Le public comme la presse en fait un large écho. Les interprétations fusent de partout.

3- Clemente – Eto’o : je t’aime, moi non plus !

Lundi 6 juin 2011. Une réunion bilan se tient au cabinet du ministre. Autour de Michel Zoah, tous ses proches collaborateurs, les trois entraîneurs et le secrétaire général de la Fécafoot. Des décisions fortes sont annoncées par le patron des sports qui supporte mal l’ambiance polluée qui règne dans la tanière. Dans la foulée, la succession de Javier Clemente est évoquée. Jeudi 9 juin, du retour de l’Autriche où les Lions ont affronté la Russie dans le cadre d’un match amical soldé sur le score de (0-0), une autre réunion d’évaluation se tient, cette fois, en présence de Javier Clemente. Le discours du technicien n’a pas changé. Pour être suffisamment explicite sur l’ambiance générale au sein de la tanière, Clemente va même remettre à Michel Zoah un rapport. Lequel rapport a été, selon nos sources, transmis au Premier ministre. Qu’est devenu ce document dans lequel le coach basque dit sa part de vérité sur l’encadrement de cette équipe qu’il dirige depuis plus de six mois ? Le mystère reste entier autour de la question.

Lors du passage d’Eto’o et Song devant la commission de discipline de la Fécafoot , l’entraîneur des Lions est joint au téléphone pour donner sa version des faits sur le cas Eto’o. Curieusement, le coach qui supportait mal l’attitude incommode du joueur, prend fait et cause lui. A preuve, Clemente déclare que c’est lui qui a donné la permission à Samuel Eto’o Fils de ne pas s’entraîner le 1er juin. Bien plus, il affirme que le joueur avait raison de s’opposer au remplacement de Choupo Moting. Il est ensuite demandé au sélectionneur d’expliquer le geste de Samuel Eto’o lors du match. Pour protéger son poulain, l’espagnol jette l’anathème sur le quatrième arbitre qui a, selon lui, confondu les dossards qu’on lui a donnés pour effectuer les remplacements.

Si Clemente reconnaît que son adjoint François Omam Biyick avait apprêté Bedimo et Chedjou pour remplacer respectivement Choupo et Nguemo, il déclare cependant qu’il n’a jamais été question de faire sortir les deux joueurs au même moment. « Nous avons demandé d’abord la sortie de Nguemo, malheureusement le quatrième arbitre s’est empressé à faire le contraire. Nous croyons comme Eto’o que Choupo, vu sa grande taille, devait sortir après l’exécution du corner». Des éléments de défense en béton devant lesquels les membres du Conseil de discipline de la Fécafoot n’ont pour seule conclusion que de blanchir Eto’o Samuel. Clemente a comme qui dirait préféré sacrifier Omam à la place d’Eto’o. A quel prix ? On le saura un jour peut-être. Mais il est fort à parier qu’à travers le secours le « sorcier blanc » espère sauver son fauteuil désormais (éjectable) de sélectionneur des Lions indomptables. Les Camerounais ne perdent rien à attendre.

Christian TCHAPMI

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