Ligue pro: Pourquoi les présidents de clubs refusent de démissionner

Ils avaient pourtant un délai de quinze jours, (du 05 au 19 septembre) après leur élection, pour déposer leur lettre de démission. Mais jusqu’à ce jour, personne ne s’est encore prononcé sur la question. A quelques semaines du démarrage de la 1ère édition du championnat professionnel au Cameroun, l’incertitude continue de  planer sur le conseil d’administration.

Pas de quoi être surpris. Puisque le sujet avait déjà provoqué l’ire de quelques «heureux élus » au sortir de la toute première assemblée générale constitutive de la Lfp le 04 septembre dernier à Yaoundé. Sous cape, les présidents de clubs portés à la tête de la dernière née des instances du football camerounais juraient, que pour rien au monde, ils ne démissionneraient de leurs (ex) fonctions, brandissant comme argument que la nouvelle aventure dans laquelle ils ont été embarqués risquerait un jour ou l’autre de les abandonner à mi-chemin. Quatre jours après la date butoir fixée par le président Pierre Semengué, personne n’a bougé le petit doigt. Les vices-présidents que sont : Faustin Domkeu est toujours à la présidence de l’Union de Douala, Henry Njalla Quan dirige toujours Njalla Quan Sport Academy et Soumbi Djaoudé n’est pas prêt de quitter la tête de Santos de Koza. Résistance ou insoumission ?

En plénière, on fait semblant d’emboucher la même trompette que le président de la Lfp, sous anonymat, les langues se délient. La preuve, d’aucuns confient qu’en réalité « les textes ne disent rien du tout sur ce volet. Par conséquent l’action de démission devient pour nous présidents de clubs un acte libre donc non obligatoire ». En outre, comme  renchérit un président de club, « il faut être complètement fou pour abandonner la tête de nos clubs pour laquelle nous avons bataillé dur pour embrasser la Lfp, juste parce qu’il s’agit d’arrimer notre football au professionnalisme. Notre nouvelle fonction nous confère beaucoup de responsabilité certes, mais il ne faudrait pas non plus que l’on fonce droit dans le mur. Si rien n’est sûr à 100%, autant mieux garder jalousement nos fonctions d’antan ». Raisons suffisantes donc pour mésestimer l’ordre du général à la retraite ?

En partie, oui, parce qu’à la vérité ces dirigeants de clubs ont certainement peur que mus par cette frénésie pour un poste à la prestigieuse ligue, ils finissent par tout perdre et de le regretter. Parce qu’à l’observation tout est encore flou au niveau de l’organisation, de la planification et de la gestion de cette nouvelle ligue à problèmes. Même si à la fédération camerounaise de football (Fécafoot) où on n’attend plus que la date de démarrage, on estime qu’il est plus que jamais temps de s’arrimer au professionnalisme.  Comme pour dédouaner le général, certains responsables de l’instance faîtière qui se confient sous anonymat s’accordent à dire que loin d’une injonction ou une volonté de déstabiliser les présidents de clubs, « le général veut simplement, à travers cette décision, amener ses troupes à plus de travail. Que ceux-ci consacrent plus de temps à la mise sur pied et au bon fonctionnement de la Lfp qu’à la gestion quotidienne de leur club dans lequel ils apparaissent souvent comme des personnes encombrantes ».

Budget des clubs

Certes la somme de 50.000 cfa représentant le salaire mensuel minimal récemment imposé par la Fécafoot aux présidents de clubs peut déjà être considérée comme un acquis, mais à dire vrai, on est loin d’être sorti de l’auberge. En fait, certains observateurs restent sceptiques quant à la mise en œuvre effective de cette ligue, rappelant qu’en 2009, plusieurs dirigeants de clubs n’avaient pas pu remplir le cahier de charges imposé par la fédération. Lequel cahier de charges exigeait à l’époque un contrat de travail pour les joueurs et entraîneurs, un salaire mensuel de 150.000 Fcfa pour les entraîneurs de D1, de 50.000 fcfa pour les joueurs de D1 et 30.000 pour ceux de la D2. Aujourd’hui, avec la naissance de la Lfp, on exige entre autres des clubs d’avoir en leur sein des équipes de jeunes et un centre de formation. Des chantiers pratiquement impossibles à réaliser, au regard même de la texture et des budgets de fonctionnement de ces équipes qui tirent pour la plupart le diable par la queue.

Que dire de l’état des aires de jeu sur lesquelles les équipes vont évoluer ? Les quelques stades praticables au Cameroun à ce jour et présentant une image un peu agréable sont Guider et Mbouda, fruits du partenariat entre Mtn et la fécafoot, les stades omnisports de Garoua, Douala et Yaoundé construit depuis des décennies par l’Etat et qui sont dans un état de délabrement inquiétant. La construction de certains stades omnisports relevant du « programme national de développement des infrastructures sportives » (Pndis) à l’instar de Limbé et Bafoussam, étant encore attendue.

Harmonisation des textes

Pis, le partenariat récemment signé entre l’Association des footballeurs camerounais (Afc) à travers son président David Mayebi et la Caisse nationale de Prévoyance sociale (Cnps) pour la sécurité sociale des footballeurs, est loin de satisfaire les attentes de tous. Selon des sources dignes de foi, ce ne sont pas tous les joueurs de la Mtn Elite One et Two qui sont membres à jour de cotisations à l’Afc, et ne sauraient donc bénéficier de ces avantages. Embarqué dans cet imbroglio, on est en droit de se demander d’où viendra l’argent nécessaire pour la gestion du professionnalisme et ses contraintes.

Dans un communiqué rendu public hier mercredi 21 septembre, le président de la Lfp invitait les membres du bureau à prendre part ce jeudi 22 septembre, à une réunion. Entre autres points à l’ordre du jour, a-t-on appris, l’harmonisation des textes de la Lfp avec ceux de la Fécafoot, ainsi que la mise sur pied des différentes commissions devant travailler en vue du démarrage de la prochaine saison sportive. C’est peut-être à l’issue de ces assises que les joueurs, les entraîneurs et même le public seront fixés sur la démission ou non des présidents de clubs cooptés au sein du bureau exécutif de la Lfp. Just wait.

Christian TCHAPMI

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