Vers la disparition du tournoi de football de la CEMAC ?

Antoine Ntsimi

Tout le monde ou presque est unanime à reconnaître qu’en Afrique de l’Ouest c’est véritablement l’union qui fait la force. Car désormais, dans le concert panafricain de football, c’est la région la mieux représentée pendant que l’Afrique centrale est en train de perdre considérablement du terrain.

C’est, apparemment, un mal congénital. Dans le domaine du sport, en Afrique centrale, on éprouve toutes les difficultés du monde à se mettre ensemble pour que chacun des pays puisse en profiter. Voyez-vous, en 1976 à Libreville au Gabon, il a été donné le coup d’envoi des jeux d’Afrique centrale. Mais après la deuxième édition en Angola en 1981 et la troisième en 1987 à Brazzaville, ces jeux ont pris le chemin de l’enfer.

A l’époque, on s’en souvient, il se tenait de façon régulière la conférence des ministres de la jeunesse et des sports qui se chargeait d’élaborer des programmes qui, le plus souvent, restaient sans suite tellement les pays membres optaient pour la politique de la chaise vide. Alors, on a dû se résoudre à réduire le cercle de pays participants. L’Union Douanière et Economique d’Afrique Centrale (UDEAC) a pensé user du football comme d’un instrument pouvant contribuer merveilleusement au rapprochement des peuples de la sous-région. Il a ainsi été institué le tournoi de l’UDEAC dont la première édition a eu lieu en décembre 1984 à Brazzaville. Ce tournoi aura le mérite de faire le tour des capitales des pays membres de l’UDEAC. En 1990 on a repris la ronde toujours par la capitale congolaise. Ce sera, hélas, pour la dernière fois que ce tournoi sera disputé. Qu’est ce qui s’est passé? C’est que la volonté politique s’est émoussée même si bon nombre de pays ont évoqué le gigantisme lié à l’organisation. C’était, semble-t-il, financièrement éprouvant tant pour le pays organisateur que pour les pays participants.

Voilà pourquoi, l’Union douanière et économique d’Afrique centrale a fini, elle aussi, par rendre l’âme. Elle a vu naître sur ses cendres la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC). Là encore, pour permettre aux jeunes de la sous-région de mieux se connaître afin de tisser entre eux de solides liens d’amitié et de fraternité, il a fallu recourir au football. Comme pour le tournoi de l’UDEAC, le tournoi de la CEMAC a fait lui aussi le tour des capitales de la sous-région en commençant par Brazzaville. Et, bizarrement, après la septième édition disputée en 2010 à Brazzaville, il n’y a plus rien. C’est le Gabon qui devait prendre le relais en 2011. Mais celui-ci a été accaparé par l’organisation de la CAN 2012 tout comme la Guinée-Equatoriale.

Les dirigeants de la CEMAC n’ont pas cru devoir asseoir une nouvelle organisation en fonction de cette donnée. C’est un peu comme s’il n’était pas possible de faire autrement. Et voilà que, subitement, des rumeurs de toutes sortes circulent sur le sujet. Néanmoins, on sait que le Camerounais Antoine Ntsimi, président de la Commission Cémac, est en ce moment en conflit avec les autorités centrafricaines. Il a été déclaré persona non grata à Bangui qui abrite le siège de la Cémac. Il paraît même que le président de la commission Cémac court le risque d’être traduit en justice. Il s’agirait d’une affaire de facture de vingt mille euros, environ treize millions de francs Cfa, qui ferait suite à une réception offerte dans un restaurant parisien en l’honneur du directeur général de l’Agence Française de Développement. Ce dernier, qui ne reconnaît pas les faits, aurait décidé de porter plainte. Comme on le voit, la Cémac traverse en ce moment une terrible zone de turbulence.

Visiblement, le tournoi de la CEMAC risque de connaître le même destin que le tournoi de l’UDEAC.

Il est seulement dommage que les autorités politiques et sportives de la sous-région ne sachent pas lire les signes des temps. La CEDEAO, en la matière, fournit pourtant un excellent exemple à suivre. Dernièrement, au Gabon et en Guinée Equatoriale, il y avait le Niger, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana, le Mali et la Guinée soit 37,5% des pays participants à la can 2012. L’Afrique centrale, elle n’était représentée qu’à hauteur de 12,5% et, en plus, par des pays qui ne sont pas passés par les qualifications.

Le Cameroun et la RDC, qui ont pour habitude de sauver la face, ont tout logiquement été laissés sur le carreau. On aurait dû, on aurait pu tirer les leçons de ce drame. Déjà, à la septième édition du tournoi de la CEMAC disputée à Brazzaville, il avait été fait appel à un spécialiste dont la mission consistait à faire connaître le tournoi de la CEMAC et à lui trouver des sponsors. Des réunions tenues avec celui-ci, il ressortait qu’il fallait, dans un premier temps, offrir gratuitement la diffusion du tournoi par des chaînes comme TV5, Canal+, France 2 et consort. La qualité du spectacle devait se charger du reste.

Déjà Radio France Internationale était là alors que CFI se chargeait de diffuser de larges extraits. Mais, brusquement, tout s’est arrêté. Plus personne n’en parle, plus personne ne s’en préoccupe. Au-delà du rapprochement des peuples, ce tournoi avait aussi sportivement l’avantage d’affûter chaque année les footballeurs de la sous-région. Ceux-ci devaient nécessairement progresser pour tirer l’ensemble du football vers le haut. Si les “Fauves “ du Bas-oubangui de la RCA ont fait bonne impression aux éliminatoires de la CAN 2012, c’est parce qu’ils restaient sur la lancée de leur victoire au sixième tournoi de la CEMAC en 2009 à Bangui. Des lauriers commençaient donc à être cueillis et voilà que …

Georges Engouma

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